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Kassym-Jomart Tokayev : itinéraire d’un leader

Diplomate et homme d’État, Kassym-Jomart Tokayev a gravi les échelons un par un avant d’arriver au sommet de l’État. Focus sur ce leader qui transforme le Kazakhstan.

Par Philippe Gortych

Succéder au Père de la Nation kazakhstanaise. C’est ainsi que l’on pourrait résumer la lourde tâche qu’a endossée Kassym-Jomart Tokayev (KJT), en 2019, lorsque le Président Noursoultan Nazarbaïev a pris la décision de démissionner après presque 30 années passées au sommet de l’État. Pour en arriver là, KJT a accompli un parcours académique et professionnel exemplaire.

Solide formation diplomatique

Né en 1953 d’un père vétéran de la Seconde Guerre mondiale puis écrivain, et d’une mère qui a travaillé à l’Institut des langues étrangères d’Almaty, KJT a réalisé une brillante scolarité qui lui a permis d’intégrer les rangs du très élitiste et sélectif Institut d’État des relations internationales de Moscou (MGIMO), réputé pour être la pépinière de générations entières de diplomates de haut niveau. Pour parachever son cursus, il a effectué un stage de six mois à l’ambassade d’Union soviétique en Chine. Assoiffé de connaissances et ouvert sur le monde, KJT obtiendra par la suite un doctorat en sciences politiques, un diplôme de l’Institut des langues de Pékin, ainsi que le diplôme de l’Académie diplomatique du ministère des Affaires étrangères d’URSS. Fin polyglotte, KJT, en plus de sa langue maternelle, parle couramment russe, anglais, chinois mandarin et français (soit les langues des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations unies).

Fort de son bagage académique, Tokayev entame sa carrière diplomatique à 22 ans, en 1975, lorsqu’il intègre le ministère soviétique des Affaires étrangères et obtient une première affectation à l’ambassade d’URSS à Singapour. En 1979, il revient au ministère et, au milieu des années 1980, part une nouvelle fois en mission diplomatique, direction la Chine où il restera jusqu’en 1991.

Riche expérience ministérielle

Lorsque le Kazakhstan acquiert son indépendance en 1991, KJT devient peu à peu une personnalité politique influente car, dès 1992, il est nommé Vice-Ministre des Affaires étrangères de la jeune République du Kazakhstan. Coup sur coup, il devient ensuite Premier Vice-Ministre des Affaires étrangères en 1993, puis Chef de la diplomatie kazakhstanaise en 1994, et joue, entre autres, un rôle important sur la thématique de la non-prolifération nucléaire.

L’année 1999 marque son accession au poste de Premier ministre, une fonction qu’il occupe jusqu’en 2002 quand il est nommé Secrétaire d’État — poste de haut niveau à la présidence de la République — et Ministre des Affaires étrangères. Il agit alors notamment en tant qu’ambassadeur des ressources énergétiques kazakhstanaises et de la stabilité du pays auprès des partenaires économiques européens.

Dans les années 2007-2011, KJT se fait connaître davantage sur le plan national en occupant la présidence du Sénat. Parallèlement, en 2008, il se fait élire vice-président de l’Assemblée parlementaire de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), une façon pour lui de rester influent dans les sphères diplomatiques où la reconnaissance de son expérience se manifeste en 2011, année où il est nommé Secrétaire général adjoint de l’ONU, Directeur général du Bureau des Nations unies à Genève, ainsi que représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU à la Conférence du désarmement. Autant de nouvelles responsabilités de premier rang qui lui donnent une image de leader sur la scène internationale. En 2013, KJT fait son retour à la présidence du Sénat, fonction qu’il occupera jusqu’à la démission du Président Nazarbaïev en 2019 .

Successeur de Noursoultan Nazarbaïev

La date du 19 mars 2019 figurera dans les annales du Kazakhstan. Ce jour-là, dans une allocution télévisée, le Président Noursoultan Nazarbaïev annonça sa démission en cours de cinquième mandat présidentiel.

