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Diplomatie française : redéploiement en Afrique subsaharienne

Trois mois après sa réélection à la tête de la France, Emmanuel Macron a décidé d’effectuer un déplacement diplomatique en Afrique subsaharienne et s’est rendu dans trois pays qu’il n’avait pas visités durant son premier quinquennat : le Cameroun, le Bénin et la Guinée-Bissau. Son but, à l’heure où l’influence de la France s’étiole sur le continent au profit de nations comme la Chine ou la Russie, est de repenser les relations transnationales et définir une nouvelle stratégie économique et politique.

Par Marie Forest

C’est accompagné d’une importante délégation que le Président Emmanuel Macron s’est rendu en Afrique du 25 au 28 juillet. La Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, le Ministre des Armées, le Ministre délégué au Commerce extérieur et la Secrétaire d’État chargée du développement étaient à ses côtés, ce qui témoigne des ambitions éclectiques de ce déplacement. En prenant comme ligne de conduite le « renouvellement de la relation de la France avec ses partenaires africains », l’Élysée a confirmé son intention de se pencher sur les sujets les plus prégnants du moment que sont les questions de gouvernances intérieures, les relations bilatérales, la crise alimentaire due à la guerre en Ukraine et les problèmes sécuritaires liés au terrorisme djihadiste.

Gouvernances intérieures

Les gouvernances intérieures et l’accession ou non à un statut d’État de droit pour les pays africains est un sujet sensible pour l’Occident. Ce dernier conditionne bien souvent ses aides à un certain niveau de transparence et de démocratie, ce qui est vu comme une ingérence par les nations anciennement colonisées. Une grande prudence a donc été de mise pour ne pas froisser les pays hôtes de la tournée d’Emmanuel Macron, l’Élysée spécifiant bien que « la ligne du Président français n’[était] en aucun cas de s’ériger en donneur de leçons ou de promouvoir un modèle. » Au cours de son déplacement, les enjeux de gouvernance et d’État de droit ont donc été traités « sans injonction médiatique, mais sous forme d’échanges directs avec ses homologues ».

Le renouvellement des relations entre Paris et les capitales africaines reste « une priorité politique ». En 2020, le Chef de l’État français, en dénonçant des violations des droits humains dans le nord séparatiste anglophone du Cameroun, avait fortement irrité le Président Paul Biya, installé depuis près de 40 à la tête de son pays. C’est donc dans un souci d’apaisement et pour renouer un dialogue plus serein qu’Emmanuel Macron a décidé de ne pas rencontrer personnellement les représentants des partis d’opposition au Cameroun. De même, il ne s’est pas exprimé officiellement sur le sort des opposants béninois actuellement emprisonnés. Pour autant, il s’est réservé la possibilité d’aborder ces questions en tête-à-tête avec les Chefs d’État concernés.

Cette visite diplomatique s’est déroulée à une période charnière pour la France, dont l’influence sur la scène africaine ne cesse de s’éroder. Les liens politiques et économiques qui l’unissent à ses anciennes colonies se relâchent, ces dernières se tournant de plus en plus vers d’autres partenaires, tels la Chine ou la Russie. La première s’est solidement ancrée sur le continent, investissant massivement ; elle possède actuellement 30 % de la dette publique africaine. La seconde avance ses pions avec détermination ; ses échanges commerciaux avec l’Afrique ont triplé entre 2010 et 2018, et sa présence militaire s’y intensifie. Côté entreprises privées, même constat : au Cameroun par exemple, l’implantation des sociétés françaises recule, leur poids dans l’économie étant passé de 40 % dans les années 1990 à 10 % aujourd’hui. Emmanuel Macron compte bien que la France se repositionne sur le continent africain face à ses concurrents.

Relations bilatérales

Le Chef de l’État français a emmené avec lui lors de sa tournée des membres de son Gouvernement, ainsi que des personnalités des diasporas issues des pays visités. Sportifs, artistes, mais également intellectuels et historiens ont été du voyage, dans un objectif « d’approfondissement des partenariats ».

Au Bénin, l’accent a été mis sur l’art et la connaissance. Sur le plan artistique et culturel, la délégation française a visité à Cotonou, au palais de la Marina, l’exposition « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la restitution à la révélation ». Y étaient mis en avant, côté révélation, les artistiques contemporains béninois et de la diaspora, et côté restitution, les 26 œuvres des trésors royaux d’Abomey rendus par la France fin 2021, en provenance du musée du quai Branly, après 129 ans d’exil. Sur le plan de la recherche, le Président Macron s’est rendu, toujours à Cotonou, à Sèmè City, une « cité de l’innovation et du savoir » consacrée à l’incubation, l’innovation, la recherche et la formation. Des engagements entre des entreprises et établissements français et le campus ont été signés.

En Guinée-Bissau, l’ambition d’Emmanuel Macron était double : participer au « renouveau de la relation » entre les deux pays — c’était la première visite d’un Président français sur le territoire béninois, venant après celle d’Umaro Sissoco Embalo en France en octobre 2021 —, et marquer le soutien de Paris aux organisations sous-régionales, la Guinée-Bissau venant de prendre début juillet la présidence tournante de la Cedeao. À ce titre, le Président bissau-guinéen est un interlocuteur incontournable. Comme le souligne Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique subsaharienne, aujourd’hui, « la France ne veut plus apparaître en première ligne. Elle préfère mettre en avant les institutions régionales. » Les problèmes sécuritaires ont bien sûr principalement été évoqués.

