Si les merveilles architecturales de Barcelone se visitent de jour, la capitale catalane ne dort jamais. Ici, la nuit est synonyme de partage et de fête. La ville est célèbre pour sa vie nocturne et regorge de bars et de lieux où l’on peut manger et danser jusqu’au bout de la nuit.
Par Kristina Chevalier
Lorsque le soleil se couche et que la chaleur se fait moins pesante, Barcelone change de visage. Dans tous les quartiers, bars et terrasses se remplissent. La ville ne compte pas moins de 500 bars et discothèques de tout type. Bars à tapas, chocolaterias, coctelerias (bars à cocktails), whiskerias, xampanyerias (où déguster le fameux cava catalan) ou encore bars à bières : impossible de ne pas trouver son bonheur. Choisissez ceux qui vous conviennent. Dans les quartiers de Born et Barrio Gotico, l’ambiance sophistiquée et chaleureuse attire les touristes. Les étudiants et les personnes qui recherchent le chic et le calme préfèreront Sant Gervasi – Santalo, sur les hauteurs. Le quartier de Gracia est quant à lui réputé pour être celui des artistes. Il compte de très bons restaurants. Les jeunes apprécient Poblenou, pour ses discothèques et son ambiance pop-rock. Le Gayxample (une partie du quartier de l’Eixample) est riche en cabarets et regroupe les collectifs gays et lesbiens. Où que vous alliez à Barcelone, impossible de passer une mauvaise soirée !
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Boire un verre à la Plaça Reial
Pour débuter la soirée, direction la Plaça Reial (Place royale), située dans le quartier gothique, qui est l’une des plus emblématiques de la ville. C’est aussi l’une des plus belles, avec ses réverbères dessinés par Gaudi, finement sculptés, et ses jolis palmiers. Interdite aux voitures, elle débouche sur les Ramblas. Sous les enfilades d’arcades, de multiples bars et restaurants avec terrasse, très fréquentés, sont ouverts jusque tard dans la nuit. Les tarifs sont plus élevés que dans d’autres endroits, mais un tel cadre n’a pas de prix.
N’hésitez pas à franchir les portes de l’Ocaña, du nom d’un célèbre travesti emblématique de la contre-culture urbaine de la Barcelone du XXe siècle. À la fois restaurant, café, bar à cocktails et club, c’est un lieu comme seuls les Barcelonais savent les inventer. L’Ocaña s’étend sur plus de 1000 m2, répartis sur plusieurs niveaux. La décoration très originale, faite de bric-à-brac d’objets chinés un peu partout dans le pays, vaut à elle seule le détour.
Ocaña
Plaça Reial, 13-15, 08002 Barcelona
Tél. +34 936 764 814
Une pause tapas
Les Barcelonais ont le sens de la fête et du partage. La commensalité est primordiale, et les nombreux bars à tapas jouent un rôle majeur dans la culture catalane. Voici quelques adresses incontournables dans le centre-ville.
The Sopa Boba est un superbe restaurant de tapas, de grande qualité, dont la réputation ne faillit pas depuis 2015. Ici, tout est frais, original et bien présenté. Vous avez le choix entre une vingtaine d’amuse-gueules élaborés à base de produits locaux : croquettes, patatas bravas, poulpes, dorades, tartares ou tatakis, vous ne saurez que choisir. Le lieu est ouvert jusqu’à minuit. Pensez à réserver, car le restaurant se voit souvent obligé de refuser du monde, surtout le week-end.
Autre adresse, sur les Ramblas — la plus célèbre avenue de Barcelone, où il n’est pas facile d’éviter les restaurants attrape-touristes. Taller de Tapas est une enseigne à retenir, pour découvrir de délicieuses tapas, copieuses, réalisées avec des produits frais. Les prix sont abordables et il n’y a rien à redire au service.
