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Entretien avec Baghdad Amreyev, Secrétaire général de l’Organisation des États turciques

L’Organisation des États turciques, qui regroupe les États de langue turque, aspire à devenir un regroupement économique et culturel de premier ordre. Son secrétaire général nous précise les grands axes de la Vision 2040 décidée par les États membres.

Propos recueillis par Clément Airault

L’Essentiel des relations internationales : Monsieur, que représente le monde des langues turciques, et en quoi votre organisation contribue-t-elle à son unité ?

Baghdad Amreyev : Le monde turcique regroupe environ 160 millions de personnes, qui ne sont pas seulement liées par une identité ethnique, une langue, une culture, des valeurs spirituelles et des traditions communes, mais également par l’histoire, la géographie et une zone économique partagée. Les liens fraternels entre nos nations ont été mis à l’épreuve en différentes occasions durant certaines des heures les plus sombres de notre histoire commune, et je dois dire qu’à chaque fois, nous avons réussi à rétablir nos relations dont le fondement est inébranlable. L’unité a été préservée dans la mémoire collective du peuple et a traversé les siècles dans l’œuvre collective de nos grands intellectuels.

Cependant, l’ère moderne nécessite des techniques et des solutions modernes. La création d’une plateforme multilatérale pour unifier et exprimer les intérêts communs des États turciques est une avancée importante pour les générations actuelles et futures, afin de stimuler la coopération et la communication dans notre aire géographique partagée.

L’Organisation des États turciques représente une nouvelle réalité géopolitique en Eurasie. Cette nouvelle réalité est fondée sur la promotion de la paix et de la stabilité par le renforcement des partenariats entre les États membres dans tous les domaines possibles. Ainsi, l’Organisation présente une plateforme unique pour tous ses États membres et observateurs, ainsi que pour la communauté internationale tout entière, pour discuter et décider du cadre et du niveau d’unité souhaités pour établir la paix et la stabilité régionales et mondiales, en particulier sur le continent eurasien, l’Asie centrale et le Caucase.

La Déclaration d’Istanbul adoptée au dernier Sommet de l’Organisation, qui s’est tenu à Istanbul le 12 novembre, en est un autre exemple. Elle comporte 130 points qui couvrent le programme intégré des États turciques pour le présent et le futur. Cela montre à quel point le rôle de l’Organisation est crucial pour coordonner le flux d’informations et les coopérations dans des sphères difficiles telles que la politique, la culture, le commerce ou les questions humanitaires.

Depuis 2018, date à laquelle vous avez pris la tête de l’Organisation, quels ont été vos objectifs principaux, notamment en matière économique ? Et quelle a été l’évolution de l’Organisation ces trois dernières années ?

Ces trois dernières années, notre organisation s’est développée avec un certain nombre d’évènements marquants. Je suis très heureux de constater que l’Organisation a réussi à augmenter le nombre de ses États membres et observateurs, qui sont passés de quatre en 2018 à sept en 2021, la Hongrie et le Turkménistan devenant États observateurs respectivement en 2018 et 2021, et l’Ouzbékistan membre à part entière en 2019. L’Organisation ne cesse de gagner en popularité et en attention internationale, ce qui se traduit en chiffres puisque plus de quinze pays souhaitent en devenir soit observateurs, soit membres. Ce qui illustre la bonne réputation et la représentativité de l’Organisation.

Des évènements extraordinaires tels que l’importante victoire de l’Azerbaïdjan au Karabakh, le rôle grandissant de la Turquie en politique internationale, celui essentiel du Kazakhstan et de l’Ouzbékistan dans la région, la stabilisation du Kirghizistan grâce à son nouveau gouvernement, et la Hongrie en partenaire capital du monde turcique dans l’Ouest contribuent également à augmenter la visibilité et la force de notre organisation. Nous élevons aussi nos enjeux sur la scène internationale, ayant établi pendant ces deux ou trois dernières années une coopération avancée avec d’autres organisations internationales telles que l’ONU et ses agences, l’OSCE, l’Organisation de la coopération islamique, l’Union Africaine, l’Union européenne, etc.

