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Lycée Maurice-Ravel : l’Etat va porter plainte contre l’élève pour « dénonciation calomnieuse » – Les Échos

Lycée Maurice-Ravel : l'Etat va porter plainte contre l'élève...

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Lycée Maurice-Ravel : l'Etat va porter plainte contre l'élève...

Refonder l’école

Issiaka Ahmadou Singaré, docteur d’État ès lettres, était directeur général de l’Institut universitaire de gestion (IUG), avant d’être nommé le 17 juin 2021 Directeur de cabinet de la primature avec rang de Ministre. Cet universitaire de renom, auteur d’une vingtaine d’essais, nous présente la genèse du système éducatif malien et sa vision pour refonder l’école.

Par Issiaka Ahmadou Singaré, Ministre, Directeur de cabinet du Premier ministre

L’école malienne a connu ses jours fastes entre le 1er octobre 1962 et le 26 mars 1991. En 1962, à l’exception notoire des colonies portugaises, toutes les possessions territoriales européennes sur le continent africain ont accédé à l’indépendance. Les nouveaux États sont tous sous-équipés. Aussi un sérieux problème se pose-t-il à eux : comment, avec des moyens humains, matériels et financiers modestes, relever le défi d’une indispensable scolarisation de masse ?

La France se pose la question et trouve une solution. Elle convoque, à Paris, du 20 au 25 février 1961, la Conférence des ministres de l’Éducation nationale des États africains et malgaches. Des recommandations sont formulées à l’issue des travaux. Elles portent sur la nécessité de : la prise en compte des conditions nées de la décolonisation ; la lutte contre l’ignorance au travers du développement de l’instruction de base ; la formation des cadres indispensables aux fonctions de tout État ; l’adaptation des programmes.

La Conférence de Paris est suivie de la Conférence d’États africains sur le développement de l’éducation en Afrique, qui se tient à Addis-Abeba du 15 au 25 mai 1961.

La réforme de l’enseignement

À partir des recommandations formulées à l’issue de ces deux rencontres, le Mali, à l’instar des autres pays d’Afrique subsaharienne francophone, réorganise son système éducatif avec un cachet d’originalité et fait croire qu’il a procédé à une réforme de l’Éducation. Cette réforme assigne quatre objectifs au « nouveau » système éducatif : dispenser « un enseignement de masse et de qualité », former avec efficience et célérité les cadres pour l’exécution des programmes de développement, délivrer des diplômes soutenant l’équivalence avec les diplômes étrangers, décoloniser les mentalités.

En réalité, la différence avec les autres ex-colonies francophones d’Afrique subsaharienne est uniquement d’ordre structurel. Les programmes de formation ne sont pas revus pour être adaptés aux réalités du nouvel État indépendant. À la phase de mise en œuvre de la réforme, des difficultés surgissent. Des questions se posent, aussi épineuses les unes que les autres. En particulier, comment financer le système ? comment créer les infrastructures ? où trouver les formateurs ? Les débuts sont marqués par la précipitation dans la mise en œuvre ; d’où de nombreuses maladresses. Aussi, en 1964, une journée de réflexion est-elle consacrée à leur trouver des solutions. C’est le premier Séminaire sur l’Éducation nationale. Les travaux sont dirigés par le Président du conseil du gouvernement, Modibo Keïta.

Des dysfonctionnements sont corrigés. Une répartition des tâches s’effectue entre l’État et les populations pour financer le système : l’État verse les rémunérations des enseignants, assure l’équipement et la dotation en matériel pédagogique ; les populations construisent les infrastructures et procurent aux élèves les fournitures nécessaires. L’enseignement fondamental, réalité depuis la rentrée d’octobre 1962, prend son essor. Les résultats sont bénéfiques : l’école s’est rapprochée des populations, le taux de scolarisation s’est élevé, les programmes de français, d’histoire, de géographie sont, avec un certain retard, revus pour être adaptés aux réalités africaines.

Entre rupture et continuité : la consolidation des acquis

Le 19 novembre 1968, le Mali connaît son premier coup d’État. Une junte militaire s’installe aux commandes du pays. Des ruptures sont opérées. Mais une continuité est maintenue, des innovations introduites. Nommé à la tête du Département de l’éducation et de la jeunesse, le Pr Yaya Bagayogo convoque, en décembre 1968, le Séminaire des cadres de l’Éducation. L’objectif est de cerner davantage les insuffisances dont le système continue de souffrir. Une ordonnance réorganise l’enseignement au Mali, des améliorations sont effectuées.

Certes, durant la période concernée, le taux de scolarisation est resté stationnaire, autour de 28 %. Cela à cause d’une série de difficultés économiques, d’ordre tant endogène qu’exogène. Une décennie après le Séminaire des cadres de l’Éducation, une troisième évaluation du système éducatif a lieu, en décembre 1979. Elle retient, entre autres résolutions, « la liaison entre l’école et la vie »,au travers de programmes de formation introduisant une dimension nouvelle : la « ruralisation ».

