Le 6 février, au milieu de la nuit, un séisme de magnitude 7,8 sur l’échelle de Richter s’est produit dans le sud de la Turquie, près de la frontière avec la Syrie, le long de la faille d’Anatolie de l’Est. La Turquie est située sur une des principales zones sismiques du globe, et ce tremblement de terre est le plus fort enregistré dans le pays depuis celui d’Erzincan en 1939.
Il a fait de très nombreux dégâts dans la province turque de Gaziantep où, dans les villes, beaucoup d’immeubles se sont effondrés. Concernant le territoire syrien, les informations sont plus incertaines du fait de la situation géopolitique de la région. La secousse principale a été suivie de nombreuses répliques. Selon l’agence gouvernementale turque de secours (Afad), au moins 47 000 personnes seraient mortes (dont plus de 41 000 en Turquie), et à l’heure où nous écrivons ces lignes, tout porte à croire que le bilan va encore s’aggraver.
Selon l’OMS, 23 millions de personnes sont directement ou indirectement touchées par cette secousse tellurique, dont environ 5 millions de personnes vulnérables. Pour les populations désemparées, cet évènement ravive le souvenir du 17 août 1999, quand le séisme d’Izmit avait fait plus de 17 000 morts et 23 000 blessés. L’aide humanitaire s’organise, mais s’annonce d’ores et déjà difficile à acheminer en Syrie car le seul point de passage vers la zone rebelle du pays depuis la Turquie a été touché. Partout, les dégâts matériels sont immenses. Un énorme incendie s’est déclaré dans le terminal à conteneurs du port d’Iskenderun, dans le sud de la Turquie. Il est désormais maîtrisé, mais la fermeture des principaux centres logistiques dans la région laisse planer de fortes inquiétudes sur l’approvisionnement des produits de première nécessité.
Lors de la catastrophe de 1999, les immeubles s’étaient effondrés comme des châteaux de cartes, ce qui avait donné lieu à une législation en 2004, obligeant toute construction nouvelle à se plier à des critères de résistance aux tremblements de terre. Au regard de l’ampleur des destructions constatées en ce mois de février, y compris sur des édifices récents, il convient de s’interroger sur le respect de l’application des règles parasismiques par les entrepreneurs du bâtiment. On peut penser que ces derniers, pour réduire les coûts, se sont affranchis des normes concernant le ferraillage, ou ont eu tendance à fabriquer un béton un peu plus sableux que cimenté. La corruption est importante dans le secteur de la construction, et désormais l’État est montré du doigt.
Et ce qui est vrai dans cette région pauvre du sud de la Turquie, l’est d’autant plus côté syrien, où aucune loi n’existe sur le sujet.