En sa qualité de Président du Sénat, KJT devient Chef de l’État par intérim et prend part à une présidentielle anticipée sous la bannière du parti de Noursoultan Nazarbaïev, Nour Otan, dont il sort très largement vainqueur (70,8 % des voix, pour un taux de participation de 77,4 %). La première mesure symbolique qu’adopte le nouveau Président pour rendre hommage à son prédécesseur est de rebaptiser la capitale Astana en Nour-Sultan.

À la suite de l’élection de KJT, Noursoultan Nazarbaïev avait assuré qu’il n’y aurait pas de double pouvoir. Pour autant, l’ancien Président avait conservé quelques attributions clés comme, par exemple, la présidence du parti Nour Otan, la direction du très stratégique Conseil de sécurité du Kazakhstan ou bien encore le titre de Père de la Nation.

Une nouvelle page s’écrit

En janvier 2022, à quelques semaines du 3e anniversaire de l’arrivée de KJT à la présidence, le Kazakhstan s’est retrouvé durant près de dix jours en proie à de violentes émeutes intervenues sur fond d’inégalités de revenus, ainsi que de hausse soudaine du prix du gaz. Cette fronde populaire initialement pacifique, dont toutes les exigences auraient été amplement satisfaites, s’est vite transformée en émeutes armées bien coordonnées. Ce dérapage inédit a conduit à la proclamation de l’état d’urgence et a été qualifié de tentative de coup d’État par KJT. Ce qui, selon de nombreux témoignages, n’avait plus l’air d’une manifestation pacifique, a donné lieu à la démission du Premier ministre Askar Mamine et de son gouvernement, ainsi qu’à l’éviction de l’ancien président du Conseil de sécurité.

Les évènements de ce « janvier tragique » ont conduit KJT à promettre des changements institutionnels et économiques. Le Chef de l’État a soumis la révision de plus d’une trentaine d’articles de la Constitution au vote de la population à l’occasion d’un référendum qui s’est tenu au mois de juin. Cette consultation électorale, qui portait principalement sur la réduction des pouvoirs du Président de la République et l’instauration d’un Parlement fort, a été un franc succès : le taux de participation a été de 68,05 %, et 77,18 % des votants se sont prononcés en faveur des réformes. Le 1er septembre, lors de son discours sur l’état de la Nation devant les chambres du Parlement, KJT a annoncé la convocation d’une élection présidentielle anticipée pour le mois de novembre, avec deux ans d’avance sur le calendrier, et en a profité pour faire acte de candidature. Il a enfin fait part de son projet de modifier, après l’élection, les modalités encadrant la durée du mandat présidentiel. Il souhaite en effet le faire passer de cinq ans renouvelables une fois à un septennat non renouvelable.

Cette décision est « controversée » pour ses détracteurs et adeptes de l’ancien régime, mais saluée comme « audacieuse » par ceux qui comprennent qu’en cas de défaite Tokayev aura sacrifié deux années de son quinquennat, voire plus car, désormais, le mandat présidentiel n’est plus renouvelable. Par ailleurs, il ne faut pas être un grand mathématicien pour faire une addition banale : sans lesdites modifications constitutionnelles, l’actuel Président aurait pu rester au pouvoir durant deux mandats de cinq ans chacun, de 2019 à 2029 ; étant réélu pour sept années, il quittera son poste en 2029. Donc, la thèse d’une « éternisation » du pouvoir ne semble pas tenir.

On notera enfin que pour faire table rase du passé aux yeux de ses concitoyens, Kassym-Jomart Tokayev a signé cette année une loi qui redonne à la capitale du Kazakhstan son ancien nom d’Astana. Annoncé comme le grand favori de l’élection présidentielle de 2022, ce réformateur pourra gouverner sans le poids de l’héritage Nazarbaïev. Dans ce contexte, il est fort à parier que le score plébiscitaire qu’il a obtenu au récent référendum constitutionnel devrait aussi se refléter en grande partie dans les résultats des législatives qui suivront en 2023.

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