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Présidence de l’UA : retour sur une année de défis

La présidence de Félix Tshisekedi à la tête de l’Union Africaine (UA) a pris fin en février 2022. C’est l’occasion de revenir sur les actions engagées sous sa mandature, et les difficultés rencontrées, dans un contexte pandémique et alors que certains pays du continent ont été confrontés en 2021 à une instabilité politique et sécuritaire.

Par Stanislas Gaissudens

Depuis 2019, sous la présidence de Félix Tshisekedi, la RDC a renoué avec l’action diplomatique. Son élection à la tête de l’UA arrivait en apothéose, pour marquer le retour du pays sur la scène diplomatique internationale, et signifier son importance majeure sur le continent.

Le 6 février 2021, dans son discours d’acceptation, prononcé lors de la 34e Session ordinaire de la Conférence de l’UA, Félix Tshisekedi énonçait les grandes lignes de son programme à la tête de l’organisation. Le leader congolais, qui a le panafricanisme chevillé au corps, a souhaité que la thématique de sa présidence s’inscrive dans la vision d’une UA au service des peuples, selon les axes définis dans le premier Plan décennal de mise en œuvre 2014-2023 de l’Agenda 2063. Son programme visait à renforcer la paix et la sécurité, poursuivre la réalisation de la Zone de libre-échange continentale (Zlecaf), promouvoir une renaissance de la culture, des arts et des patrimoines africains, lutter contre le changement climatique, et accélérer la réalisation de projets intégrateurs, comme la construction du barrage Grand Inga en RDC. Mais face à « l’immensité de la tâche », il convenait avant toute chose de consolider l’initiative de l’UA dans la lutte contre la Covid-19.

Réponse à la Covid-19

Face à ses pairs, Félix Tshisekedi s’est engagé à tout mettre en œuvre pour que l’Afrique soit « le champion du programme de vaccination et de lutte contre la pandémie de Covid-19 ». Alors que le continent est exposé à la crise sanitaire, le taux de mortalité y est cependant demeuré nettement plus faible que dans le reste du monde. Cela a permis à la plupart des États, aux systèmes de santé souvent fragiles, de ne pas être submergés. En termes de prévention, des efforts immenses ont été accomplis en Afrique au cours de l’année 2021. Les gestes barrière et protections sanitaires sont devenus la norme, notamment dans les aéroports.

Du point de vue de la vaccination, alors que les pays occidentaux de l’hémisphère Nord vaccinaient à tour de bras, ceux du continent africain ont longtemps été laissés pour compte. Le mécanisme de solidarité international Covax a connu des défaillances, même s’il reste, dans la majeure partie des cas, la seule source d’approvisionnement en vaccins.

Le nombre hebdomadaire de doses reçues en Afrique a cependant fortement augmenté à la fin de l’année 2021. Mi-décembre, le continent a reçu 20 millions de doses par semaine, mais au regard des 1,3 milliard d’habitants, le rythme reste trop lent. L’Afrique peut espérer atteindre son objectif de vaccination contre la Covid-19 (70 % de la population) en août 2024, soit avec 2 ans de retard sur l’agenda prévisionnel. Au 5 janvier 2022, selon le Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), 9,47 % de la population africaine avait obtenu deux doses de vaccin, et seulement 0,35 % avait reçu un schéma vaccinal complet.

Mais « l’Afrique n’a pas croisé les bras et n’entend point capituler devant une quelconque fatalité du destin. Au contraire ! Elle a mis en place une stratégie continentale commune contre la Covid-19 », déclarait le Président de l’UA à la tribune de l’ONU le 21 septembre 2021. Lors de sa prise de fonction, il avait annoncé sa volonté de renforcer le CDC « afin de répondre efficacement aux urgences et de relever les défis sanitaires complexes, en tant qu’institution technique spécialisée de l’UA ». Un fonds en réponse à la Covid-19 a été créé et une plateforme de fournitures médicales pour garantir à tous les pays du continent l’accès aux équipements et fournitures nécessaires a été lancée.

