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Changement climatique : quel modèle économique pour la montagne ?

Les territoires de montagne sont les premiers touchés par les effets du changement climatique. À l’impact environnemental s’ajoutent des conséquences économiques. En France, c’est tout un modèle de développement qu’il convient de revoir.

Par Clément Airault

La montagne française est une terre de terroirs et de traditions. Les espaces agricoles représentent 38 % de la surface des montagnes, selon l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Et depuis des siècles, l’agriculture et le pastoralisme jouent un rôle majeur dans « la conservation du paysage, de la culture locale et du patrimoine ». Selon les chiffres officiels, on compte dans les territoires de montagne 60 000 exploitations agricoles, dont 18 % des élevages du pays. Naturellement, l’industrie agroalimentaire y occupe une place importante. Les entreprises du secteur œuvrent principalement dans la transformation de la viande, et surtout la fabrication de produits laitiers. L’Auvergne-Rhône-Alpes, première région montagneuse de France, regroupe la moitié des appellations fromagères hexagonales. L’industrie laitière est très présente dans le Cantal, en Haute-Savoie, et dans le Jura (situé en partie dans la région) qui produit le comté, premier fromage AOP de France en volume fabriqué.

Des territoires sensibles

Selon Météo France, « les montagnes se réchauffent deux fois plus vite que les autres écosystèmes : dans les Alpes et les Pyrénées françaises, la température a augmenté de plus 2 degrés au cours du XXe siècle, contre 1,4 degré dans le reste de la France ». En été, les régions de montagne sont soumises à des canicules de plus en plus dramatiques et les températures record provoquent parfois de très importants éboulements, comme ce fut le cas le 27 août 2023 sur la commune de Saint-André, en Savoie. L’effondrement d’un pan entier de montagne a alors entraîné la coupure de la circulation sur l’A43, ainsi que l’arrêt du trafic SNCF entre la France et l’Italie.

Du côté de l’agriculture, l’augmentation des sécheresses a un impact majeur sur la production laitière. Selon une étude réalisée en 2021 dans le Vercors par le Lessem (Laboratoire écosystèmes et sociétés en montagne) de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), le manque de pluie en saison estivale ne cesse de s’accroître depuis une dizaine d’années. Les stocks de fourrage pour l’alimentation hivernale dépendent des prairies temporaires. La préservation de l’autonomie fourragère est donc un enjeu majeur pour l’agriculture montagnarde, face aux changements climatiques.

Les vallées montagnardes constituent également d’importants bassins industriels. En Haute-Savoie, les entreprises de fabrication de pièces métalliques ont prospéré. Le décolletage et la mécatronique représentent, aujourd’hui encore, une industrie emblématique de la Haute-Savoie, avec plus de 400 établissements. La vallée de l’Arve, véritable pôle mondial du domaine, concentre ainsi près des deux tiers des entreprises et des effectifs nationaux. Le Jura, notamment avec la ville de Morez, est le berceau de la lunetterie, une industrie qui a décliné avant de retrouver progressivement une vitalité, en se concentrant sur la lunetterie de luxe.

Ces zones industrielles ont pu se développer dès le XIXe siècle, en grande partie grâce à l’énergie hydroélectrique. Par exemple, les Alpes ont longtemps été considérées comme le « château d’eau » de la France. Mais ces dernières années, sous le fait de sécheresses, le débit des torrents et rivières de montagne n’a cessé de baisser. En 2022, la production hydroélectrique a atteint son plus bas niveau depuis 1976 selon le gestionnaire du Réseau de transport d’électricité français (RTE). « L’hydraulique est une énergie très dépendante de la reconstitution du manteau neigeux dans les montagnes, de la fonte des glaces ou encore du niveau des cours d’eau », expliquait en février 2023 Nicolas Goldberg, senior manager énergie pour le cabinet de conseil Colombus Consulting, sur France 24. Une période de sécheresse ou une absence de neige ne permet pas de charger les barrages. Ce scénario devrait se répéter dans les années à venir, au regard des conditions météo. Mais en montagne, il est un secteur qui pâtit plus encore des changements climatiques : celui du tourisme.

L’or blanc

Les massifs montagneux français offrent une grande diversité de paysages et d’hébergements aux touristes, quelle que soit la saison. Dans la région Rhône-Alpes, la consommation touristique est la principale source de revenus. Le tourisme estival ne cesse de progresser d’année en année, notamment en termes de nuitées, mais le tourisme hivernal représente l’activité la plus rentable en montagne. Selon l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANEM), il emploie 120 000 personnes et dégage 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires estimé. « Le ski est aujourd’hui perçu comme la principale activité rentable pour les acteurs économiques de la région », précisent les auteurs de l’« Analyse des effets économiques du changement climatique en station de montagne », publiée par la Caisse des dépôts en 2022.

En matière de tourisme de neige, la France est un des leaders internationaux du marché. Avec 53,9 millions de journées-skieur, elle se classe au 2e rang mondial, derrière les États-Unis. Depuis l’ouverture du premier téléski français, à Megève, en 1933, les stations de ski ont essaimé dans les montagnes françaises. On en compte aujourd’hui 350. Ces stations, souvent créées ex nihilo, comptent 150 000 lits d’hébergement. Le tourisme montagnard représente près de 23 % des nuitées touristiques en France.