Renommer notre organisation a constitué un pas important dans l’histoire de la coopération turcique. Elle a toujours été une organisation internationale à part entière, avec tous ses attributs et pouvoirs. Cependant, en changeant son nom pour passer de Conseil turciqueà Organisation des États turciques, nous avons étendu la portée de la mission confiée par nos gouvernements dans le but de renforcer le profil, le prestige et l’influence de l’Organisation pour trouver des solutions solides, plus durables, stables et pérennes.

En même temps que l’Organisation obtenait un nouveau statut avec une nouvelle image qui augmentait sa visibilité sur la scène internationale, le récent 8e Sommet des dirigeants de l’Organisation des États turciques a constitué un moment historique après l’adoption du document « Vision pour le monde turcique – 2040 ». Ce document capital donne les grandes lignes du cadre de l’Organisation pour les 20 prochaines années. Il a été préparé en fonction des réalités politiques, économiques et sociales des États membres. En outre, un autre document important à long terme, la Stratégie 2022-2026, nous aidera à élaborer nos plans à court et moyen termes.

Nous avons également accompli de grandes réalisations dans le domaine économique, qui est notre priorité majeure. Il est impossible d’imaginer une étroite coopération politique sans intégration des marchés. Nos principaux objectifs économiques sont liés aux décisions exposées dans notre document Vision 2040. En conséquence, l’Organisation œuvrera pour assurer la libre circulation des marchandises, des capitaux, des services, des technologies et des personnes parmi les États membres, dans la mesure du possible, tout en développant les instruments financiers et d’investissement nécessaires pour soutenir le secteur privé. En promouvant le dialogue entre le secteur public et le secteur privé, l’Organisation envisage de renforcer la coordination économique. Ces actions incluent le soutien des petites et moyennes entreprises et la création d’un Fonds d’investissement turcique pour soutenir les initiatives potentielles sans le recours à des investisseurs tiers. En outre, l’Organisation restera déterminée à préparer le futur numérique en donnant la priorité à la diversification et au développement technologique des activités économiques.

Dans les 20 prochaines années, le commerce sera l’une de nos priorités. Nous voyons le développement du potentiel que représente le commerce intrarégional comme l’une des principales cibles de notre plan d’action. La libéralisation du commerce et un régime commercial préférentiel parmi nos membres, ainsi que l’utilisation des monnaies nationales dans les transactions commerciales seront le fer de lance de nos politiques commerciales. De plus, nous renforcerons le rôle du Corridor de transport international transcaspien (Middle Corridor) sur la route commerciale Est-Ouest, ce qui allègera la pression sur les coûts logistiques et améliorera l’efficacité des transports. Nous espérons contribuer à créer un cadre règlementaire plus favorable aux affaires pour stimuler les économies locales et nationales, et renforcer la connectivité économique entre nos États. Le but ultime de nos politiques économiques est de créer un marché plus intégré à l’horizon 2040, ce que nous pensons réalisable par la libéralisation totale des échanges et la libre circulation des facteurs de production.

En regardant vers l’avenir, je dirais que nous sommes plus confiants que jamais, après avoir observé la transformation profonde et l’évolution de l’Organisation ces trois dernières années.

Votre mandat a été prolongé pour un an en novembre 2021. Quels sont les principaux défis que l’Organisation aura à relever en 2022 ?

Avant tout, nous allons commencer à mettre en pratique notre Stratégie 2022-2026. Il est essentiel pour nous de suivre la stratégie à court terme pour atteindre nos objectifs à long terme. Nous essaierons de nous appliquer à maintenir une coordination intergouvernementale efficace pour assurer une coopération réussie, car ce sera la clé pour la mise en application de nos autres politiques. L’activité économique restera aussi notre priorité en 2022, année pendant laquelle nous privilégierons le commerce ainsi que les projets d’investissement et de transport.

