En politique, le populisme a le vent en poupe. Cette approche tend à opposer le peuple aux élites, et son plus emblématique et improbable représentant fut élu Président des États-Unis. Donald Trump, héritier d’une fortune familiale et archétype de l’élite, a pourtant réussi à se faire élire sur un discours opposant l’Amérique profonde aux élites de Washington. Ses partisans, ne supportant pas la défaite lors du dernier suffrage, ont pris d’assaut le Capitole. Au Brésil, les soutiens de Jair Bolsonaro, l’alter ego sud-américain de Donald Trump, ont également attaqué le Congrès.
Qu’est réellement aujourd’hui le populisme ? Comment a-t-il évolué ? Faut-il voir dans son essor le symptôme de systèmes démocratiques malades, incapables d’atténuer les inégalités sociales ?
Par Khristina chevalier
Le Populisme
Le populisme renvoie à l’origine à un mouvement politico-social russe de la seconde moitié du XIXe siècle, qui s’était donné pour objectif de soulever la paysannerie contre le pouvoir tsariste. Aujourd’hui, le populiste est celui « qui flatte les masses dans ses aspirations les moins louables ». Les crises multiples que traversent nos démocraties libérales « réactivent un spectre qu’on a cru disparu avec les idéologies du XXe siècle ». Dans ce petit ouvrage, Pascal Perrineau essaie de circonscrire ce concept flou, et fait le point sur les études les plus récentes. Il montre quelles sont les formes nouvelles du populisme à l’heure des réseaux sociaux et des fake news.
Par Pascal Perrineau – Que sais-je ? – 128 p. – 9 €
Le Siècle du populisme — Histoire, théorie, critique
Professeur au Collège de France, Pierre Rosanvallon est l’auteur de nombreux écrits qui occupent une place majeure dans la théorie politique contemporaine et la réflexion sur la démocratie. Dans cet ouvrage, il cherche à comprendre ce qu’est le populisme. Il en présente une théorie documentée, en retrace l’histoire au sein de la modernité démocratique et développe une critique approfondie et argumentée. Pierre Rosanvallon dessine ainsi les grandes lignes de ce que pourrait être une alternative mobilisatrice au populisme.
Par Pierre Rosanvallon – Points (Essais) – 320 p. – 8,80 €
Le Populisme de gauche — Sociologie de La France insoumise
Le 23 avril 2017, Jean-Luc Mélenchon rassemblait 19,58 % des voix lors du scrutin présidentiel, réalisant le meilleur score d’un candidat situé à la gauche du PS depuis 1969. L’auteur s’est immergé trois ans durant au sein de ce parti et en aborde ici toutes les facettes.
Au fil de l’enquête, on comprend que, loin de constituer une exception, La France insoumise s’inscrit dans une dynamique internationale qui, après la crise de 2008, a vu émerger le populisme de gauche. À l’instar de Bernie Sanders, Jeremy Corbyn, Pablo Iglesias ou Alexis Tsipras, Jean-Luc Mélenchon a redéfini les règles du jeu politique, obligeant la gauche à se défaire de ses vieux réflexes. Manuel Cervera-Marzal propose une définition innovante du populisme de gauche et donne des clés pour comprendre les enjeux politiques contemporains.
Par Manuel Cervera-Marzal – La Découverte – 392 p. – 22 €
Entre peuple et élite, le populisme de droite
Longtemps associé à un phénomène en marge de la politique européenne, et à l’instabilité de certains régimes présidentiels en Amérique latine, le populisme est maintenant indissociable de l’actualité politique un peu partout : le Brexit, l’élection de Donald Trump à la présidence américaine en 2016, celle de Jair Bolsonaro au Brésil en 2018 ou de Viktor Orban en Hongrie en 2014 et 2018, en sont des exemples. Cette idéologie semble mettre en scène une opposition d’ordre moral entre « le peuple » et « l’élite » et dévalorise, à gauche comme à droite, l’expertise au profit de la revendication d’un accès spontané à une « vérité » fortement inspirée par les émotions, l’intuition et le ressenti.
Par Frédérick-Guillaume Dufour – Les Presses de l’université de Montréal – 64 p. – 11 €
Les Émotions contre la démocratie
Dans son dernier ouvrage, la sociologue franco-israélienne Eva Illouz enquête sur les leviers émotionnels du populisme. Elle essaie de résoudre une énigme : comment des gouvernements qui n’ont aucun scrupule à aggraver les inégalités sociales peuvent-ils jouir du soutien de ceux que leur politique affecte le plus ? Pour comprendre ce phénomène, elle affirme qu’il faut s’intéresser aux émotions. Elle en a ainsi isolé quatre, qui soutiennent les grands récits populistes : la peur, le dégoût, le ressentiment et l’amour de la patrie. Quatre émotions que les mouvements populistes s’emploient partout à attiser afin de mieux les instrumentaliser.
Par Eva Illouz – Premier Parallèle – 330 p. – 22,90 €
Le Grand Enfumage — Populisme et immigration dans sept pays européens
Le vote populiste prolifère-t-il là où se concentrent les immigrés ? Les différents partis d’extrême droite en Europe traitent-ils l’immigration de la même manière ? Hervé Le Bras répond à ces questions dans cet ouvrage, à l’aide d’une analyse fouillée concernant sept pays (Allemagne, Autriche, Espagne, France, Italie, Royaume-Uni et Suisse). Il y décrypte les mutations d’une ligne idéologique inquiétante. Après s’être dégagés des groupuscules nostalgiques du nazisme, du franquisme ou du fascisme, puis avoir tenté de présenter une façade respectable, les partis populistes de ces pays évoluent vers une vision identitaire, dramatisée en France par la notion de « grand remplacement ». Une lecture nécessaire au moment où les thématiques de l’extrême droite ne cessent de gagner du terrain en Europe.
Par Hervé Le Bras – L’Aube (Mikrós Essais) – 176 p. – 13,90 €