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Pénuries : la riposte s’organise

La France connaît d’importantes pénuries alimentaires et matérielles. À la crise sanitaire ont succédé des crises politiques globales et des évènements climatiques qui n’ont fait que renforcer les carences.

Par Clément Airault

Aura-t-on de la moutarde et du pain sur les tables à Noël ? Certains Français s’en inquiètent, en observant les rayons vides des supermarchés, sans doute la manifestation la plus visible des difficultés d’approvisionnement qui touchent le pays ces deux dernières années. On sait que l’annonce d’une pénurie a tendance à renforcer la propension des consommateurs à faire des réserves… et donc à accélérer la réduction des stocks. Mais si certains produits viennent à manquer, cela n’est pas uniquement dû aux achats irraisonnés des citoyens.

Les effets de la sécheresse

Le risque de pénurie est aujourd’hui réel sur de nombreux produits. En un an, le prix de la moutarde en pot a augmenté de 14 %, et depuis le printemps dernier, il est rare d’en trouver dans les rayons des grandes surfaces. La cause principale de cette absence est liée à la pénurie de graines de moutarde. La production du Canada, qui en est le premier exportateur mondial, s’est effondrée de moitié en 2021 du fait de la sécheresse. L’impact a été immédiat pour les fabricants de moutarde français, 80 % des graines qu’ils utilisent étant canadiennes. Aucun approvisionnement n’étant prévu avant la fin de l’année 2022, la situation devrait perdurer.

Le prix de la farine et des pâtes a également augmenté de manière importante, et ces produits se raréfient dans les rayonnages. La guerre en Ukraine, pays considéré comme le grenier à blé de l’Europe, a stoppé net les exportations de blé, et la sécheresse historique de cet été ne va pas améliorer la situation. En France, le mois de juillet 2022 est celui qui a été le plus sec sur la période 1959-2022. Cela aura des conséquences notables sur la production agricole. Selon les chiffres de l’Agreste (le service de la statistique du ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire) publiés le 1er août, la production de céréales sur le territoire pourrait diminuer de 7,6 % sur un an, dont une baisse de 14,2 % pour le blé dur. Seraient également en repli les productions de blé tendre et de maïs.

Peu de secteurs épargnés

Les denrées alimentaires sont la partie émergée de l’iceberg. Tous les secteurs économiques sont touchés par des manques d’approvisionnement, ce qui laisse craindre des pénuries et un ralentissement du fonctionnement de l’économie française, voire de son système de santé. Le 12 juillet, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) publiait un communiqué dans lequel elle appelait les pharmaciens à limiter la vente de paracétamol, du fait des difficultés d’approvisionnement. Antibiotiques, anticancéreux, anti-inflammatoires ou antalgiques sont également en rupture dans de nombreuses officines.

Au niveau industriel, les pièces automobiles ou aéronautiques viennent à manquer. Pas un constructeur n’est épargné. À titre d’exemple, l’usine Stellantis de Sochaux, dans le Doubs, qui fabrique les Peugeot 3008 et 5008, connaît une pénurie de semi-conducteurs. La production a été stoppée fin août ; les employés ont été mis au chômage technique. Début mars, l’usine Michelin de Cholet a suspendu sa production pendant une semaine, à la suite d’une rupture d’approvisionnement de noir de carbone, indispensable dans la production des pneumatiques, et venant habituellement de Russie ou d’Ukraine. D’une manière générale, l’indisponibilité des matières premières a un impact sur la disponibilité de produits de grande consommation. Par exemple, les concentrés d’agrumes ou les boissons réfrigérées sont touchés par les problèmes liés au ravitaillement en carton d’emballage et en aluminium.

Le BTP est un secteur particulièrement touché par la hausse des prix des matériaux et le manque de réserves de matières premières. Depuis la fin de l’année 2020, les prix des matériaux de construction ne cessent d’augmenter, allant parfois jusqu’à doubler. Cette envolée des prix a commencé par l’acier, puis s’est étendue à d’autres matériaux comme le cuivre, le bois de construction, les plastiques, le verre, les isolants, ainsi que le ciment et les plaques de plâtre. Quant aux difficultés d’approvisionnement, elles entraînent d’importants retards sur les chantiers.

