Arrivée au Palais de la République en 2012, Marème Sall séduit autant qu’elle fascine. Conseillère de l’ombre du Chef de l’État, elle jouit également d’une popularité à nulle autre pareille. Après avoir été au chevet du peuple sénégalais durant les deux mandats de son époux, la Première dame cristallise toutes les attentions, à quelques mois du scrutin présidentiel de 2024.
Par Pius Moulolo
On se souvient du buzz créé par ses lunettes de soleil le 30 mai dernier, à l’occasion de la cérémonie d’inauguration du bâteau-hôpital Global Mercy. Le petit geste du Chef de l’État pour les lui réajuster a suffi pour enflammer les réseaux sociaux, dévoilant le charme d’une Première dame appréciée par l’ensemble du peuple sénégalais. Généralement vêtue d’une tenue traditionnelle et coiffée d’un foulard, Marème Sall incarne la fine fleur des valeurs authentiques sénégalaises. De religion islamique, et fervente croyante, elle passe une grande partie de son temps à lire le Coran, à cuisiner le thiéboudiène (plat national), à promouvoir la teranga (esprit d’hospitalité et de partage qui caractérise tout citoyen sénégalais) et à soutenir les populations les plus vulnérables.
« Première dame pur sang »
Marème Sall est une Première dame discrète, n’apparaissant que très rarement aux côtés du Président. Dans son livre intitulé Marème Faye Sall, la couronne du sacrifice, l’écrivain Alain Sambou la qualifie de « Première dame pur sang », la démarquant ainsi des trois précédentes qu’étaient Colette Senghor (française), Élisabeth Diouf (métisse d’origine libanaise) et Viviane Wade (française).
Née d’un père sérère et d’une mère peule, Marème Faye grandit en milieu wolof et passe une partie de sa vie à Diourbel. Elle s’installe ensuite à Dakar où elle obtient son baccalauréat. C’est une électrotechnicienne formée à l’Institut supérieur de technologie de l’université Cheick-Anta-Diop. En 1992, elle épouse Macky Sall, ce dernier n’étant alors qu’un jeune ingénieur en pétrochimie. Elle abandonne ses études pour se consacrer à l’éducation de leurs enfants.
Le Chef de l’État ne tarit pas d’éloges à son endroit : « Mon épouse est une charmante Sénégalaise que j’ai connue à Diourbel pendant une de mes tournées d’exploration. […] Je n’ai pas trouvé de pétrole, mais je l’ai trouvée. Je pouvais me consoler de cette découverte », a-t-il déclaré dans une interview sur RFI en 2018. Marème Sall est l’une des architectes de l’ascension politique de son époux, depuis sa cooptation par Abdoulaye Wade en 2000 jusqu’à son accession à la magistrature suprême en 2012, en passant par la création de l’Alliance pour la République (APR) en 2008.
Servir le Sénégal
Accusée par certaines mauvaises langues d’être dépensière et de mener grand train, la Première dame n’en a cure. « Nous sommes dans un pays où le paraître est roi, vous comprenez ce que je veux dire… J’ai toujours été très simple et ce n’est pas en devenant la Première dame du Sénégal que je vais modifier mon comportement », a-t-elle confié à un magazine féminin en 2016. Concernant l’éducation de ses enfants, elle confie leur dire : « Il faut suivre l’exemple de votre père. Sa mère était vendeuse d’arachides et son père gardien. Il s’est battu tout seul pour décrocher ses diplômes, son premier emploi. Tout cet apparat que vous voyez dans le palais ne vous appartient pas. Quand nous partirons, tout cela restera en place. »
Marème Sall est considérée, à juste titre, par la majorité des Sénégalais comme une femme humble et au grand cœur. La création de la Fondation Servir le Sénégal lui permet en effet de se consacrer aux plus nécessiteux. « Ma Fondation ne peut pas avoir la prétention de trouver des solutions, mais elle peut constituer un pont entre les plus nantis et les démunis », déclare-t-elle dans un communiqué à l’occasion de la Journée internationale de la femme le 8 mars 2015.
Son plus grand combat consiste toutefois à accompagner le Chef de l’État et à rendre visibles ses actions. Marème Sall ne cesse d’ailleurs de vanter les grandes réalisations du Plan Sénégal émergent (PSE), à l’instar du Train express régional, de l’aéroport international Blaise-Diagne, des autoroutes Ila-Touba et Thiès-Dakar ou encore du pôle industriel de Diamniadio.
Soutien inconditionnel de BBY
Militante de la première heure de l’APR, Marème Sall s’est fortement mobilisée pour la réélection de Macky Sall en février 2019 au travers du mouvement « Marème Rema ». Les récentes élections législatives et locales ont dévoilé une Première dame engagée sur tous les fronts, mobilisant les troupes de la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY) dans tout le pays. Le mouvement national des femmes de BBY a en effet lancé l’initiative « And Jeggo Am Ndam » pour conforter la majorité présidentielle, en proie à un duel fratricide avec la coalition « Yewwi Askan Wi » (« Libérons le peuple ») d’Ousmane Sonko.
Malgré une victoire de la coalition présidentielle, cette bataille politique s’est soldée par la débâcle de cadors de la mouvance présidentielle dans les principales grandes villes du pays. Il a fallu que Marème Sall s’investisse afin de désamorcer les dissidences au sein de BBY. Chantre de la paix et de l’unité, elle s’est attachée à réconcilier les principaux acteurs politiques du pays. Elle a notamment œuvré au rapprochement entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, ainsi qu’avec Khalifa Sall, ancien maire de Dakar. La Première dame est sans nul doute le plus fervent soutien de Macky Sall et de sa politique.
La Fondation Servir le Sénégal
Reconnue d’utilité publique par le décret no 2012-989 du 18 septembre 2012, la Fondation créée par Marème Sall s’est donné pour ambition de mener de nombreuses actions humanitaires et sociales en vue d’appuyer l’action des pouvoirs publics dans la lutte contre la pauvreté, la précarité, les mortalités maternelle et infantile. La Fondation compte également agir pour la promotion économique et sociale des populations défavorisées et vulnérables, en priorité les jeunes, les femmes et les handicapés. Très active dans la lutte contre la Covid-19, elle se donne notamment pour missions le soutien médical en matière d’hygiène et le renforcement des équipements hospitaliers et sanitaires, mais aussi la facilitation de l’accès à l’eau potable, l’appui logistique et financier dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’environnement, ainsi que la construction, la rénovation et l’entretien des lieux de culte.
