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Chasse : pourquoi sa pratique divise ?

La chasse est ancrée au cœur des traditions françaises. Elle est le 3e loisir dans l’Hexagone en termes de licenciés, derrière le football et la pêche. La France est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de chasseurs, avec près d’un million de permis octroyés. Mais, reflet de la société contemporaine, cette pratique est de plus en plus contestée, tant dans les conditions de son exercice que dans sa finalité.

Par Marie Forest

En France, la chasse est un vieil héritage. Longtemps dévolue à la noblesse, elle est devenue une pratique populaire à partir de la Révolution. Il existe de nombreux modes de chasse (traditionnelle, aux chiens courants, à courre, à l’arc…) qui concernent 89 espèces de gros et petit gibiers. Mais si la cynégétique a ses aficionados, qui mettent en avant son utilité environnementale et économique, ses contempteurs dénoncent le danger que représente l’utilisation d’armes dans des lieux publics et la cruauté du sort réservé aux animaux. Deux camps irréconciliables ?

Utilité et poids économique

L’utilité de ce sport-loisir tient essentiellement à la régulation de certains gros gibiers — sangliers, cervidés, rongeurs… — nuisibles aux cultures. Chaque année, leur surnombre entraîne pour 80 millions d’euros de dégâts, dont 90 % sont occasionnés par les sangliers. Autre intérêt : le bénévolat des chasseurs (près de la moitié d’entre eux s’y impliquent) dans le secteur environnemental représenterait, d’après une enquête menée en 2017 par le cabinet de conseil en stratégie BIPE, 78 millions d’heures de travail, réparties en approximativement trois parts égales entre la gestion de la faune et de la flore, la préservation et l’aménagement des milieux naturels, et les activités sociales et culturelles. Un argument cependant tempéré par les associations de protection de la nature, qui estiment que sur les 22 millions d’animaux tués chaque année par les chasseurs en France, les oiseaux représentent 80 % des cibles ; or, en 15 ans, leur nombre a été réduit d’un tiers. La France est l’un des rares pays d’Europe à autoriser encore la chasse d’espèces menacées.

Autre argument : l’impact économique de la chasse, qui représente une filière non négligeable. Selon la Fédération nationale des chasseurs (FNC), elle génère annuellement 3,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires, contribue pour 2,3 milliards d’euros au PIB, et emploie 28 000 personnes — sans compter le bénévolat. Une part importante des cotisations récoltées par les fédérations sert à indemniser les agriculteurs des dégâts causés par les sangliers sur leurs terres. De plus, 70 % du budget de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) est constitué par une part du paiement des permis de chasse, et sert à mener des actions comme « la plantation de haies, la restauration de milieux forestiers et de milieux humides, l’entretien d’habitats favorables à la biodiversité ».

La question de la sécurité

Ce qui est notamment reproché à l’activité cynégétique, ce sont les accidents induits. On en a recensé 90 la saison dernière, dont 8 mortels. Les deux tiers des tirs accidentels ont lieu lors de chasses au grand gibier, en battue. Même si leur nombre est en baisse constante depuis 20 ans (de 232 en 2000 à 90 en 2021), ils approchent la centaine chaque saison. C’est pourquoi, bien que José Doméné-Guérin, le président de la Fédération départementale de chasse de la Seine-Maritime, ait déclaré dans une interview à Paris-Normandie que « la chasse est l’une des activités les plus réglementées et les moins accidentogènes », le Gouvernement a décidé de renforcer la législation sur la question.

Le 25 octobre, il a présenté un plan visant à encadrer la pratique de la chasse. Principales mesures envisagées : angle de tir en battue limité à 30º (pour protéger ses voisins), instauration d’un délit d’alcoolémie (responsable de 9 % des accidents), et une demi-journée du weekend sans chasse. La loi Voynet de 2000 établissait déjà un jour par semaine, mais elle a été abrogée en 2003. La France est aujourd’hui l’un des rares pays d’Europe à ne pas connaître une telle restriction.

Si les deux premières propositions ont été bien accueillies, il n’en est pas de même pour la troisième. Alain Durand, ex-président de la Fédération de chasse de Seine-Maritime, ne veut pas transiger : « Nous louons la forêt pour chasser. Les promeneurs ne paient pas pour se promener », fait-il valoir. De son côté, Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), souhaite qu’un jour entier du weekend soit sans chasse.

Cette demande fait écho à un besoin de simplification des usages. En effet, les périodes de chasse, qui s’étirent de septembre à février, varient en fonction des départements. De plus, d’autres chasses peuvent avoir lieu à d’autres moments de l’année, notamment dans les forêts domaniales, départementales et communales, et selon le type de gibier ou de chasse pratiquée. Par ailleurs, des battues administratives de régulation d’espèces peuvent être organisées à toute époque. L’Office national des forêts (ONF), qui met à disposition un calendrier des évènements prévus, ne répertorie pas les chasses sur les territoires privés. Et qui pense à le consulter avant d’aller se promener ? Mais la sécurité n’est pas le seul élément à prendre en compte.

Urbains vs ruraux

Paradoxalement, à l’heure où les chasseurs sont de moins en moins nombreux et les accidents de tir de plus en plus rares, l’acceptation de la chasse et de ses pratiques est déclinante. Pour l’anthropologue Charles Stépanoff, cité dans Le Monde, cela traduit « une évolution notable des sensibilités au sujet de la mise à mort des animaux, liée à la remise en question de nos rapports au vivant ». La prise en compte du bien-être animal gagne en influence. Sont principalement visés la chasse à courre et le « piégeage paysan », soit les chasses traditionnelles (à la glu, à la matole, au filet), décriées pour les dommages collatéraux sur des espèces protégées.

Le fossé s’élargit entre les chasseurs, qui appartiennent au monde rural, et les militants animalistes, plutôt urbains. Or, l’extension de l’habitat périurbain, proche des campagnes, augmente les interactions, et les frictions entre pro et anti-chasse. Pour tenter de réduire ce fossé, la FNC a élaboré une Charte de la chasse en France, établissant un « code de comportement du chasseur et des bonnes pratiques cynégétiques », « les principes d’une chasse durable » et la façon de « contribuer à la conservation de la biodiversité ». La révolution sociétale qui s’opère, avec la montée des courants végétarien, vegan et antispéciste, oblige à repenser les pratiques cynégétiques.

Partisans comme opposants à la chasse se revendiquent écologistes. Les premiers disent œuvrer en faveur de l’environnement. Willy Schraen, président de la FNC, assure : « Nous sommes les premiers écologistes de France, ceux qui contribuent le plus financièrement, socialement et scientifiquement à la biodiversité. » Les seconds se préoccupent du bien-être animal et de la préservation des espèces, et dénoncent l’élevage de gibier de chasse (20 millions de bêtes, selon l’Association pour la protection des animaux sauvages [Aspas]). Ils s’inquiètent également de la pollution engendrée par le plomb des munitions, et plus globalement sont soucieux d’éthique environnementale.

Au 1er janvier 2020, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) et l’Agence française de la biodiversité (AFB) ont fusionné pour former l’Office français de la biodiversité (OFB). La convergence d’intérêts des chasseurs et des écologistes devrait permettre de trouver des compromis qui satisferont chacun. À noter : le nombre de permis de chasse octroyés ne cesse de décroître (il a été divisé par deux en un demi-siècle), et la majorité des chasseurs ont plus de 55 ans.

Crédit photo : © Shutterstock - Audreyyug

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