Le 16 décembre, la première Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (CPHIA 2021) s’est tenue à Addis Abeba, à un moment clé, alors que la pandémie pousse depuis les systèmes de santé des pays africains à leurs limites. Les intervenants ont analysé l’impact de la pandémie sur le continent au cours des deux dernières années et réfléchi aux défis sanitaires à relever sur le long terme, notamment l’inégalité en matière de vaccins et la faiblesse des systèmes de santé. Plus de 140 décideurs politiques, scientifiques, experts en santé publique, experts en données et représentants de la société civile africaine étaient présents. Cette phase difficile est une « occasion historique deconstruire un nouvel ordre de santé publique qui puisse nous prémunir efficacement contre les futures crises sanitaires. Cette conférence est la première étape pour en faire une réalité », a déclaré le président de la Commission de l’UA, S.E. Moussa Faki Mahamat.

Dès avril 2021, un partenariat a été lancé par l’UA avec plusieurs institutions financières, dont la banque panafricaine Afreximbank, afin de fabriquer les vaccins sur le continent. L’objectif est d’amener la production à 60 % des besoins d’ici 2040. Dans un premier temps, face à l’urgence de la Covid-19, l’Afrique du Sud va accueillir le premier hub de transfert de technologie. La start-up sud-africaine Afrigen a été chargée de mettre au point un premier vaccin à ARN messager contre la Covid-19. La production et la commercialisation, confiées au laboratoire Biovac, sont prévues au mieux pour 2024, après une phase d’essais cliniques. La Covid-19 a incité les pays africains à renforcer leur collaboration. Et ce qui est vrai pour la santé doit également l’être pour la sécurité.

Paix et sécurité

« Le signal que je lancerais à l’Afrique, c’est celui de retrouver l’unité, afin de mettre fin aux violences »,expliquait Félix Tshisekedi dans une interview accordée à L’Essentiel des relations internationales fin 2020. « Le fléau de l’insécurité provoquée par les cohortes de terroristes, de groupes armés, de mercenaires et de criminels de tous bords met à mal la stabilité institutionnelle de nos jeunes démocraties et annihilent les efforts de nombreux dirigeants africains pour développer leurs pays »,déplorait Félix Tshisekedi à la tribune de l’ONU en septembre 2021. Il connaît mieux que quiconque l’importance de la paix, alors que dans la partie est de la RDC, persiste « l’insécurité causée par des groupes armés locaux et des mouvements terroristes étrangers, notamment des ADF ». En République centrafricaine, la paix et la stabilité des institutions élues sont mises à rude épreuve par des rebellions et des groupes armés. En Afrique australe, réputée pour sa stabilité et son pacifisme, le terrorisme a également sévi dans la partie nord du Mozambique. Assurer la paix et la sécurité est un défi majeur pour le continent, et en 2021, les crises politiques, diplomatiques et sécuritaires se sont succédé, laissant peu d’espace aux bonnes intentions de l’UA.

Félix Tshisekedi avait engagé une médiation autour de l’épineuse question du Grand barrage de la renaissance (GERD), situé sur le Nil, lequel oppose l’Éthiopie au Soudan depuis des années. Mais le 5 avril 2021, la tentative de médiation a avorté. Le Chef de l’État congolais a donc nommé Alphonse Ntumba Luaba, ancien secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL), pour diriger un panel d’experts sur la médiation autour du GERD. Un sommet devait être organisé en juin 2021 mais n’a pas eu lieu, de même que des négociations planifiées en novembre dernier. Il semble que le calendrier électoral et les crises politiques régionales aient mis à mal toute tentative de négociation sur le barrage. En effet, des élections ont eu lieu en Éthiopie, et la région du Tigré a connu une escalade de la violence ; un coup d’État a également eu lieu au Soudan.

S’il est un sujet sur lequel le Président de l’UA ne transige pas, c’est celui de la démocratie. L’UA a suspendu le 27 octobre le Soudan de toutes ses activités, « jusqu’à la restauration effective de l’Autorité de transition dirigée par des civils ». Il en est de même pour le Mali, depuis le 1er juin, et la Guinée-Conakry, depuis le 10 septembre, les deux pays ayant été le théâtre de coups d’État.