Préfiguration de l’école de l’an 2000

Dans le courant de la décennie 1980, le Mali se voit imposer des programmes d’ajustement structurel. Trois faits consécutifs à cette imposition sont à noter : le budget consacré à l’Éducation nationale connaît une réduction, la planification scolaire en fonction des besoins de l’économie nationale est abandonnée, et les diplômés devront désormais, pour être recrutés dans la fonction publique, réussir un concours direct.

Tout le système éducatif est revu selon de nouvelles orientations afin que l’école ne devienne pas « une fabrique de chômeurs. » La réflexion pour l’amélioration des rendements, tant internes qu’externes, se poursuit afin de parvenir à une meilleure adéquation entre la formation et l’emploi. Dans ce cadre, la « ruralisation » est intensifiée avec l’instauration des deux cycles dans l’enseignement fondamental : « classe assise, le matin ; classe debout, l’après-midi ». La création de lycées avec les filières traditionnelles lettres et sciences est abandonnée au profit de lycées techniques agricoles avec, au programme, l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat. Les centres de formation agricole datant de la période coloniale sont réhabilités. Les élèves des premières promotions de ces centres reçoivent une aide de l’État pour s’établir à leur compte sur des périmètres irrigués à Baguinéda.

En ce qui concerne l’enseignement supérieur, il est constaté que les grandes écoles fonctionnent comme des facultés, et, par conséquent, ne répondent plus à leur vocation. La décision de les structurer est prise au terme d’une planification couvrant la période 1985-2000. Parallèlement, la création d’universités est actée. Deux missions universitaires voient le jour, la première avec l’assistance de l’Unesco, la seconde d’inspiration essentiellement nationale. La mise en œuvre de leurs recommandations inspire la création d’une université nationale, décentralisée, professionnalisée : une université participant au développement régional et ouverte sur le monde du travail.

Enfin, sur instructions du Président de la République, les États généraux de l’Éducation sont convoqués. C’est la quatrième évaluation du système, après les Séminaires de 1964, 1968 et 1978. Le cadre de la réflexion s’est, cependant, élargi. L’instruction présidentielle insiste pour que participent aux assises, outre les acteurs du monde scolaire et universitaire, les représentants de l’ensemble des partenaires socioprofessionnels et des partenaires sociaux.

Déconfiture et calamité

Le 26 mars 1991 marque l’avènement d’une ère nouvelle au Mali. La période que certains s’évertuent à décrire comme « 23 ans de dictature » se termine par un coup d’État. La démocratie est présentée comme une panacée. Des lendemains meilleurs sont promis aux Maliens. Mais l’illusion lyrique tourne vite, sinon à la tragédie, du moins au tragique. Conséquence d’une mauvaise gouvernance, l’État ne cesse de se déliter alors que l’élite s’enfonce dans l’amateurisme et le dilettantisme. Le pouvoir finit par s’effondrer le 22 mars 2012. Des solutions de replâtrage sont imaginées pour préserver les apparences. Des élections sont organisées, mais la dérive ne fait que s’accentuer. Finalement, excédé, le peuple manifeste son insatisfaction, le Président de la République est renversé, un pouvoir de transition est instauré.

Présentés comme le fer de lance de la « révolution » de mars 1991, élevés au rang de héros, les lycéens et les étudiants, regroupés au sein d’une association, prennent l’école en otage et dictent leur volonté. Aussi n’est-il pas étonnant que le système éducatif ne réponde plus à sa vocation. De l’école fondamentale à l’enseignement supérieur, le bilan est le même : les rendements, internes comme externes, sont loin de donner satisfaction.

Pourtant le système avait permis, par le passé, de faire considérer l’école malienne comme l’une des meilleures de la sous-région. Malgré la modicité des moyens, la précarité des conditions de travail, les élèves issus des classes du pays, une fois à l’étranger, se classaient sinon premiers, du moins parmi les premiers. Aujourd’hui, le constat qui s’impose est plutôt alarmant.

La comparaison entre les taux de réussite au baccalauréat selon les années constitue un indice révélateur de ce que fut l’école sous la « dictature », et de ce qu’elle est devenue sous la « démocratie ». En 1989-1990, ce taux était de 68, 7 %. Depuis lors, il a considérablement chuté : 12, 36 % en 2012, 13,02 % en 2013, 16, 24 % en 2014, 25, 12 % en 2019, 21, 56 % en 2020. Et ces résultats ne reflètent pas l’entière réalité : des repêchages ont été faits sur des notes très basses pour obtenir un nombre d’admis permettant d’être à l’abri des critiques.

Il arrive que les autorités soient conscientes de cette situation critique. Elles multiplient alors, pour la circonscrire, les rencontres, différemment nommées : « Débat national sur l’Éducation » (1991), « Table ronde sur l’Éducation de base pour tous » (1991), « Journées de réflexion des 27, 28, 29, 30 octobre 1994 », « Forum national sur l’Éducation » précédé des « Concertations régionales sur l’Éducation » (2008), « Concertations nationales sur l’enseignement supérieur au Mali » (2014), « Grand dialogue du 27 août 2015 : l’éducation de la petite fille au Mali ».