Outre le Fonds d’investissement turcique, nous envisageons de finaliser la création de la Banque turcique de développement et d’investissement, de l’Instance d’arbitrage turcique, et de zones économiques spéciales dotées d’un régime règlementaire standard, pour attirer l’attention de nouveaux investisseurs sur nos pays membres. En outre, nous envisageons d’entamer des négociations sur la Stratégie de facilitation des échanges pour soutenir tout type de commerce entre nos États, y compris l’e-commerce et le futur libre-échange.

Nous souhaitons tenir deux ou trois sommets cette année, chacun étant consacré à des questions urgentes de l’agenda du monde turcique. Sous le leadership de la Hongrie, nous poursuivrons notre coopération avec les pays d’Europe centrale, et projetons d’organiser un Sommet des chefs d’État Visegrád 4 – Organisation des États turciques au cours du 1er semestre de cette année. En outre, nous continuerons à soutenir l’Azerbaïdjan sur le Karabakh en organisant des évènements dans les territoires libérés, à savoir un sommet informel à Shusha suivi d’une série de conférences. De plus, un atelier spécial sera consacré au corridor Zangazur. Sur le thème de la coopération de peuple à peuple, le 2e Forum de la diaspora de l’Organisation se tiendra à Bursa (Turquie) et rassemblera des nations sœurs pour célébrer ensemble Novruz, la fête traditionnelle du monde turcique.

Un autre aspect auquel nous nous intéresserons également cette année est la coopération dans les médias et l’information. L’Organisation s’emploiera à approfondir les perspectives de coopération dans le domaine des médias où des initiatives telles que le lancement de l’Alliance turcique des agences de presse et des journaux, la création d’une chaîne de télévision commune ou la coopération dans l’industrie cinématographique donneront l’exemple.

Il y a d’autres questions importantes au programme pour 2022. Comme vous le savez, la pandémie de Covid-19 constitue toujours une crise sanitaire dans le monde. En tant qu’Organisation des États turciques, nous restons engagés à coopérer avec le reste du monde en ces temps difficiles. Nous sommes la première institution intergouvernementale à avoir organisé un sommet des chefs d’État pour discuter de la manière de combattre l’épidémie. Après la réunion en ligne des chefs d’État, nous avons tenu une réunion des ministres de la Santé pour coordonner la coopération entre les pays membres.

L’Organisation a également pris des mesures spécifiques pour protéger les échanges pendant la pandémie et pour surmonter les difficultés. Dans une réunion virtuelle, les ministres du Commerce ont convenu de développer un système commercial concurrentiel commun et de s’adapter davantage à l’e-commerce. Le concept de « corridor vert » développé par les États membres a facilité encore plus le passage de l’aide humanitaire et des denrées essentielles telles que les médicaments et les équipements médicaux à travers les frontières.

Je veux ici ouvrir une parenthèse pour souligner notre relation privilégiée avec les pays africains. L’Organisation a livré un total de 611 200 doses de vaccin Sinovac aux pays africains l’année dernière grâce à l’aide logistique de la Turquie. De telles actions humanitaires demeureront l’une de nos priorités tout au long du plus grand défi sanitaire auquel notre monde est confronté aujourd’hui.

Les pays membres de votre organisation sont déjà liés par une langue commune. Comment envisagez-vous le futur de l’intégration turcique ?

L’objectif principal de notre organisation est de transformer et utiliser les liens historiques, culturels et linguistiques entre nos États membres pour améliorer leur coopération dans les domaines du commerce, de l’économie, de l’éducation, des transports, de l’énergie, des médias, etc. Autrement dit, nous existons pour rassembler le monde turcique, développer nos pays dans un effort commun et finalement bénéficier d’une vie meilleure. Notre ultime objectif économique sera la création d’un marché commun à l’horizon 2040. C’est l’élément le plus important pour réaliser une coopération politique plus poussée entre nos États membres. Le document Vision 2040 comporte plusieurs points importants qui approfondiront notre processus de coopération et d’intégration.

