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Le retour du sionisme

Le conflit Israël-Hamas ? Un récit terrifiant dont chaque acte génère une réaction viscérale aux quatre coins du monde. Dans cette défaite de l’humanité, énième épisode d’un antagonisme qui dure depuis 75 ans — mais dont les racines plongent bien plus loin dans l’Histoire —, seule surnage la résilience d’Israël et du peuple juif. État d’esprit.

Par Dimitri Friedman

« Le 7 octobre 2023, nous nous sommes tous réveillés dans un état de choc total en plein shabbat et début de fête de Sim’hat Torah », dit ce kibboutznik de Beït-Alfa, dans la région nord du lac de Tibériade. « Pour la première fois de son existence depuis Kippour 1973, Erets Israël a été envahie. La guerre s’est déroulée sur son territoire. » À ce choc de la fin de l’inviolabilité des frontières s’est ajouté, une fois le bilan de ce premier assaut passé, l’horrible réalité des massacres perpétrés par le Hamas. « Ce n’étaient pas uniquement nos frontières physiques qui étaient attaquées, c’étaient nos frontières mentales. Nous sommes redevenus des Juifs diasporiques, ce que nous avions fini par oublier. Et malgré nos différences religieuses, sociales, politiques et même ethniques, on s’est tous retrouvés dans le même bateau. »

Pour cette autre habitante, franco-israélienne, entrepreneuse à Tel-Aviv et qui était en France au moment de l’attaque, « le monde ne peut pas comprendre ce que nous avons ressenti. Tout à coup, ce que nous croyions appartenir au passé, la négation de notre humanité, la désacralisation de nos corps, toutes ces images de la Shoah et des pogromes qui jaunissent dans les livres d’Histoire, étaient redevenues réalité. » Réveillée à cinq heures et demie du matin ce jour-là par des alertes sur son téléphone portable, elle raconte la montée de la peur : « Les gens piégés dans les kibboutz appelaient, voix brisée et chuchotant, en direct, leurs proches ou les journalistes pour leur dire que les terroristes entraient dans leurs maisons, tiraient sur tout le monde et mettaient le feu. Tout ça, c’était retransmis sur toutes les ondes. Il nous a fallu un certain temps pour comprendre que ce n’était pas une incursion de trois ou quatre commandos… À partir de là, nous sommes restés pendant des semaines, rivés devant les chaînes de télé. C’était un besoin viscéral d’entendre les récits des survivants, qui parlaient de leurs morts. Des récits personnels qui redonnaient vie aux victimes anonymes. »

La plupart des Israéliens et des Juifs de la Diaspora se demandèrent alors comment tout cela avait été possible. Quelles étaient les failles du renseignement militaire et de la chaîne de commandement ? De quelle supériorité idéologique et technologique les dirigeants du pays se prévalaient-ils pour sous-estimer ainsi un adversaire qui planifiait depuis de nombreuses années ces massacres terroristes, au vu et au su de tout le monde ? Maintenant encore, et tant que la guerre n’est pas finie, tant que des commissions d’enquête ne sont pas diligentées pour analyser ces défaillances et permettre de réclamer des comptes à l’ensemble des échelons militaires et politiques, tant que les otages ne sont pas revenus, cette question sur ce que le Président Macron a appelé lors de l’émouvant hommage, dans la cour des Invalides, aux 42 morts franco-israéliens, « le plus grand massacre antisémite de notre siècle », reste sans réponse.

Le peuple d’Israël vit

Plus de quatre mois après les faits, qui ont entraîné la mort de 1 160 personnes — abattues à bout portant, brûlées vives, mutilées, décapitées, violées, enfants et adultes ensemble, parfois tués sous les yeux de leur famille —, la prise en otage de 240 autres — dont un bébé d’un an — et plus de 200 000 réfugiés à l’intérieur du pays, il est évident que ce massacre interroge sur la possibilité d’une solution à deux États, mantra sans cesse répété par la communauté internationale, démocraties et dictatures confondues, organisations internationales, agences, ONG et médias étant à l’unisson.

Mais l’autre interrogation de poids concerne la situation intérieure israélienne avant le 7 octobre. De nombreuses voix s’étaient élevées tout au long de l’été pour dire que la fracture entre partisans et adversaires de la réforme judiciaire était porteuse d’une menace extérieure existentielle. Les ennemis d’Israël, proxys de l’Iran, ne se privaient d’ailleurs pas de déclarer que c’était la fin du régime sioniste. Durant toute l’année 2023, avant ce pogrome moyenâgeux, on avait assisté à des manifestations gigantesques contre l’affaiblissement du rôle de la Cour suprême orchestré par le Gouvernement Netanyahou, prisonnier d’une coalition qui fait la part belle à l’extrême droite.