Parallèlement à ces rencontres, ou issues d’elles, diverses innovations pédagogiques sont introduites pour améliorer les rendements : Nouvelle école fondamentale (NEF), Nouvelle école malienne (NEM), Enseignement par les curricula, Enseignement par objectifs spécifiques, Approche par compétences (APC), École amie des enfants (EAE). Un Programme décennal de développement de l’enseignement (Prodec) a été lancé en 1996, validé par la Banque mondiale en 1999. Cependant, malgré cette multiplicité de mesures, les résultats restent largement en deçà des objectifs formulés.

Au nom de la refondation de l’école 

Les autorités de la IIIe République ont misé sur les infrastructures, l’augmentation du taux brut de scolarité et les innovations pédagogiques pour améliorer la qualité des enseignements. Mais les remèdes sont pires que le mal, comme l’attestent les constats rappelés précédemment. Aussi conviendrait-il de trouver d’autres solutions. Les actions à entreprendre sont multiples, tant la crise est profonde. Un citoyen peut en formuler certaines. Mais il faudra le concours de tous les partenaires de l’école, non seulement pour les lister de manière exhaustive, mais surtout pour obtenir l’adhésion à leur mise en œuvre. Les partenaires en question sont les décideurs (l’État) et les populations. Les actions pourraient être divisées en deux catégories, avec une distinction entre ce qui incombe à l’État et ce qui incombe au Département de l’Éducation nationale.

Quatre actions décisives sont attendues de l’autorité suprême, l’État. La première, priorité des priorités, est la reconquête de l’indépendance nationale et la sécurisation des personnes et de leurs biens sur un territoire unifié. Elle servira de socle à la restauration de l’autorité pour plus de rigueur, de discipline dans la gestion des affaires. Ceci exigera la pratique de la vertu à tous les échelons pour fonder une démocratie véritable. Enfin, il faudra la restitution du pouvoir de gestion au peuple au travers d’une décentralisation réussie.

À l’Éducation nationale incombe la redéfinition d’une politique de formation et sa mise en œuvre. La crise est aiguë, mais elle n’est pas sans solution. Le pays peut en sortir, doit en sortir. Pour cela, un acte politique fort est indispensable afin de préciser quelle école il faut et de financer différents projets. Ces projets portent sur : d’indispensables restructurations, différentes réalisations, l’émergence et la consolidation d’un corps de formateurs acquis à la cause de l’enseignement et soucieux de le maintenir efficace pour un meilleur devenir de la nation. Les actions urgentes à entreprendre, en ce domaine, sont également au nombre de quatre.

La première action consistera à renouer avec les fondamentaux pour « penser par [soi]-même et pour [soi]-même ». Il s’agit, d’une part, de rompre avec les survivances de l’école coloniale, et, d’autre part, de limiter la participation des partenaires techniques et financiers au seul financement.

Puis, s’imposera la nécessité de revoir une série de partenariats, en particulier le partenariat avec les collectivités territoriales. La décentralisation réussie bénéficie aussi bien à l’État qu’aux populations. À la lumière de ce constat, les charges pourraient être réparties, comme cela a été le cas de 1962 à 1991. Les transferts de compétences stimuleront l’exigence de redevabilité des élus locaux pour orienter la contribution des populations vers le développement de l’école.

Ensuite, il sera question de restructurer pour maîtriser les flux avec l’institution de régulateurs agissant comme des filtres. L’objectif est quadruple, avec la création :

– de défluents permettant de résorber les déperditions consécutives à un arrêt de la scolarité avant la neuvième année ;

– d’un enseignement moyen pratique, qui en soit vraiment un, vers lequel orienter les titulaires du diplôme d’études fondamentales ne remplissant pas les conditions pour être dirigés vers l’enseignement secondaire ;

– d’un enseignement technique professionnalisé dont la fréquentation sera sanctionnée, au terme de trois années d’études, par un Brevet de technicien supérieur (BTS) rendant son titulaire immédiatement opérationnel sur le marché de l’emploi ;

– d’un enseignement supérieur à la fois adapté et performant, « décentralisé et professionnalisé », pour revenir à une option déjà formulée puis abandonnée pour des raisons de politique politicienne évidente.

Enfin, la dernière action consistera à financer cette restructuration afin de satisfaire les besoins en infrastructures, en équipements, en documentation, et d’assurer la formation des formateurs, indispensables au bon fonctionnement du système.

En définitive, la sortie de crise nécessite de revenir à nos fondamentaux, que nous nous fassions confiance pour trouver la réponse aux deux questions suivantes : quelle est l’école qu’il nous faut ? comment mettre en place cette école ? La réponse à la première question doit nous permettre de rompre avec ce qui existe actuellement et qui n’est que la reproduction d’une école adaptée à un contexte qui n’est pas le nôtre. La réponse à la seconde sera constituée par les actions à mener pour concrétiser le projet de réhabilitation du système éducatif.

Crédit photo : © AFP - Sébastien Rieussec / Hans Lucas

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