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Le monde de la culture, un secteur éprouvé par la pandémie

Depuis mars 2020, le monde de la culture est fragilisé par les mesures sanitaires de lutte contre la pandémie de Covid-19. Entre fermeture des établissements accueillant du public, couvre-feu, restriction des capacités d’accueil, les lieux et acteurs du secteur ont dû s’adapter, semaine après semaine, aux directives qui leur étaient imposées.

© Shutterstock – Shaposhnikova Anna

Mi-mars 2020, la Covid-19 se répand en France, les cas de contamination se multiplient, ce qui pousse le Premier ministre Édouard Philippe à annoncer la fermeture « jusqu’à nouvel ordre » des établissements recevant du public et étant non essentiels. Le monde de la culture est alors mis à l’arrêt. Après une réouverture au cours de l’été, salles de spectacles, cinémas, musées et autres lieux culturels sont à nouveau contraints de fermer le 30 octobre 2020.
Finalement, alors que la campagne de vaccination s’accélère et que le nombre de contaminations diminue, le Président Emmanuel Macron annonce, en avril 2021, dans un entretien accordé à un média régional, des réouvertures, étape par étape, à compter du 19 mai. Trois dates marquent ce calendrier. Dès le 19 mai, les cinémas, les salles de spectacles et les théâtres peuvent ouvrir leurs portes au public dans la limite d’une jauge fixée à 35 % de leur capacité, tandis que les musées, centres d’art et salles d’exposition sont contraints par une jauge de 8 m² par visiteur. Le 9 juin, les mesures s’assouplissent et les premiers voient la jauge augmenter à 65 %, alors que les seconds peuvent désormais prévoir 4 m² par visiteur. À cette date également, les cinémas, théâtres et autres salles de spectacles doivent demander aux visiteurs de présenter un « pass sanitaire ». Il faudra tout de même patienter jusqu’au 30 juin pour que les lieux culturels puissent à nouveau accueillir les visiteurs à hauteur de 100 % de leur capacité, à la condition de proposer un protocole sanitaire adapté.
En cette année rythmée par les fermetures et les restrictions d’accueil, le monde de la culture est en souffrance mais tente, autant que faire se peut, de s’adapter au contexte sanitaire.

UN SECTEUR DÉLAISSÉ PAR L’ÉTAT ?

Depuis le début de la crise sanitaire et la fermeture des lieux culturels en mars 2020, l’État s’est mobilisé pour venir en aide au secteur. Conscient du sacrifice qu’il imposait à ses acteurs, il a mis en place de nombreuses aides afin d’éviter les faillites et les reconversions forcées. Une année blanche a été décidée par le gouvernement en faveur d’une grande partie des artistes, des équipes techniques et des intermittents du spectacle. Au-delà de cette exonération fiscale, plusieurs enveloppes pour un montant global d’une centaine de millions d’euros ont été débloquées afin d’accompagner les professionnels du monde de la culture durant cette période de creux pour leurs activités. Le secteur a notamment bénéficié d’une activité partielle pleinement prise en charge par les pouvoirs publics et de prêts garantis par l’État jusqu’au 30 juin 2021. Un fonds de solidarité a été octroyé par le ministère de la Culture dès le début de la pandémie. Ce sont ainsi 270 000 intermittents du spectacle, artistes et techniciens qui ont pu profiter de ces aides, prolongées en juillet 2020 jusqu’à l’été 2021.
Mais cela n’a pas toujours été suffisant. Sébastien Beslon, directeur du Théâtre de l’Européen à Paris, témoigne d’un monde du spectacle durement impacté par ces mois de fermeture : « Le retour à la vie normale ne se fera pas du jour au lendemain. Il y a eu beaucoup de changements, notamment dans notre façon de travailler. Certains confrères, fermés depuis plus d’un an, disent qu’il y aura une réelle difficulté à remettre les gens au travail. »
À cela s’ajoute une incompréhension, voire une frustration face aux décisions étatiques. Fermées le 29 octobre pour faire face à la deuxième vague de contamination, les salles de spectacles ont vu avec consternation les grands magasins et centres commerciaux rouvrir leurs portes au public dès le mois de décembre, alors que les lieux culturels restaient fermés pour une durée indéterminée. Sébastien Beslon se dit perplexe concernant une supposée plus grande dangerosité des salles de spectacles, dans lesquelles le public est assis, par comparaison aux grands magasins, où se sont rendus de nombreux clients aux alentours des fêtes de fin d’année. « Le Président Emmanuel Macron nous a annoncé qu’à partir du 15 décembre, des mesures seraient mises en place pour faciliter l’activité du spectacle vivant. Mais le 13 décembrenous apprenons que nous devons rester fermés. Cette annulation a refroidi beaucoup le métiercar tous s’étaient préparés à la réouverture, et cela représente beaucoup de travail. Puis, les pouvoirs publics nous ont annoncé de nombreuses dates potentielles de réouverture, sans cesse décalées. Je pense qu’il y a, vis-à-vis des politiques, une perte de confiance venant des professionnels de la culture. »Malgré les aides et les fonds débloqués par l’État, il y a n certain sentiment d’abandon.