Situé sur la très passante rue Mallorca, Cerveceria Catalana est une véritable institution de la capitale catalane. Les tarifs sont peu élevés, et l’adresse propose un large choix de tapas de qualité. Il vous faudra donc logiquement vous armer de patience pour y obtenir une table, en terrasse, au bar ou en salle. Le service est continu du lundi au dimanche, de 8 heures (9 heures le week-end) à 1 h 30 du matin. Parfait pour les noctambules ayant une fringale !
The Sopa Boba
Carrer del Bruc, 115
Taller de Tapas
Rambla Catalunya, 49-51
Cervecería Catalana
Carrer de Mallorca, 236
El Raval : goûtez à l’authenticité
Le barrio (quartier) El Raval a longtemps eu mauvaise réputation. Désormais largement réhabilité, il reste très vivant, historique et authentique. Il est devenu branché, notamment car il abrite divers ateliers d’artistes, des galeries d’art et des librairies, sans parler de l’imposant Musée d’art contemporain de Barcelone (Macba).
Le soir, c’est un endroit où se côtoient Barcelonais et touristes. Installez-vous à un bar sans prétention et engagez la conversation ! Par exemple à l’Ovella Negra, autrefois un couvent pour nonnes, qui propose désormais à ses clients de grands pichets de bière et de sangria à des prix défiant toute concurrence.
Si vous êtes dans le quartier, passez par la Casa Almirall, un établissement ouvert en 1860. C’est l’un des plus anciens bars de Barcelone. Les touristes sont nombreux à vouloir s’asseoir sur les mêmes bancs que Picasso ou Hemingway, pour déguster comme eux un verre de vermouth. Le premier espace du bar n’a pas changé depuis sa création. Ce magnifique établissement de bois et de marbre vaut assurément le détour. Il est ouvert jusque tard le soir — 2 h 30 les vendredis et samedis.
Ovella Negra
5 Carrer Sitges, El Raval
Casa Almirall
Carrer de Joaquín Costa, El Raval
Danser jusqu’au petit matin
Les clubbers du monde entier connaissent Barcelone, qui compte quelques-unes des discothèques les plus célèbres du pays, dans lesquelles se sont produits les meilleurs DJ de la planète. Sur le port se trouvent trois institutions : l’Opium, le Shôko, et le Pacha, avec son immense espace extérieur, très fréquenté par les Français et qui rappelle les ambiances d’Ibiza. Dress code à suivre obligatoirement.
Si vous cherchez une boîte de nuit non conventionnelle, optez pour la Fira. Dans le couloir qui mène à la salle principale, des miroirs déformants amusent les clients. Le club n’est pas bling-bling, car ici, ce qui importe, ce n’est pas l’apparence mais l’ambiance. Il n’y a pas de table ni de carré VIP à la Fira : tout le monde est au même niveau et vient se déhancher sur la musique.
Il serait inconcevable de ne pas évoquer l’un des établissements les plus connus et fréquentés de Barcelone : le Razzmatazz, ou le « Razz », comme le surnomment ses aficionados. Il se situe dans le quartier de Poblenou. Rock, pop, techno, house, électro, disco.
Il y a aussi le Twenties, belle et grande discothèque fréquentée essentiellement par la jeunesse barcelonaise, proposant plusieurs styles de musique allant du reggaeton au hip-hop. Fête et ambiance assurées.
Et passez au Bling Bling, un des clubs les plus en vue sur les hauteurs de Barcelone. Endroit branché et belle clientèle, tant espagnole qu’internationale. Des espaces VIP sont proposés aux clubbers afin de danser toute la nuit sur des sons actuels, en toute liberté.
