Par Clément Airault
En France, tant d’un point de vue politique que géographique, la région est l’un des territoires qui ont le plus évolué depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si l’Île-de-France, région capitale, conserve encore suprématies économique, démographique et politique, les multiples réformes territoriales engagées sous la Ve République, par des gouvernements de gauche comme de droite, ont permis d’infléchir les inégalités interrégionales. Les régions de l’ouest et du sud-ouest ont pu, grâce à leur dynamisme, rattraper une partie de leur retard sur celles du nord et de l’est. Et depuis la loi NOTRe de 2015, qui a redécoupé les 22 régions métropolitaines pour les remplacer par 13 grandes nouvelles entités, ces dernières sont chaque année un peu plus maîtresses de leur devenir.
Si le poids de la dépense publique locale en France (17,9 % du PIB) demeure en retrait par rapport aux autres pays de l’Union européenne, les régions (en tant que collectivités territoriales) sont autonomes financièrement. Cette autonomie, qui leur confère des compétences importantes, leur permet de suivre des trajectoires spécifiques. Certains territoires misent sur la fabrication de batteries, quand d’autres se concentrent sur l’hydrogène ou l’aéronautique.
Certes, des disparités persistent — à titre d’exemple, le Centre-Val de Loire possède un PIB dix fois inférieur à celui de l’Île-de-France voisine — et la plupart des régions sont confrontées à des difficultés de financement. Ne maîtrisant qu’une faible part des revenus fiscaux dont elles bénéficient, et étant trop dépendantes des dotations de l’État, beaucoup voient leur situation se dégrader. Un nouveau chapitre pourrait s’ouvrir pour elles, avec plus de décentralisation, comme semble le souhaiter Emmanuel Macron. Les territoires, qui rêvent d’une véritable autonomie fiscale, attendent toujours des clarifications de la part du Chef de l’État.