Le 24 mars 2024 a consacré un tournant démocratique historique au Sénégal avec l’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye, âgé de seulement 44 ans, comme 5e Président de la République.
Par Mouhamed Oumy
Cofondateur du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et le fraternité (Pastef), dont il a été le Secrétaire général, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a été élu au premier tour à la magistrature suprême, avec 54,28 % des suffrages exprimés. Une victoire nette et précise, sans aucune irrégularité de nature à altérer la nature du vote, face à dix-huit candidats — dont celui de la majorité présidentielle, en l’occurrence Amadou Ba, qui n’a récolté que 35,79 % des voix. Cette élection marque également l’attachement indéfectible à la stabilité sociopolitique du Sénégal du Président Macky Sall, qui a renoncé à un troisième mandat juridiquement acceptable, lequel aurait cependant pu semer les germes d’un chaos indescriptible.
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De la prison à la présidence de la République
Dix jours de campagne ont suffi au candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour se rendre compte de la très forte attraction du parti Pastef auprès des populations sénégalaises. Élargi de prison le 15 mars 2024, à la faveur du vote de la loi d’amnistie voulue par le Président Macky Sall, le candidat victorieux a bénéficié du soutien actif d’Ousmane Sonko, qui s’est pleinement investi pour son élection.
La double libération d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Diakhar Faye a eu le mérite de bouleverser les statistiques électorales en termes d’intentions de vote. En lieu et place d’une campagne fast tract, les deux hommes ont fait le choix d’une double campagne pour massifier leur visibilité sur le territoire et amplifier leur discours antisystème — noyant au passage la parole du candidat Amadou Ba, obligé d’apporter la réplique au duo de Pastef qui cristallisait l’attention de la jeunesse sénégalaise.
Une nouvelle étape démocratique
L’élection de Bassirou Diomaye Diakhar Faye à la présidence de la République du Sénégal marque une étape démocratique importante dans l’histoire politique du pays. Si la renonciation de Macky Sall à un troisième mandat a conforté le leadership démocratique du Sénégal, la décision du Chef de l’État, prise le 3 février 2024 à la veille de l’ouverture de la campagne électorale, d’abroger le décret portant convocation du collège électoral, a failli replonger le pays dans des violences urbaines apocalyptiques. Malgré les termes du Dialogue national convoqué par le Président pour définir de nouvelles échéances électorales, le Conseil constitutionnel a joué la carte de l’orthodoxie institutionnelle en rejetant les conclusions obtenues. Il a exigé de Macky Sall l’organisation de l’élection dans les plus brefs délais. Cette demande a été acceptée par le Chef de l’État, réconciliant de facto le peuple avec la haute juridiction constitutionnelle, soupçonnée des années durant de collusion avec la magistrature suprême.
Le Sénégal, une nation prospère sous Macky Sall
Ce 2 avril 2024, le Président Macky Sall lègue à son successeur Bassirou Diomaye Diakhar Faye une nation riche et prospère, résolument engagée sur la voie de l’émergence malgré les contraintes post-Covid et l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les économies africaines.
Au-delà d’une manne budgétaire qui devrait atteindre 7 000 milliards de francs CFA (10,687 milliards d’euros) en 2024, qu’il laisse à son successeur, le Président Macky Sall restera dans les mémoires comme le bâtisseur du rêve des pères fondateurs de la nation sénégalaise. Son bilan s’établit à la fois dans les secteurs infrastructurel (routes, autoroutes, ponts, aéroports, ports), industriel (Pôle industriel de Diamniadio, zones économiques spéciales, agropoles), sanitaire (construction d’hôpitaux de niveau 3, gratuité des soins de santé primaire, couverture maladie universelle), social (bourses de sécurité sociale, carte d’égalité des chances, logements sociaux), éducatif (construction de collèges, lycées, universités et résidences, généralisation de la bourse), agricole (stratégie de souveraineté alimentaire, financement annuel de 100 milliards de francs CFA de la campagne), sportif (Stade Président-Abdoulaye-Wade, stades régionaux et municipaux, performance des équipes nationales), et dans le domaine des transports (Train express régional, Bus Rapid Transit, acquisition d’Airbus pour la compagnie Air Sénégal).
Sur un autre registre, la ville nouvelle de Diamniadio est l’illustration la plus parfaite de la vision du Président Macky Sall d’une nation prospère et développée (Centre international de conférences Abdou-Diouf [Cicad], sphères ministérielles, logements de différents standings, Maison des Nations unies, hôtels 5 étoiles, supercalculateur numérique, université, marché d’intérêt national, gare des gros porteurs, services de technologie de pointe, grandes entreprises et unités industrielles, entre autres).