D’autre part, il est à noter que le Centre de l’UA pour la Reconstruction et le développement post-conflit (RDPC) a été officiellement lancé le 21 décembre 2021 au Caire (Égypte). Son mandat met l’accent sur la fourniture d’un soutien technique au Cadre d’action de l’UA pour la RDPC. Le Centre servira d’agence technique spécialisée de l’UA pour la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes et projets de la RDPC. Celle-ci est un ensemble global de mesures qui visent à répondre aux besoins des pays sortant d’un conflit (y compris les besoins des populations touchées), empêcher l’escalade des différends, éviter les récidives de violence, s’attaquer aux causes profondes des conflits et aider à consolider une paix durable.

Le continent est également de plus en plus touché par l’hydre terroriste. « L’Afrique refuse de servir de base arrière au terrorisme international ! », a martelé le Président congolais le 21 septembre dernier. Preuve de sa détermination, la RDC a adhéré à la Coalition mondiale contre le terrorisme, en devenant le 24e membre. Cette coalition a annoncé en août 2021 la création d’un groupe de travail sur le terrorisme en Afrique. « Si la communauté des nations minimise le danger que représente la propagation du djihadisme en Afrique, si elle n’adopte pas une stratégie globale et efficace pour éradiquer ce fléau, les plaies ouvertes dans la zone saharienne, en Afrique centrale et australe continueront à se métastaser jusqu’à faire jonction pour devenir une menace réelle pour la paix et la sécurité internationales », a mis en garde le leader congolais.

Félix Tshisekedi milite pour la mise en œuvre d’une « stratégie mondiale contre le terrorisme », dans laquelle les pays africains doivent jouer un rôle de premier ordre. C’est pourquoi il plaide pour une meilleure représentation des États du continent au Conseil de sécurité de l’ONU. Il s’agit selon lui « d’une question d’efficacité de l’ONU et de justice à rendre à un continent, mieux, à un pan entier de l’humanité dont le rôle ne cesse de s’accroître chaque jour davantage dans la conduite des affaires internationales ». Par ailleurs, le dirigeant congolais a été un président d’ouverture, permettant l’accession d’Israël au statut de membre observateur de l’UA.

Dynamiser les économies africaines

Après une année 2020 difficile, lors de laquelle les économies africaines ont consacré une part importante de leurs ressources à la lutte contre la Covid-19, un ralentissement très fort de la croissance a été observé partout sur le continent en 2021. Le besoin de financement jusqu’en 2025 est estimé à environ 285 milliards de dollars. Lors du Sommet sur le financement des économies africaines qui s’est tenu à Paris le 18 mai 2021, le Président Tshisekedi a œuvré pour que des fonds soient levés. S’il a salué au nom de l’UA « toutes initiatives portant sur le financement des économies africaines affectées par la Covid-19 », il a cependant estimé le 21 septembre que les 33 milliards de Droits de tirage spéciaux (DTS) alloués au continent étaient « insuffisants au regard de l’immensité de ses besoins de relance économique ». Il est selon lui nécessaire d’atteindre 100 milliards de DTS, grâce à la réallocation aux pays pauvres de 25 % de DTS alloués aux pays riches. Une partie de cette réallocation pourrait contribuer à l’augmentation du capital de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale. « Il est également souhaitable que ces ressources exceptionnelles concourent à promouvoir plus vigoureusement l’entrepreneuriat des jeunes en Afrique, l’accès aux capitaux pour les petites et moyennes entreprises ainsi que l’économie verte », a estimé Félix Tshisekedi.