LE SPECTACLE VIVANT EN DANGER

Le spectacle vivant est probablement le domaine le plus touché par la crise au sein du secteur culturel. Entre reports, annulations, fermetures des salles et couvre-feu, il a été grandement éprouvé ces derniers mois. Le directeur de l’Européen se désole du manque de considération dont les pouvoirs publics ont selon lui fait preuve. « Lorsque le couvre-feu a été instauré début octobre, nous avons dû annuler la représentation de 21 h 30, et avancer celle de 19 h 30 à 19 heures, pour permettre aux spectateurs de rentrer chez eux à 21 heures, explique-t-il. Mais le public était stressé par cette contrainte et, subitement, on ne vendait plus de billets pour une représentation qui, jusque-là, fonctionnait bien. »
Sébastien Beslon avait espéré pouvoir rouvrir fin 2020 : « Le Président Macron nous a annoncé qu’à partir du 15 décembre, l’horodatage serait mis en place pour le spectacle vivant. » Ce système aurait permis aux spectateurs d’enfreindre le couvre-feu pour rejoindre leur domicile après avoir assisté à un spectacle, avec comme justification leur billet d’entrée ― une dérogation similaire à celle mise en place pour les trajets en train ou en avion. Le directeur de l’Européen a regretté l’absence de mise en œuvre d’un tel dispositif, à cette date comme au 19 mai, date de réouverture des salles de spectacles.
De plus, la réouverture de fait progressive peut freiner la reprise des activités. Le Théâtre de l’Européen tourne en dérision le système de jauges avec la création d’un spectacle intitulé 35 %, pour lequel les billets d’entrée feront l’objet d’une réduction de 35 % sur le tarif habituel. Les jauges instaurées représentent une réelle contrainte pour les lieux culturels, qui font face à un problème de rentabilité des séances. De plus, pour un grand nombre de théâtres, la saison estivale est une période creuse au cours de laquelle l’offre est limitée. Or, mettre en place un spectacle pour les seuls mois de mai et juin est chronophage et coûteux.

TRANSFORMER LE RAPPORT À LA CULTURE

Face aux mesures gouvernementales restrictives, le secteur a dû s’adapter. Les salles de spectacles, les cinémas et les théâtres se sont mobilisés afin d’offrir un environnement sûr aux spectateurs : gel hydroalcoolique, obligation du port du masque, désinfection des lieux, vérification du pass sanitaire dès le 9 juin. Sébastien Beslon se félicite d’avoir mis en place, à l’Européen, un système de désinfection par lumières germicides, mais il ne veut pas se plier à la vérification des pass sanitaires : « Je ne refuserai jamais quelqu’un parce qu’il n’a pas de pass sanitaire car je ne connais pas les raisons qui empêchent cette personne de me le fournir. En revanche, cette personne rentrera dans un espace désinfecté, en portant le masque, et après qu’on lui aura désinfecté les mains. Je protège mon public mais je n’empêche pas une personne de rentrer. »
Les artistes eux-mêmes ont été contraints de transformer leur art du fait de la pandémie. Le magicien et humoriste Éric Antoine a écrit un spectacle digital interactif, intitulé Connexions, afin de poursuivre sa vocation malgré le contexte. « Comme beaucoup d’artistes, j’ai produit des vidéos sur YouTube pendant le premier confinement mais je trouvais ça un peu pauvre, tant en termes de production qu’en termes artistiques, déclare-t-il. Alors je me suis demandé : comment fait-on pour être ensemble lorsqu’on ne peut pas être ensemble ? Et, question après question, est né le spectacle. » Il reconnaît avoir été poussé par le manque et le « désir d’être ensemble » après avoir eu, comme les autres artistes de scène, l’interdiction d’exercer son métier. Malgré cette capacité d’adaptation remarquable, Éric Antoine ne cache pas son impatience de revenir sur scène : « Je suis aussi évidemment en faim et en soif de reprendre la scène pure car c’est le lieu dans lequel je crois depuis toujours. D’autant plus que la liberté de ton permise par la scène me manque. »
Ces transformations pourraient s’ancrer profondément dans le secteur culturel pour les années à venir. L’humoriste magicien en est convaincu : « J’ai l’intuition que le spectacle digital va continuer, dans des formes pures ou hybrides. J’ai l’intuition d’une forme hybride avec un spectacle dont une partie des gens seraient dans la salle avec moi et une partie seraient en digital. Cela pourrait être un outil de création de nouveaux types de tours. » Le spectacle digital est également une manière de lutter contre l’inégalité d’accès à la culture et pourrait donc devenir un outil important de cette cause.

