Face aux menaces du changement climatique, le Kazakhstan fait preuve d’initiative et s’implique pour trouver des solutions durables, tant sur son territoire, qu’aux niveaux régional et international.
Propos recueillis par Clément Airault
Quelles sont les principales conséquences du changement climatique au Kazakhstan ?
Le Kazakhstan, comme d’autres pays d’Asie centrale, est l’un des plus vulnérables au changement climatique. Cela est dû à l’aridité des conditions naturelles et à l’absence d’accès à l’océan, qui est un régulateur de la température mondiale. Ces dernières années, le changement climatique est devenu de plus en plus perceptible dans la région, avec des fluctuations de températures, des vagues de chaleur, des périodes de sécheresse et des déficits en ressources hydriques qui s’intensifient.
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Au Kazakhstan, les conséquences les plus importantes du changement climatique sont un déficit hydrique croissant et une augmentation de la sécheresse.
Les écosystèmes aquatiques du Kazakhstan sont particulièrement vulnérables et, si des mesures ne sont pas prises à temps, la tragédie de la mer d’Aral pourrait se répéter dans le lac Balkhach, dans le delta de l’Oural et dans d’autres écosystèmes qui ont une incidence sur le bien-être de millions de personnes vivant dans ce pays.
D’ici 2050, les rendements en blé pourraient diminuer de près de 40 %, ce qui menacerait la sécurité alimentaire du pays et de toute la région d’Asie centrale. Les populations rurales de plusieurs régions du pays, qui dépendent du bétail, des sources d’alimentation et de l’état des pâturages, ont déjà été confrontées à des sécheresses anormales dues au changement climatique.
Quelles mesures ont été mises en œuvre pour limiter les émissions de carbone du pays ? Comment collaborez-vous avec l’UE sur ce sujet ?
Depuis 2013, le système d’échange de quotas d’émission fonctionne au Kazakhstan. Il s’agit du principal mécanisme de stimulation des réductions dans les secteurs règlementés. Actuellement, les grandes entreprises des secteurs de l’énergie, du pétrole et du gaz, de l’industrie, de la chimie et de l’exploitation minière sont soumises à cette règlementation. Le système d’échange de quotas d’émission couvre environ 43 % des émissions nationales totales de gaz à effet de serre. L’objectif de ce mécanisme, basé sur le marché, est d’inciter les entreprises à adopter des technologies « vertes » et à améliorer leur propre efficacité. En outre, il est prévu d’intégrer le système kazakhstanais au système européen d’échange de quotas d’émission afin d’étendre le marché du carbone.
Actuellement, une feuille de route pour l’intégration du système kazakhstanais au système international a été élaborée et approuvée pour 2022-2026. Elle présente une vision préliminaire des méthodes d’intégration, notamment l’élargissement de la couverture des secteurs dans le système d’échange de quotas d’émission, la révision des critères de référence existants, l’alignement du système de surveillance, de déclaration et de vérification sur les normes européennes, et l’amélioration des systèmes électroniques du Registre des unités de carbone et du Cadastre du carbone pour les aligner sur les systèmes similaires de l’UE.
Quel rôle votre pays peut-il jouer dans la région afin de coordonner les politiques environnementales ?
Pour assurer le succès des initiatives climatiques dans le cadre de l’Accord de Paris, la formation d’approches régionales est importante. Cela est également pertinent compte tenu des risques interdisciplinaires et transfrontaliers associés au changement climatique. C’est pourquoi le Président de la République du Kazakhstan a initié la tenue d’un sommet régional sur le climat en 2026, sous les auspices de l’ONU et d’autres organisations. Ce sommet vise à créer des synergies entre les efforts collectifs des pays et partenaires régionaux, ainsi qu’à renforcer les résultats communs.
En outre, le Chef de l’État a également proposé la création d’un organisme axé sur le changement climatique et l’énergie verte à Almaty, au Kazakhstan. Ses activités porteront sur le renforcement des approches régionales en matière de lutte contre le changement climatique et sur la promotion de résultats spécifiques pour la région.
Il ne fait aucun doute que des travaux conjoints sont également menés pour préparer la COP28, où une collaboration est en cours avec les pays d’Asie centrale et le Centre régional pour l’environnement de l’Asie centrale. La possibilité de déclarations régionales conjointes au nom des pays, des organisations non gouvernementales et des jeunes d’Asie centrale concernant les efforts de la région pour mettre en œuvre avec succès l’Accord de Paris est à l’étude.
En outre, un pavillon des pays d’Asie centrale sera organisé en marge de la COP28, qui présentera le potentiel d’investissement dans la région, ainsi que les perspectives de développement d’instruments de financement du climat et les besoins en matière de technologies climatiques et d’expertise.
Avec la France et d’autres pays de l’UE comme l’Allemagne, le Kazakhstan a plusieurs projets « verts » en cours. Comment collaborez-vous avec les États sur les questions de coopération internationale en matière d’environnement ?
Les pays de l’UE sont des partenaires importants et fiables sur ce sujet. Il est impossible de s’arrêter à tous les efforts conjoints, mais je voudrais vous parler de projets et d’initiatives spécifiques.
L’un des projets verts mis en œuvre en coopération avec le Gouvernement français est le projet de recherche technique sur le tri et le traitement des déchets alimentaires, ainsi que l’installation d’équipements spéciaux développés par des entreprises françaises, dans le cadre du Fonds pour la recherche et l’assistance au secteur privé.
La coopération dans le domaine de l’adaptation au changement climatique fait également partie des thématiques concernées. Dans le cadre de l’initiative « Asie centrale verte », une « Stratégie régionale d’adaptation au changement climatique » a été élaborée avec le soutien de la Société allemande pour la coopération internationale. Cette stratégie renforcera la coordination en matière d’adaptation au changement climatique, facilitera l’obtention de financements supplémentaires et améliorera le potentiel des pays grâce à l’échange de connaissances et à la coopération scientifique. Le document devrait être présenté lors de la COP28.
En outre, en marge de la COP27 en Égypte, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le Premier ministre du Kazakhstan, Alikhan Smaïlov, ont signé un protocole d’accord et un partenariat stratégique dans le domaine des matières premières durables, des batteries et des chaînes de valeur pour l’hydrogène vert. Cet accord vise à assurer le développement d’un approvisionnement fiable et durable en matières premières et en matériaux raffinés. Il vise également à développer des chaînes de valeur pour l’hydrogène renouvelable et les batteries afin d’accélérer la transformation verte et numérique des deux économies.
Des travaux sont également menés dans le domaine du développement de l’hydrogène vert, au travers d’accords conclus avec des entreprises telles que Svevind Energy Group et Fortescue Future Industries.