L’autonomisation de la jeunesse tchadienne, et son épanouissement par le travail et le sport, est l’un des grands axes de la politique gouvernementale. Le Ministre en charge de ce département nous apporte des précisions.
Propos recueillis par Alexandra Taieb
Quelles ont été les priorités fixées par le Chef de l’État sur votre feuille de route, lors de votre nomination en octobre 2022 ?
Mon Département est au cœur de la feuille de route de la deuxième phase de Transition au Tchad. L’autonomisation et l’emploi des jeunes, ainsi que le décollage du sport tchadien sont chers à Son Excellence, Monsieur le Président de Transition, Président de la République, Chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno. En tant que Ministre en charge de la jeunesse, nous restons fidèle aux engagements et orientations politiques des plus hautes autorités du pays.
Ce contenu est réservé aux abonnés
Sous la houlette de Son Excellence, Monsieur le Premier ministre de Transition, Chef du Gouvernement, Saleh Kebzabo, mon Département entend contribuer valablement à relever ce défi, en mettant en avant la promotion de la jeunesse et du sport comme vecteurs de cohésion sociale, d’unité nationale, et facteurs d’intégration interculturelle. Les priorités fixées par le Chef de l’État concernant les secteurs que nous avons l’insigne honneur de diriger trouveront tour à tour des réponses idoines à la faveur des initiatives nouvelles que nous entendons expérimenter pour parvenir aux résultats escomptés.
Quelles sont les principales actions entreprises afin d’accompagner cette jeunesse, qui est désireuse de participer à la croissance du Tchad ?
En 2023, nous allons nous focaliser prioritairement sur la poursuite des actions de sensibilisation en faveur des jeunes à l’échelle du territoire national. Beaucoup d’actions liées à la formation et des initiatives pourvoyeuses d’emplois vont voir le jour, en plus de celles qui existent déjà. Toutes les sensibilités seront touchées pour un changement véritable de comportement, susceptible d’instaurer des attitudes nouvelles pour construire un Tchad pacifique, prospère, où il fait bon vivre. L’engagement des plus hautes autorités de notre pays pour la paix, le vivre-ensemble et la cohésion sociale mérite d’être soutenu à tous les niveaux de nos sociétés. Nous appelons la jeunesse tchadienne dans son intégralité à vulgariser les messages de paix à travers leurs échanges quotidiens, dans la vie courante, ou à travers les réseaux sociaux.
Comment comptez-vous dynamiser et redonner au sport tchadien ses lettres de noblesse ? De quelle façon gérerez-vous la reprise des constructions de stades ?
La refondation du sport tchadien nécessite une bonne réflexion de tous les acteurs, en synergie d’actions, afin d’atteindre le meilleur niveau. Cette relance du sport s’articulera autour des grandes compétitions à venir. Il s’agit notamment des Jeux de la jeunesse, des Jeux de la francophonie, des Jeux africains en 2023 et des Jeux olympiques en 2024. Et entre ces grandes compétitions se trouvent les Championnats et les Coupes d’Afrique, ainsi que les Championnats du monde dans diverses disciplines. De même, un accent particulier sera mis sur la pratique du sport féminin, qui est un secteur sensible et gagnant de notre sport. Car le sport féminin tchadien peut très rapidement atteindre le niveau de compétition africain, voire mondial, grâce aux prédispositions des femmes tchadiennes.
Un état des lieux de notre sport pour trouver les causes profondes qui handicapent les performances des équipes et clubs du Tchad est à faire sans complaisance, afin de proposer des solutions durables à ce problème épineux des résultats sportifs. Conscient de cet état de fait, Son Excellence, Monsieur le Président de Transition, Président de la République, Chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno, a déjà fait preuve d’engagement personnel en accordant, au titre du Budget 2023, des moyens financiers pour la relance des travaux, en arrêt, de construction ou de réfection des stades, en plus d’un budget conséquent devant permettre de construire de nouveaux stades à N’Djamena et dans les chefs-lieux de province. Notre pays ne doit pas continuer à être à la traîne dans les grandes compétitions à caractère international et de portée mondiale.
Comme jalon à ces grandes ambitions, nous avons prévu l’organisation d’États généraux du sport. Une opportunité en or sera offerte, à cet effet, aux cadres, experts, techniciens, professionnels, amateurs et amoureux du sport de sauver le sport tchadien, en apportant leur contribution pour tracer définitivement les voies salvatrices de son réveil. De ces concertations naîtra le Document de politique nationale du sport tchadien, un outil aussi précieux qu’indispensable, qui viendra combler le vide constaté depuis belle lurette dans ce domaine.