L’autre déclinaison de ce bilan élogieux du Président Macky Sall réside dans la revalorisation du traitement salarial de toutes les catégories socioprofessionnelles, la mise en œuvre de programmes d’urgence pour créer les conditions d’équité territoriale (Programme d’urgence de développement communautaire, programmes de modernisation des villes et des axes frontaliers), d’inclusion financière et de bien-être social. Ces acquis portent l’empreinte d’une embellie économique sans précédent, découlant de la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (PSE) et de la confiance des partenaires techniques et financiers (le montant des investissements directs étrangers est révélateur de la qualité de la signature du pays).
La nouvelle économie pétrogazière devrait être profitable aux autorités de la République, avec de réelles perspectives de transformation structurelle de l’économie, de renouveau industriel, de révolution agricole et d’épanouissement collectif des Sénégalais, grâce au partage des fruits d’une prospérité retrouvée.
Macky Sall, un leadership diplomatique incontestable
La présidence de l’Union africaine assurée en 2022 par le Président Macky Sall a définitivement consacré le leadership diplomatique et le repositionnement géostratégique du Sénégal sur l’échiquier mondial. Auditeur avisé du G7 et du G20, le Chef de l’État sénégalais s’est construit une renommée de classe mondiale, confortant ainsi l’héritage des pères fondateurs. Panafricaniste convaincu, il a su consolider les organisations sous-régionales (Cedeao, UEMOA), régionales (Union africaine), et plaider pour faire entendre la voix de l’Afrique au sein des instances dirigeantes de la gouvernance (G7, G20, Nations unies, BRICS, FMI, Banque mondiale).
Grâce à son niveau d’investissement diplomatique exceptionnel, le Président Macky Sall a imprimé de nouvelles dynamiques partenariales qui ont permis au continent africain de migrer au cœur de la gouvernance mondiale, grâce à la densité de son discours, la force de son engagement et la pertinence de ses propositions pour une Afrique de solutions.
Cet engagement au service du continent lui a valu d’être désigné envoyé spécial du Pacte de Paris pour les peuples et la planète (4P) par le Président français Emmanuel Macron. Une mission qui est l’emblème d’un nouveau sacerdoce au service exclusif de l’humanité.
Les chantiers du Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye
Auréolé du prestige de la République, le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye a décliné sa feuille de route à l’occasion de sa cérémonie d’investiture au Cicad de Diamniadio. Il a rappelé son ambition de bâtir un Sénégal juste et prospère dans une Afrique en progrès. La préservation de la paix et de la cohésion nationale sera au cœur de sa gouvernance, au même titre que la stabilité du pays. Dans cette perspective, il compte mobiliser les Sénégalais autour d’un projet national fédérateur pour créer les conditions d’un futur serein. Au-delà du don de soi, le Président de la République appelle ses concitoyens à la promotion de l’éthique, du culte du travail, de la discipline, de l’amour de la patrie, afin de placer le pays résolument sur la voie du progrès économique et social. À cet effet, Bassirou Diomaye Diakhar Faye veut faire du Sénégal un pays d’espérance, un pays apaisé, avec une justice indépendante et une démocratie renforcée : « Telle est ma promesse […] devant Dieu », a-t-il proclamé.
Sur le plan africain, les défis listés par le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye tournent essentiellement autour de la sécurité, de la solidarité, sans compter plus de souveraineté, ce qui constitue une aspiration commune. À ce titre, il compte engager le Sénégal dans le renforcement des efforts de paix, de sécurité, de stabilité et d’intégration africaine. Si, par rapport aux partenaires techniques et financiers, l’engagement et l’ouverture restent les principaux credo, il n’a pas manqué de souligner aussi l’importance du respect de la souveraineté des pays et des aspirations des peuples dans le cadre de partenariats mutuellement gagnants.
Amadou Ba, le dauphin déchu
Choisi par le Président Macky Sall pour être le candidat de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, Amadou Ba n’a pas réussi à relever le défi de la conservation du pouvoir et à succéder au Président Macky Sall. Il n’a pu obtenir que 1 605 086 suffrages (contre 2 434 751 pour Bassirou Diomaye Diakhar Faye). Les Sénégalais ont fait le choix de la rupture dans la chaîne de transmission du pouvoir en consacrant la jeunesse à la magistrature suprême. Héritier d’un bilan prestigieux pour avoir été l’artisan de la mise en œuvre du PSE, Amadou Ba n’a cependant pu convaincre que 35,79 % de l’électorat. Une contre-performance qui a été profitable au « plan B » du parti Pastef, après la déchéance de son président Ousmane Sonko par une condamnation judiciaire. Le programme politique d’Amadou Ba, dénommé « Prospérité partagée », n’a pas résisté au « Projet » du parti Pastef. Le peuple sénégalais a fait le choix de la rupture, au détriment de la continuité incarnée par Amadou Ba. Ce dernier devient, de fait, le chef de l’opposition au régime nouvellement élu.