Le pays dispose par ailleurs du premier parc de remontées mécaniques au monde. Ce secteur dégage un chiffre d’affaires de 1,6 milliard d’euros. Mais le changement climatique a déjà des conséquences majeures sur l’enneigement, qui est aujourd’hui aléatoire. Sa durée « se réduira d’environ un mois par degré de réchauffement », selon les études de ClimSnow. D’après le Rapport spécial du GIEC intitulé « L’océan et la cryosphère dans le contexte du changement climatique », publié en 2019, « en haute montagne, l’épaisseur moyenne de neige en hiver à basse altitude diminuera probablement de 10 à 40 % en 2031‑2050 par rapport à 1986‑2005, quel que soit le scénario d’émissions ». D’autre part, « si la température mondiale augmente de 2 °C, on a plus de la moitié des stations qui sont touchées au niveau des conditions d’enneigement et donc un impact sur la viabilité économique des opérateurs du domaine skiable. À plus de 4 °C, ça concernera toutes les stations », expliquait Emmanuelle Georges, cheffe adjointe du Département action, transitions et territoires à l’INRAE, lors du Dîner de l’économie organisé le 10 octobre 2023 à Gap par l’Union pour l’entreprise des Hautes-Alpes. L’ensemble des stations de ski devrait donc être touché d’ici 2050, selon les projections.

La fin des sports d’hiver ?

Au regard de ces indicateurs, il convient de s’interroger sur la pérennité du modèle économique du ski français, face à la raréfaction de l’or blanc. Le faible enneigement perturbe les conditions d’exploitation de tous les domaines skiables. Essayant de s’adapter, les acteurs de la montagne investissent pour produire de la neige artificielle, afin de pallier ou combler le déficit de neige naturelle. Mais les canons à neige ont un coût important, et la production est limitée par la hausse des températures et la rareté de la ressource en eau.

Dans un rapport public publié en février dernier, la Cour des comptes s’inquiète de l’essoufflement de ce modèle, et des risques financiers que cela fait peser sur les collectivités. « À compter de la fin des années 2000, la diminution de l’activité ski et l’inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l’équilibre financier des remontées mécaniques et l’économie locale qui en découle pour partie », estime l’institution.

D’ores et déjà, le manque d’enneigement a un impact significatif sur les finances publiques de nombreuses communes. Ces dernières se doivent d’investir lourdement dans de nouvelles remontées mécaniques, ou dans des canons à neige (cf. encadré) toujours plus sophistiqués. Mais d’un autre côté, le niveau de fréquentation doit être suffisant pour dégager les recettes nécessaires au renouvellement du matériel. Aujourd’hui, de plus en plus de stations ne sont pas en mesure d’atteindre l’équilibre d’exploitation, selon le rapport de la Cour des comptes. Ce dernier détaille également le financement public perçu par les opérateurs de remontées mécaniques. Le niveau de dépendance à la dépense publique est de 23 % du chiffre d’affaires des stations. Il monte même à 28 % dans celles réalisant moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Et ce subventionnement public « ne pourra que s’alourdir compte tenu des projections climatiques ».

Les sports d’hiver sont-ils condamnés à disparaître, du moins à basse altitude ? Un rapport parlementaire remis le 24 février 2022 montrait que le « tout ski » ne pouvait plus être une stratégie de développement pour la montagne. Les députés préconisent « une stratégie d’adaptation différenciée suivant les stations, les massifs et leurs enjeux propres », et une diversification des activités touristiques tout au long de l’année. Le plan « Avenir montagnes » va dans ce sens. En 2021, lors de son lancement, 650 millions d’euros ont été déployés « auprès des entreprises, opérateurs et collectivités des massifs français afin de soutenir l’attractivité touristique et économique des zones de montagne ». Ce plan vise à développer un « tourisme durable ». Il convient notamment pour cela de revaloriser la biodiversité des paysages de montagne, et de végétaliser des sites dégradés. L’idée est de toucher une nouvelle clientèle, attachée à un tourisme alternatif, respectueux de l’environnement, plus communément appelé « slow tourisme ».

Cette tentative d’adaptation suffira-t-elle ? Ce n’est pas certain, si l’on considère l’évolution rapide du climat, et les réticences de certains élus qui craignent que la mise en œuvre du plan « Avenir montagnes » n’entrave leur modèle économique fondé essentiellement sur le ski. Qu’ils soient rassurés, car dans les faits, ce plan de relance ne remet pas en question la continuité des stations de ski. Dans ses projets, il prévoit la création d’ascenseurs « valléens » destinés à relier les fonds de vallée aux stations dans le but de limiter le trafic automobile, et ainsi l’impact environnemental du ski alpin. Mais ces équipements très coûteux ressemblent là encore fort à un pis-aller.

Crédit photo : © SHUTTERSTOCK - PETER GUDELLA

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