Netanyahou semblait avoir un boulevard devant lui pour imposer son régime populiste, se maintenir au pouvoir et échapper à la justice dans les diverses affaires de corruption qui le visent. C’était compter sans l’attachement des Israéliens à leur démocratie unique au monde. D’une certaine manière, on pensait que la gauche avait été laminée lors des élections législatives du 1er novembre 2022. Le parti travailliste israélien, celui de Yitzhak Rabin, Shimon Peres et des accords d’Oslo, ne récoltait plus que 4 sièges sur les 120 que compte la Knesset ! Autant dire qu’il était anéanti. Et pourtant cette gauche, orpheline d’un leadership, arrivait à jeter des centaines de milliers d’Israéliens dans les rues. Résultat, le pays vivait dans un affrontement permanent, porteur de ferments de troubles qui génèrent souvent une guerre civile. Les ennemis d’Israël, Khamenei, Sinwar et Haniyeh, Nasrallah, s’en félicitaient, pensant que « l’entité sioniste » allait tomber comme un fruit mûr. « Israël est aussi fragile qu’une toile d’araignée, avait d’ailleurs déclaré en 2006 le chef du Hezbollah. Il suffira de la déchirer d’un coup de patte et ce régime s’effondrera. »

Le coup de patte vint le 7 octobre. Mais l’effet escompté par les ennemis du peuple juif — un soulèvement général des Palestiniens de Cisjordanie et l’intervention massive du groupe terroriste Hezbollah — n’eut pas l’intensité qu’espérait le Hamas. Certes, le Hezbollah bombarde le nord d’Israël, et les réfugiés affluent vers le centre du pays, mais l’horreur indicible des actes du Hamas révolte les consciences occidentales, qui soutiennent aux trois quarts le droit d’Israël à se défendre ; et resserre les liens entre les Israéliens et la Diaspora.

Il faut regarder l’histoire et la sociologie des collectivités et des localités frappées ce jour funeste pour prendre la mesure du revirement patriotique des Israéliens, au-delà de leur obédience politique d’avant le 7 octobre — « Am Israël Haï » : vivant « comme un seul homme », disait le talmudiste français Rachi au XIe siècle dans son commentaire sur l’Exode. Sdérot, ville frontière, ville de développement qui abrite des nouveaux immigrants (Falashas [Éthiopiens de religion israélite], Juifs des pays de l’ex-URSS), plus pauvre que les villes du centre du pays mais dont le maire Alon Davidi est un religieux de la droite d’opposition ; et les kibboutz laïcs de Beeri, Nir Oz, Kfar Aza, issus de l’utopie sioniste, collectiviste, socialiste de la fin du XIXe siècle : toutes les composantes politiques de ces villes unies dans la détresse. Dans le kibboutz de Beeri, 100 corps ont été retrouvés sans vie. Ceux qui, avant le massacre, accueillaient les ouvriers agricoles palestiniens, accompagnaient leurs femmes et leurs enfants pour qu’ils se fassent soigner dans les hôpitaux israéliens, et qui croyaient en la paix, les partisans du mouvement Shalom Akhshav (« la paix maintenant »), avaient été éliminés de la même manière que des communautés juives entières d’Europe de l’Est furent rayées de la carte par les nazis. Quel retournement macabre de l’Histoire !

Un tsunami antisémite mondial

« Même la gauche n’a plus aucune confiance en la possibilité d’accords de paix et en l’avènement d’un État palestinien démilitarisé », constate cette autre habitante de Tel-Aviv, militante du parti d’extrême gauche Meretz, avant d’ajouter : « les Occidentaux, dans leur hâte à vouloir imposer un cessez-le-feu, sont en complète contradiction avec les aspirations actuelles de notre peuple. La solution à deux États est morte le 7 octobre. » L’autre composante du pays fauchée par la barbarie, celle des participants à la rave-party Tribe of Nova, celle des enfants hédonistes avides de vivre, celle de la start-up nation, des grandes villes comme Tel-Aviv (surnommée « The Bubble » à cause de sa rage de vivre), celle des universités, celle-là même qui se méfiait de la politique et avait adhéré à la nouvelle religion universelle 2.0… ce sel de la terre d’Israël, n’a plus foi en la paix. Et pour cause : on a dénombré 2 000 blessés et 260 vies fauchées dans la fleur de l’âge à ce festival ! Tous ces évènements ont donné lieu à un sursaut patriotique jamais vu dans l’Histoire : la moitié de la population s’est portée volontaire pour le service civil. Le Président Herzog déclara à ce sujet le 1er novembre : « Je salue le courage inébranlable d’Israël dont l’esprit, qui s’est levé comme une tempête des cendres et de la destruction, souffle de toutes ses forces. »