DES FORMES D’ART PRIVILÉGIÉES

Alors que les musées, les cinémas et les salles de spectacles ont été mis à l’arrêt, les galeries d’art ont accueilli un nouveau public désireux de maintenir un lien avec les arts visuels. Globalement, les galeristes ont vu leur fréquentation s’accroître pendant la crise sanitaire du fait de personnes appréhendant les galeries comme des musées, en n’étant pas nécessairement tournées vers l’achat d’œuvres. En effet, alors que les musées ont été contraints à la fermeture en octobre, les galeries d’art ont pu recevoir des clients à partir de décembre, tout comme l’ensemble des commerces en France, représentant ainsi de rares lieux où l’on pouvait s’imprégner de culture. Aux habitués impatients de retrouver les expositions s’ajoute un nouveau public attiré via les réseaux sociaux. Les galeries d’art sont devenues des supports d’images privilégiés pour des réseaux tels que Instagram. Une tendance déjà existante dans le passé mais qui s’est intensifiée au cours de la crise sanitaire. De cet engouement, les galeristes n’attendent pas de retombées financières dans l’immédiat car ces nouveaux visiteurs sont rarement des acheteurs, mais cela leur permet d’acquérir plus de la visibilité, pour eux et pour les artistes qu’ils exposent, et à terme de générer plus de profits.
Autre thématique en développement, le street art, qui a connu une hausse de l’intérêt que lui portent les Français. Avec les lieux culturels fermés, la peinture de rue s’est imposée comme moyen d’accès pour tous à la culture. La pandémie de Covid-19 inspire même les peintres de rue qui illustrent, sur les murs de leur ville, le sentiment d’isolement, voire de détresse que beaucoup éprouvent, ou encore leur gratitude à l’égard du personnel soignant. Ainsi, à Grigny, en Essonne, le peintre Vince a réalisé en juin 2020, en collaboration avec des habitants du quartier, une fresque représentant deux jeunes qui se saluent avec le coude. Cette peinture permet de sensibiliser les habitants de la cité de la Grande-Borne sur l’importance du respect des gestes barrières, mais aussi de leur proposer un temps dédié à l’expression artistique.
La musique aussi a su résister à la crise de la Covid-19. En 2020, le chiffre d’affaires est resté stable, enregistrant une croissance de 0,1 % par rapport à 2019. Cependant, le secteur est actuellement principalement porté par le digital. Les ventes numériques ont augmenté de 17,9 %. En parallèle, la chute des ventes physiques s’est accélérée, passant de -10 % en 2019 à -19,9 % en 2020. De plus, le streaming par abonnement s’est grandement développé et représente aujourd’hui plus de la moitié de la consommation de musique. Ainsi, si le secteur s’est maintenu, le rapport des Français à la musique s’est transformé.

Connexions, le spectacle digital interactif d’Éric Antoine

Le spectacle Connexions, lancé en décembre 2020, a réuni plus de 100 000 participants via la plateforme Zoom, au cours d’une soixantaine de représentations. Pendant 90 minutes, les participants ont pu interagir avec le magicien et participer aux différents tours créés spécialement pour la forme digitale. Éric Antoine nous a accordé un entretien dans lequel il évoque les mutations qu’une telle forme de spectacle implique.
« Lorsque je me produis sur scène, les gens viennent chez moi, je suis donc libre de mes faits et gestes. À la télévision, je rentre dans leur salon et quand je suis invité chez quelqu’un, je suis plus respectueux. Cela sous-entend une écriture différente et un rapport différent avec les gens. Avec le digital, je rentrais davantage dans leur intimité car je les vois, chez eux, dans leur environnement. Il y a un lien de confiance, et cela m’a fait écrire différemment. Également, ça a changé mon rapport au rire, qui est un phénomène de foule. J’ai été plus porté sur l’émotion et l’aspect spectaculaire du point de vue de la magie. Enfin, mon côté sensoriel au public a été différent. D’habitude, je les sens réagir et respirer ensemble mais je ne les vois pas. Ici, je les vois, nettement, mais je ne perçois pas la foule. Sensoriellement, le digital change mon rapport au public : je perds la galvanisation de la foule mais je gagne en émotion. »

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