La Zlecaf a été lancée le 1er janvier 2021. Elle va permettre de créer un vaste marché de 1,3 milliard de consommateurs. Le Président congolais avait annoncé tout mettre en œuvre pour la développer. S’il convient de « saluer les progrès accomplis », il reste des défis à relever au regard des disparités dans le développement industriel des différents pays. C’est pourquoi, selon Félix Tshisekedi, il convient « aussi de développer le secteur des infrastructures, de relier les États de l’Afrique afin de permettre à celle-ci de commercer avec elle-même. Quand on regarde les flux entre pays africains, ils sont nettement moins importants ― et de loin ― que les échanges avec le reste du monde ».

La « panafricanisation » des échanges commerciaux va prendre du temps, mais il convient déjà d’en poser les bases. C’est à ce titre que le leader congolais estime que le barrage de Grand Inga est à la fois un projet intégrateur et un outil de lutte contre le changement climatique. « Le site d’Inga peut potentiellement éclairer toute l’Afrique »,précisait-il fin 2020 à L’Essentiel des relations internationales. Lors de la COP26, à Glasgow, il a demandé que sa construction soit accélérée, sans que cela soit suivi d’effets. Néanmoins, un accord a été signé avec le Royaume-Uni, lequel s’est engagé à protéger les forêts de RDC, véritable poumon vert de la planète. Lors de l’Assemblée générale des Nations unies, Félix Tshisekedi a lancé un appel « à la communauté internationale en général et aux amis de l’Afrique en particulier, [afin qu’ils soutiennent] le programme d’Accélération de l’adaptation en Afrique (AAA) dirigé par le Global Center on Adaptation (GCA) et la BAD, programme qui entend mobiliser 25 milliards de dollars américains en 5 ans pour aider l’Afrique à supporter les chocs des changements climatiques. »

Arts et culture

« Arts, culture et patrimoine : leviers pour construire l’Afrique que nous voulons » : tel était le thème retenu par l’UA en 2021. Il allait de pair avec les aspirations de l’organisation, visant à promouvoir l’unité panafricaine, l’autodétermination, la liberté, le progrès et la prospérité collective, en cohérence avec le Plan directeur du continent, l’Agenda 2063. Le Chef de l’État congolais l’a affirmé : « Les arts, la culture et le patrimoine constituent le socle de la renaissance africaine. Ils nous offrent l’opportunité d’opérer notre retour aux sources. » Il est vrai que le secteur culturel, dans des pays peu nantis, n’est pas un axe prioritaire. Lors de la 34e Assemblée générale de l’UA, en février 2021, il a été proposé que les États d’accordent au moins 1 % de leur budget à la promotion de la culture d’ici 2030.

Le retour des œuvres sur le sol africain a également fait l’objet de discussions, et fut l’un des objectifs du Président Tshisekedi. « Il s’agit notamment pour les États membres d’obtenir la restitution et le rapatriement des œuvres d’art africains gardés hors continent », précisait-il en février 2021. On estime que plus de 80 % des pièces majeures d’Afrique subsaharienne se trouveraient sur d’autres continents. Rien qu’en France, au moins 90 000 objets d’art d’Afrique subsaharienne font partie des collections publiques. La restitution des trésors royaux d’Abomey par la France au Bénin, en novembre dernier, est en ce sens une victoire.

Parmi les autres grandes actions engagées par l’UA en 2021 sous le signe des arts, de la culture et du patrimoine, il convient de mentionner la Biennale de Luanda (Angola), le « Forum panafricain pour la culture de la paix », qui a eu lieu du 27 novembre au 2 décembre 2021. Félix Tshisekedi, présent pour l’inauguration, y a annoncé l’ouverture prochaine à Kinshasa d’une « Maison de la culture africaine et afro-descendante ». L’UA a également l’année passée appuyé le Gouvernement algérien pour le lancement du Grand musée de l’Afrique (GMA) à Alger, et a soutenu le lancement du Grand musée égyptien et la construction du Mémorial de l’île de Gorée (Sénégal).

Le leader congolais a fait preuve de volontarisme. Mais dans un contexte de crise sanitaire mondiale et de problématiques politiques et sécuritaires prégnantes, il n’a pu atteindre tous ses objectifs.

Crédit photo : © PRÉSIDENCE DE LA RDC

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