Vous avez de nombreux défis à relever, qui sont ceux de tous les Tchadiens. Comment allez-vous œuvrer pour renforcer et accentuer l’entrepreneuriat, et pour placer la jeunesse et le sport au cœur de vos priorités ?
Le problème récurrent relevé par les jeunes est celui du chômage. Pour le résoudre progressivement, mon Département a mis un accent particulier sur l’entrepreneuriat et l’emploi des jeunes dans notre plan d’action. Ainsi donc, plusieurs programmes sont conçus pour permettre à ces milliers des jeunes diplômés en attente d’emploi de s’insérer professionnellement, et créer de la richesse pour notre pays. Pour être concret, après sa première phase, qui a été couronnée par la remise de chèques aux jeunes incubateurs de N’Djamena, sous le très haut parrainage du Chef de l’État, la deuxième phase du projet « Initiative 50 000 emplois décents » va être lancée. Cette initiative permettra aux jeunes de développer des entreprises novatrices, et d’apporter ainsi leur contribution au développement du pays.
Dans le domaine du volontariat, le projet de l’autonomisation et de la participation au développement socioéconomique des jeunes est aussi en cours de lancement, et permettra le recrutement, la formation et le déploiement de 1 000 jeunes volontaires dans les domaines de l’éducation, la santé, et bien d’autres. Cette première initiative du genre dans notre pays servira de passerelle pour une insertion socioprofessionnelle des jeunes.
Le football, aussi appelé « sport roi », est un puissant vecteur de mobilisation et intéresse tous nos concitoyens, et particulièrement les jeunes. Il doit être un vrai vecteur de cohésion nationale et de fierté populaire.
Quels messages souhaitez-vous faire passer à vos partenaires internationaux ?
Les meilleurs résultats sportifs exigent des investissements humains, matériels, financiers. Nous allons nous atteler à réunir toutes ces conditions dans une bonne gouvernance. Mais toutes ces entreprises ne sauraient se concrétiser sans qu’il y ait en marge une série de coopérations franches et productives pour le développement du sport tchadien. Aux échelles africaine et mondiale, nous allons dénicher des voies de coopération susceptibles d’être implantées au bénéfice de nos initiatives nationales. Nous avons déjà entamé des démarches avec des institutions au professionnalisme avéré et irréprochable à l’international, pour nous accompagner dans l’organisation des prochains États généraux du sport au Tchad, et dans la mise en œuvre technique des résolutions qui en découleront. C’est dire que le secteur sportif tchadien va bientôt s’arrimer aux normes sur les plans juridique, humain, infrastructurel et méthodique.
Ministère de la Jeunesse, des Sports, des Loisirs et du Leadership entrepreneurial
Les entités sous tutelle
Le ministère dispose de trois principales structures sous tutelle, qui lui servent de bras séculiers dans la mise en œuvre de la politique du Gouvernement. Ses actions sont répercutées auprès de la population cible au travers de ces institutions.
Par Amadou Sall
ONAJES
Œuvrer pour la promotion du sport
L’Office national d’appui à la jeunesse et aux sports (ONAJES) est né sur les cendres du Fonds national de développement des sports (FNDS). Il a été mis en place par l’ordonnance n° 005/PR/2016 du 15 septembre 2016. Sa principale mission est la recherche de partenaires, et de ressources extrabudgétaires, parafiscales et privées, destinées à la promotion du sport ainsi qu’à l’appui à la jeunesse. Établissement public à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie de gestion, l’ONAJES a initié, en 2022, le « Projet d’appui aux organisations et associations de jeunes » dans les dix arrondissements de la ville de N’Djamena. C’est une initiative qui vise à faciliter la participation des associations et des organisations de jeunes aux processus de pérennisation de la paix, de la cohabitation pacifique et du vivre-ensemble au Tchad.
ANVOLT
Mobiliser les énergies pour le développement par la promotion du sentiment national et patriotique
L’Agence nationale de volontariat au Tchad (ANVOLT) est l’organe de mise en œuvre du service civique national de participation au développement. Elle a été mise en place par le décret n° 2414/PR/MJS/2020 du 23 novembre 2020, portant sa création, son organisation et son fonctionnement. Cette institution est un établissement public administratif doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. L’ANVOLT est investie d’une mission de mobilisation des énergies pour le développement économique socioculturel du pays, et de promotion du sentiment national et patriotique, du sens de la discipline, de la tolérance, de l’intérêt général, de la dignité du travail, de l’esprit civique et de la culture de la paix.