S’il est un domaine dans lequel les pénuries inquiètent particulièrement, c’est celui de l’énergie. Le géant russe Gazprom a annoncé le 30 août qu’il allait suspendre entièrement ses livraisons de gaz au groupe français Engie, du fait du non-paiement par ce dernier de l’intégralité des livraisons effectuées en juillet. Mais le gaz russe ne représente plus que 4 % des approvisionnements d’Engie, qui assure avoir trouvé d’autres sources de ravitaillement. Le rationnement est toutefois envisagé pour l’hiver. Est-ce la « fin de l’abondance de produits, de technologies qui nous semblaient perpétuellement disponibles », dont parlait le Président Emmanuel Macron juste avant le Conseil des ministres du 24 août ? Les propriétaires de chaudières à granulés semblent le croire. Le nombre de ventes de ces installations a plus que doublé (+129 %) sur un an. Mais le combustible disponible ne suffit pas à satisfaire la demande, et son coût a explosé, selon l’Observatoire des énergies renouvelables.

Des causes profondes

La pandémie mondiale, la guerre et les conditions climatiques ont mis en lumière les « défaillances » de la France, comme le rappelait en octobre 2021 le Chef de l’État. L’Hexagone importe beaucoup, trop. Le déficit de sa balance commerciale s’était creusé d’environ 7,3 milliards d’euros, pour atteindre 65 milliards d’euros, en 2020, sous l’effet de la crise sanitaire et économique. Le fossé entre les importations et les exportations françaises continue d’augmenter, et le pays a enregistré un déficit commercial mensuel record, de l’ordre de 9 milliards d’euros, en novembre 2021. Selon Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances, et de la Souveraineté industrielle et numérique, « il s’agit de renverser une tendance de 30 années ».

En temps de crise, les pays producteurs de matériaux de construction, de composants électroniques ou de pièces automobiles cherchent à satisfaire la demande locale avant de répondre aux commandes destinées à l’export. Or, à titre d’exemple, la production européenne de semi-conducteurs représente 10 % de ses besoins, contre 40 % il y a 20 ans ; 90 % de la production est chinoise, et cette dernière est en tension. La politique anti-Covid drastique de Pékin a ralenti la production, de même que les fortes canicules de cet été, qui ont obligé certaines usines chinoises à s’arrêter. Au regard de la situation, l’Europe veut relancer la production de composants électroniques. Le « Chips Act » présenté le 8 février dernier par le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton prévoit un investissement public-privé de 43 milliards d’euros d’ici à 2030, afin d’atteindre 20 % de part de marché de l’industrie des puces électroniques. Emmanuel Macron a fait part en octobre 2021 de sa volonté que la France soit autonome sur cette question. Près de 6 milliards d’euros d’investissements vont être débloqués pour « doubler » la production électronique de l’Hexagone d’ici à 2030 et « sécuriser » son approvisionnement en puces. D’une manière générale, au travers de son Plan France 2030, Paris veut sécuriser à long terme une partie des approvisionnements des entreprises, notamment dans les domaines stratégiques. Cela implique une collaboration entre les entreprises et l’État, ce qui n’est pas une mince affaire.

Il s’agit de retrouver une souveraineté industrielle, et ce n’est plus une question de patriotisme économique. Selon le ministère de l’Économie, les problèmes d’approvisionnement concerneraient 68 % des sociétés en 2022, ce qui risque de gripper la reprise économique tant attendue. S’il reste difficile de savoir si les pénuries sont structurelles ou conjoncturelles, le gouvernement d’Élisabeth Borne ne veut prendre aucun risque. La Première ministre a présenté le 31 août, à l’issue d’un séminaire gouvernemental, une liste de 60 actions politiques prioritaires, dont de nombreuses destinées à assurer la souveraineté énergétique, industrielle, alimentaire, numérique et culturelle de la France.

Crédit photo : © Stterstock - Zephyr_P

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