Ce traumatisme a entraîné une vague de solidarité de la part des communautés juives partout dans le monde. Des médecins et chirurgiens sont venus de France ou des États-Unis pour soigner les blessés, des jeunes se sont enrôlés dans des associations pour travailler aux champs délaissés des kibboutz meurtris, l’argent a afflué pour aider l’État d’Israël à basculer dans une économie de guerre. Des fonds ont été levés pour aider les 350 000 soldats qui venaient d’être mobilisés à s’équiper en matériel. De leur côté, les Israéliens, particuliers ou restaurants, ont mis en place un réseau pour alimenter les soldats qui étaient au front. Tous ces efforts visaient à suppléer Tsahal qui n’était pas prête pour une mobilisation de cette ampleur. Dans la Diaspora, des manifestations monstres furent organisées en faveur d’Israël : 290 000 personnes le 14 novembre à Washington, record absolu pour une manifestation de ce type dans le pays ! Parallèlement à cette solidarité issue du peuple juif, l’ONU et l’Occident faisaient preuve d’une « compréhension » relative, plus ou moins grande selon les pays, leur histoire, leurs intérêts.

Mais le droit à l’autodéfense du peuple juif et d’Israël se heurte à de vieux réflexes antisémites : procès intenté par l’Afrique du Sud contre Israël devant la Cour internationale de justice à La Haye, déclarations cyniques de dirigeants de mouvements de gauche comme LFI en France par clientélisme électoraliste et aussi par vieux fond idéologique. Pour mémoire, reconnaissance, par Jean-Luc Mélenchon et consorts, du Hamas comme mouvement de résistance — une attitude détestable qui va jusqu’au négationnisme bien que tous ces actes, tous ces évènements aient été documentés à la fois par les terroristes et par les autorités israéliennes. La palme revenant aux organisations « féministes » qui, au début, refusaient de condamner les viols commis par le Hamas, prétendument en l’absence de preuves probantes ! Et à la clé, une augmentation vertigineuse des actes antisémites : +242 % en Allemagne, +400 % aux USA, +1 000 % en France, dans la semaine qui suivit le 7 octobre. Ce « grand basculement », selon le philosophe Michel Onfray, interroge aussi l’état du monde. Israël est devenu le « Juif des nations ».

Israël ne sera plus jamais comme avant

On pourrait penser que, une fois cette guerre terminée, les choses redeviendront comme avant. Une guerre de plus… Israël, depuis sa création, en a connu beaucoup. Guerre d’indépendance (1948-1949), guerre de Suez (1956-1957), guerre des Six-Jours (juin 1967), Guerre d’usure (1967-1970), guerre de Kippour (octobre 1973), première guerre du Liban (1982), première Intifada (1987-1993), seconde Intifada (2000-2005), deuxième guerre du Liban (2006), et pas moins de quatre guerres à Gaza (2008, 2012, 2014, 2021). Autant dire que le pays a toujours été en guerre contre ses voisins (moins de dix ans entre deux affrontements). Sans parler des attentats et de la menace nucléaire iranienne. Israël a au-dessus de lui en permanence une épée de Damoclès existentielle, plus qu’aucun autre pays au monde. Il suffit de lire la littérature du Hamas et les manuels scolaires de l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) pour s’en convaincre. «  La mort au nom d’Allah est notre vœu le plus cher », dit la charte du Hamas, qui précise (article 7) que « l’heure ne viendra pas avant que les musulmans ne combattent les juifs [et les tuent]. »

Mais cette fois-ci la prise de conscience post-traumatique des Israéliens balaie les idées qu’ils se faisaient de leur place dans le monde et de leur avenir dans la société des nations. Rien ne sera plus comme avant, pensent la plupart d’entre eux. « Il faut refonder Israël », dit par exemple Matan Yaffe, réserviste et cofondateur d’une organisation (Tikkun 2024) qui veut réparer et dépasser les dégâts causés dans la société par les anciens antagonismes. À leur instar, une nouvelle génération s’est forgée dans le sacrifice et la fraternité des armes. Ces femmes et ces hommes viennent de tous les horizons de la société. Les demandes d’ouverture de dossiers à l’Agence juive pour l’Alyah se multiplient (+430 % rien qu’en France). Le sionisme, qui avait été mis entre parenthèses en raison de la relative accalmie avant le 7 octobre, est de retour. Il y a 57 pays musulmans dans la région, mais il n’y a qu’un seul État juif.

Crédit photo : © AFP - AMIR LEVY

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