Outre nos objectifs économiques, nous nous efforçons également d’intensifier la coopération dans les domaines de la diaspora, la jeunesse, les sports, le tourisme, l’éducation, les médias, etc. C’est pourquoi je considère la mise en application de notre vision à court et à long termes comme une partie fondamentale de notre travail, si nous voulons voir des États et des systèmes mieux intégrés dans notre unité fraternelle. Quant à la possibilité d’une « union avec une constitution et une monnaie commune », c’est une question de politiques de nos États membres.

Comment voyez-vous l’avenir des relations entre l’Organisation et l’Afrique ?

En fait, nous observons que le futur du dynamisme économique mondial appartient aux pays en voie de développement grâce à la jeunesse de leur population et leur capacité de production croissante. La région où se trouve le monde turcique et l’Afrique sont étroitement associées à ce taux de dynamisme et de développement.

Les États turciques sont les étoiles montantes du continent eurasien par leur puissance économique et leur potentiel. Pour l’Organisation, notre mission est de pousser plus loin ce développement et le partager avec notre voisinage, dont l’Afrique fait aussi partie. Nous attachons grande importance à la coopération multilatérale, ce qui inclut le renforcement de nos liens avec l’Afrique. Nos États membres ont déjà établi des relations stratégiques et amicales avec de nombreux pays du continent, ce qui renforce encore notre objectif de soutenir les efforts de développement de l’Afrique et de renforcer les relations commerciales et les liens culturaux et humains entre nos régions.

Par exemple, l’Agence turque de coopération et de développement (TIKA) et le Kazakhstan, à travers le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), ont accompli un travail remarquable pour éradiquer la pauvreté en Afrique. De plus, la coopération Turquie-Azerbaïdjan a pris part à certaines initiatives sanitaires en Afrique de l’Est. Nos États membres sont aussi intéressés à continuer à fournir de l’aide aux pays africains pour lutter contre la Covid-19, puisque des millions de doses de vaccin supplémentaires seront données cette année. Au vu de la jeunesse et du dynamisme de la population, il serait aussi souhaitable de développer des liens pour l’avenir et de fournir des plateformes adaptées.

Le temps est venu de coopérer et partager la responsabilité de notre avenir commun, en tant que régions voisines. Je suis sûr que les deux côtés bénéficieront de cette extraordinaire connectivité progressive qui est basée sur nos intérêts mutuels, la sincérité et le respect. Nous pensons que dans le monde moderne, on a toujours besoin d’amis et d’alliés pour résister aux courants instables. En conséquence, je suis convaincu que les mondes africain et turcique peuvent partager leur destin avec succès et construire un avenir meilleur pour les générations futures.

Biographie
Baghdad Kultaevich Amreyev est un homme politique et diplomate kazakhstanais. Universitaire spécialiste de la culture arabe, il a été ambassadeur dans de nombreux pays du Moyen-Orient, dont l’Arabie saoudite de 1996 à 2002, exerçant simultanément ses fonctions de représentant permanent auprès de l’Organisation de la coopération islamique (OCI). Entre 2002 et 2008 il est ambassadeur résident du Kazakhstan en Égypte, et exerce des fonctions similaires en Iran de 2011 à 2017. Il est envoyé spécial du Kazakhstan au Moyen-Orient et en Afrique depuis 2015.
Baghdad Amreyev a joué un rôle majeur dans la vie politique du Kazakhstan en 2017-2018, et il est conseiller du Premier ministre du Kazakhstan depuis 2014. Nommé à la tête du secrétariat de l’Organisation des États turciques le 3 septembre 2018, son mandat a été prolongé par le Conseil des chefs d’État pour un an en novembre 2021.

Crédit photo : © Anadolu agency

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