Fira
Carrer de Provença, 171, Eixample
Opium
Passeig Marítim de la Barceloneta, 34
Shôko
Passeig Marítim de la Barceloneta, 36
Pacha
Carrer de Ramon Trias Fargas, 2
Razzmatazz
Carrer dels Almogàvers, 122, Poblenou
Twenties
Carrer de Rossello, 208
Bling Bling
Carrer de Tuset, 8-10
Primavera Sound : une explosion musicale
Le festival Primavera Sound, né en 2001, est devenu en quelques années l’un des plus populaires d’Espagne, voire d’Europe. Il est réputé pour disposer de programmations novatrices, mettant à l’honneur des artistes du rock indépendant. D’abord organisé dans le Poble Espanyol sur la montagne de Montjuïc, il a désormais lieu au Parc del Fòrum (parc du Forum). Il est possible de se baigner jusqu’à 19 heures sur le site même du festival, qui est situé au bord de la mer ! Chaque année, au mois de juin, des festivaliers affluent de toute l’Europe pour cet évènement hors normes. En 2022, plus de 500 groupes ou artistes se sont produits durant dix jours de concerts. Les week-ends, le site a accueilli près de 80 000 spectateurs par soir.
Entretien avec Hans-Dieter Otto, Directeur général du Latin Palace Barcelona
À la tête de l’une des plus célèbres discothèques de la ville, Hans-Dieter Otto nous présente son établissement, et nous livre ses impressions sur Barcelone
Selon vous, qu’est-ce qui distingue Barcelone des autres métropoles et capitales en termes de vie nocturne ?
Je pense que l’un des points importants est la foule et sa forme cosmopolite. Il y a très peu d’endroits dans le monde où les cultures se mélangent autant qu’ici, à Barcelone. Les croisières en provenance d’Afrique, d’Europe et des États-Unis jouent un rôle majeur dans ce brassage.
Vous dirigez le Latin Palace, un des hauts lieux de la fête à Barcelone. Quelles sont ses spécificités ?
Une chose pour moi est très importante : nous ne célébrons pas de fêtes françaises, ou anglaises, ou allemandes au Latin Palace, un établissement qui peut accueillir 1 300 personnes. Le club porte ce nom car ce sont des fêtes latinos. Nous ne passons pas de hip-hop ou de R’n’B’, et c’est ce qui fait la différence. Chez nous, tout est latino, et cela couvre un spectre très large en termes de musiques, de rythmes et de mélodies que nous pouvons proposer : du reggaeton, en passant par le dembow — qui est la forme la plus pure du reggaeton —, sans oublier la salsa, le merengue, entre autres.
Quel est le profil de votre clientèle ?
Le profil de nos clients dépend des saisons. Entre les mois d’octobre-novembre et mars, 95 % de notre public est local, c’est-à-dire latino et espagnol. En été notre public change, nous avons environ 25 % d’étrangers, mais la grande majorité dans notre club est toujours le public latino.
Quels sont les prochains grands évènements ou soirées ?
Nous allons présenter des stars de renommée mondiale telles que Myke Towers, Gente de Zona, Tito Nieves, Farruko, etc. Et chaque semaine, nous avons des évènements avec des chanteurs latinos. Pour l’année prochaine, nous allons organiser des projets extérieurs pour des occasions spéciales, dont je ne peux pas parler pour le moment.
Vous êtes d’origine allemande, comment vous êtes-vous retrouvé à Barcelone ?
Tout a commencé en 1998, alors que j’étais vendeur d’appartements en Allemagne, et que je possédais moi-même six à sept appartements que je louais. La plupart de mes locataires étaient latinos et j’allais avec eux aux soirées latinos qu’ils organisaient. J’ai aimé cet environnement. J’ai commencé à voyager en Colombie, à Saint-Domingue, jusqu’à ce que j’ouvre la plus grande discothèque latine d’Europe à Francfort, le Latin Palace Changó. À cette époque, en 2004, j’ai eu un problème de santé et j’ai tout perdu à cause de la mauvaise gestion d’un ami. J’ai tout quitté et j’ai déménagé pour vivre à Barcelone. J’ai tout recommencé de zéro et, en travaillant dur, j’ai pu faire ce que j’ai toujours voulu, rouvrir le Latin Palace à Barcelone.