Au Cameroun, le sentiment anti-français au sein d’une certaine frange de la population nécessitait de la part d’Emmanuel Macron une recherche de consensus. En effet, un collectif de partis politiques camerounais l’avait appelé à reconnaître les « crimes de la France coloniale », et les militants de l’Union des populations du Cameroun (UPC) demandaient « la repentance et la réparation des exactions commises ». C’est en prévision des échanges sur cette question sensible que le Président Macron s’est entouré d’historiens lors de cette tournée africaine. Il a souhaité que toute la lumière soit faite sur l’action de la France au Cameroun pendant et après la période de la colonisation, lors d’un « travail conjoint d’historiens camerounais et français », et promis de donner accès à toutes les archives.

Crise alimentaire

La recherche de la sécurité alimentaire est un sujet rémanent en Afrique, et la guerre que mène actuellement la Russie impacte singulièrement le continent, du fait de sa grande dépendance aux exportations agricoles ukrainiennes. Pour faire face aux retombées du conflit sur l’Afrique, la France est à l’origine de la création, avec le soutien de l’Union européenne, du G7 et de l’Union africaine, de l’initiative Food and Agriculture Resilience Mission (FARM, cf. encadré). Lancée à la fin du mois de mars, elle a pour objectif d’intensifier la production agricole sur le continent, de « renforcer [la] résilience collective face aux crises alimentaires et favoriser l’investissement de long terme dans l’agriculture dans les pays vulnérables, notamment en Afrique. » Le Cameroun étant la première économie d’Afrique centrale, l’Élysée souhaite qu’il accueille la phase expérimentale de l’initiative. Dans ce cadre, les perspectives de partenariats et d’investissements français pour renforcer des filières agricoles stratégiques ont été au centre des discussions entre le Président français et son homologue camerounais.

Paris s’attache à « embarquer le secteur privé dans une réponse coordonnée et solidaire » pour parvenir à ses fins. Répondant à l’appel de la FARM, des entreprises et acteurs privés du secteur agroalimentaire ont décidé fin juin de former la coalition Global Business for Food Security (GBFS), avec l’appui de la France, de la Commission européenne, de la Banque européenne d’investissement, du Programme alimentaire mondial (PAM) et du Fonds international de développement agricole (FIDA). Leur feuille de route est, selon leurs moyens et domaines d’activité, de soutenir le secteur agricole ukrainien, ainsi que d’aider les pays les plus vulnérables à accéder aux denrées agricoles et à développer leurs capacités de production durable et leurs chaînes de valeur.

Problèmes sécuritaires

Emmanuel Macron n’a bien sûr pas pu faire l’impasse sur le sujet de la stratégie sécuritaire, alors que la force Barkhane vient de se retirer du Mali, dans un contexte de grande tension avec la population locale. Il a affirmé qu’il n’était pas question d’abandonner toute action, mais de réviser la stratégie globale. Il souhaite « repenser d’ici à l’automne l’ensemble [des dispositifs militaires de la France] sur le continent africain », les voulant « moins posés et moins exposés ». En effet, la menace terroriste présente depuis plusieurs années au Sahel non seulement persiste, mais de plus se propage dans le golfe de Guinée.

La lutte anti-djihadiste est un enjeu de taille en Afrique, et notamment dans le nord du Cameroun et du Bénin où déborde la secte islamiste Boko Haram, née au Nigéria voisin. Au Bénin, la menace terroriste s’intensifie, avec une multiplication des attaques meurtrières. Pour y faire face, Cotonou souhaite un appui français en matière de soutien aérien, de renseignement et d’équipements. Emmanuel Macron, qui reconnaît que le pays est de plus en plus touché par ce phénomène, a débattu avec le Président Patrice Talon sur le sujet de la coopération.

La question sécuritaire est plus que jamais épineuse. Le retrait de la force Barkhane en août a ôté à Paris un moyen d’agir au plus proche du terrain, et laissé le champ libre à la Russie : les Casques bleus ont pu attester de la présence de membres des forces de sécurité russes au nord du Mali, où se positionnait déjà le groupe paramilitaire russe Wagner. Et le Cameroun aussi vient de signer un accord de défense avec Moscou. Le risque est donc grand de voir la défense du continent tomber dans son giron. Le journaliste Antoine Glaser analyse : « Les présidents des anciennes colonies françaises, […] en particulier d’Afrique centrale, se tournent de plus en plus vers la Russie et donc il y a une sorte de réengagement d’Emmanuel Macron dans ces pays au nom de la realpolitik. » Le Chef de l’État français a donc inclus le volet de la coopération militaire dans ses discussions avec ses homologues africains.

Food and Agriculture Resilience Mission (FARM)
La FARM est une initiative voulue et initiée par la France pour éviter la crise alimentaire de grande ampleur que pourrait générer la guerre en Ukraine. Elle repose sur trois piliers, chacun mis en œuvre par une instance internationale. Le premier est le commerce, qui requiert l’appui de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Il s’agit de garantir la transparence sur les marchés agricoles et d’encourager des comportements responsables afin de limiter la volatilité des prix. Le second est la solidarité, établie dans le cadre du Programme alimentaire mondial (PAM). Ce volet prévoit de soutenir les pays les plus impactés par les restrictions engendrées par le conflit russo-ukrainien, grâce au soutien de la production et de l’exportation des denrées agricoles ukrainiennes, notamment au travers de l’initiative européenne des « corridors de solidarité ». Le dernier pilier est la production, suivie par le Fonds international de développement agricole (FIDA). Le but est d’aider les pays à développer des modes de production durables, pour renforcer leur souveraineté alimentaire et leur résilience face au réchauffement climatique et aux déstabilisations extérieures.

Crédit photo : © AFP - Ludovic Marin

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