Depuis sa création, l’ANVOLT a œuvré pour la formation de 196 jeunes ambassadeurs civiques volontaires. Elle a de plus lancé le « Projet d’appui à l’autonomisation, à la participation et au développement socioéconomique des jeunes au Tchad », avec l’aide du PNUD, le 22 septembre 2022.
Au mois d’octobre 2022, l’Agence a formé la première cohorte de 50 sages-femmes volontaires spécialisées en préparation et réponse aux situations d’urgence, et en novembre, elle a formé des enseignants volontaires. Sont aussi à son actif la participation à la célébration de la Journée internationale de la paix au Tchad, en partenariat avec le Programme des volontaires des Nations unies, le 30 septembre 2022 ; la participation à la célébration de la Journée du volontariat français, 10e édition, en partenariat avec France volontaire, le 8 octobre 2022 ; la participation au Forum international sur la nouvelle vision du volontariat à Dakar, au Sénégal, avec l’appui financier de l’UNFPA, du 15 au 19 octobre 2022 ; la participation à la célébration de la Journée internationale des volontaires, organisée conjointement avec les partenaires et la société civile, du 1er au 10 décembre 2022.
Outre ces réalisations, l’ANVOLT ambitionne de former 1 000 jeunes volontaires dans les secteurs prioritaires (éducation et santé) et, selon les besoins, dans d’autres domaines connexes.
Institut national de la jeunesse et des sports (INJS)
Pour la formation de cadres compétents
C’est la plus ancienne institution placée sous la tutelle du ministère. L’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS) a été créé par la loi n° 42/PR/94 du 12 décembre 1994. C’est un établissement public d’enseignement supérieur, à caractère administratif, doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Cette institution a pour missions :
- la formation initiale, le perfectionnement et le recyclage des cadres de la jeunesse et des sports ;
- la recherche scientifique et technique concernant les activités physiques et sportives et de la jeunesse ;
- la recherche au plan international de toute collaboration susceptible de contribuer au développement du sport.
Deux projets phares pour les jeunes
« Initiative 50 000 emplois décents pour les jeunes au Tchad » : un projet phare pour l’auto-emploi et l’insertion socioprofessionnelle
Le projet « Initiative 50 000 emplois décents pour les jeunes au Tchad » a été lancé le 24 juin 2022, par Son Excellence, Monsieur le Président de Transition, Président de la République, Chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno. Le 22 juillet de la même année, le Ministre de la Jeunesse, des Sports, des Loisirs et du Leadership entrepreneurial a procédé au lancement de l’appel à projets national dans le cadre dudit projet. Sur l’ensemble des 23 provinces, l’unité de gestion du Projet a enregistré plus de 21 000 dossiers. Ce chiffre montre que l’« Initiative 50 000 emplois décents », portée par les plus hautes autorités, constitue une lueur d’espoir pour les jeunes. Le ministère a commencé à octroyer la première vague de financements aux bénéficiaires des provinces de l’Ennedi Est, du Batha, du Mayo-Kebbi Est, du Logone Occidental, du Logone Oriental, et à la ville de N’Djamena.
Ce projet, véritable outil de lutte contre le chômage, est investi d’une mission de mobilisation des énergies en vue de développer la culture entrepreneuriale chez les jeunes, de susciter l’envie du développement et de l’émergence. Comme son nom l’indique, le projet ambitionne de créer 50 000 emplois pour les jeunes sur une période de 3 ans. Il a pour but de doter les jeunes des outils et des moyens nécessaires pour l’auto-emploi, en renforçant leurs capacités et en facilitant leur accès aux financements dans les 23 provinces. Tout ceci au travers de trois axes stratégiques, à savoir :
– le financement de 2 000 jeunes entrepreneurs pour créer 20 000 emplois ;
– le renforcement des compétences techniques de 20 000 jeunes ;
– l’insertion professionnelle de 10 000 jeunes au travers du volontariat.
Programme YouthConnekt : connecter les jeunes aux opportunités
Le programme YouthConnekt a été officiellement lancé au Tchad le 22 avril 2022, subséquemment à sa mise en place au travers du décret n° 1155/PR/2019 du 15 août 2019. Après la participation du Tchad aux premières activités du programme au niveau continental, un point focal chargé de sa mise en œuvre a été créé par l’arrêté n° 035/PR/PM/MJTCSA/SG/2018. Outre ce point focal, le programme YouthConnekt comprend un comité de pilotage composé des personnalités représentant l’Administration, les partenaires au développement, la société civile et les opérateurs économiques, dont la Présidence est assurée par le Ministre en charge de la jeunesse. Le programme YouthConnekt est rattaché au cabinet civil de la Présidence de la République, et son financement est assuré par le budget de l’État et les contributions des partenaires.