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Vénézuéla-Colombie : renforcement des relations diplomatiques et économiques

Après des tensions diplomatiques récurrentes entre le Vénézuéla et la Colombie, qui ont culminé de 2015 à 2019, les deux voisins sud-américains ont petit à petit rétabli des liens de coopération. Les conflits les opposant ont cédé face aux enjeux communs en matière d’économie et de sécurité. L’alignement idéologique des deux Chefs d’État, Nicolas Maduro et Gustavo Petro, a facilité ce renouement.

Par Marie Forest

La crise colombo-vénézuélienne a pris forme en 2015, quand le Président vénézuélien Nicolas Maduro a tapé du poing sur la table pour dénoncer les attaques d’une « mafia » de contrebandiers paramilitaires venant de Colombie sur son territoire, et décrété l’état d’exception, fermant partiellement la frontière. La fermeture totale est intervenue 4 ans plus tard, lorsque Ivan Duque, le Chef d’État colombien, a reconnu comme « président légitime » du Vénézuéla l’opposant de Nicolas Maduro, Juan Guaido, qui s’était autoproclamé Président par intérim. La rupture des liens diplomatiques fut alors consommée.

Reprise des relations diplomatiques

En 2021, les relations reprennent timidement. Au mois de mai, la Colombie rouvre, unilatéralement, sa frontière aux piétons. Le Vénézuéla suit en octobre. Mais il faut attendre 2022 et l’arrivée au pouvoir du colombien Gustavo Petro pour que les rapports se normalisent. Sa proximité idéologique avec Nicolas Maduro facilite le dialogue. Le 26 septembre, après trois ans d’hostilité, les 2 200 km de frontière sont rouverts.

Cette ouverture s’accompagne de celle des ambassades, et les relations diplomatiques sont renouées. Preuve de l’importance de cette réconciliation, les postes d’ambassadeurs sont confiés à des personnalités en vue : Félix Plasencia, ancien Ministre des Affaires étrangères vénézuélien, d’une part, et Armando Benedetti, ex-Sénateur colombien, d’autre part. Ce dernier déclare : « Les relations avec le Vénézuéla n’auraient jamais dû être rompues, nous sommes des frères et une ligne imaginaire ne peut nous séparer. » Les deux pays ont en effet des intérêts communs, aussi bien d’un point de vue économique que sécuritaire et régional.

Relance économique

La frontière est une zone économiquement stratégique pour les deux pays. Alors qu’en 2008, les échanges bilatéraux avaient atteint 7,2 milliards de dollars, ils avaient chuté à 112 millions en 2020. La reprise des flux a immédiatement fait remonter ce chiffre à 1,2 milliard en 2022, selon les estimations de la Chambre d’intégration économique colombo-vénézuélienne (Cavecol), et à 2,2 milliards en 2024, d’après la Vice-Présidente vénézuélienne Delcy Rodriguez. Armando Benedetti a déclaré que plus de 8 millions de Colombiens vivaient du commerce bilatéral avec le Vénézuéla.

D’importantes étapes ont été franchies à partir de 2022. En septembre, le ciel s’est ouvert et les vols commerciaux ont repris. Le 1er janvier 2023, le pont binational Atanasio-Girardot a été ouvert, pour le passage des véhicules privés. Ont suivi en février la réactivation des ponts Simon-Bolivar, San-Antonio-del-Tachira et Francisco-de-Paula-Santander à Ureña.

Le 16 février 2023, le 28e accord commercial entre Caracas et Bogota, conclu en 2011 et suspendu lors de la rupture diplomatique, a été actualisé et relancé. À cette occasion, Nicolas Maduro s’est engagé à établir une zone économique commune, avec des conditions spécifiques pour le commerce. De son côté, Gustavo Petro a déclaré vouloir « lever les barrières » entre les deux nations. L’accord porte entre autres sur les procédures douanières et administratives, ainsi que sur les préférences tarifaires. Le but est de coller au plus près de la réalité commerciale afin de promouvoir l’intégration, le développement, l’équilibre économique, le commerce bilatéral ; de stimuler les chaînes productives ; de parvenir à une complémentarité économique.

En 2025, un protocole d’accord a été signé, ouvrant la voie à la création d’une zone économique conjointe entre les États vénézuéliens de Tachira et de Zulia, et le département colombien de Norte de Santander. La Ministre colombienne du Commerce, Diana Marcela Morales, estime que « cette intégration […] permet de renforcer des secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire, l’énergie et l’industrie, au bénéfice des communautés frontalières. » Le projet comprendrait des plans d’interconnexion électrique, des investissements dans le gaz et le pétrole, et une règlementation des opérations de change à la frontière pour faciliter les échanges commerciaux.

Coopération sécuritaire

La sécurité est un enjeu de taille. La situation qui a prévalu durant la rupture diplomatique des deux États sud-américains a favorisé la montée en puissance de la contrebande de marchandises, ainsi que le trafic de drogue et d’êtres humains. Des milliers de Vénézuéliens ont ainsi eu recours à des passeurs pour se réfugier en Colombie, leur premier pays d’accueil. La diaspora compte aujourd’hui environ 2,9 millions de personnes sur ce territoire.

De plus, la zone frontalière dans la région du Catatumbo est un épicentre de la production et du trafic de cocaïne (la Colombie en est le 1er producteur mondial). On y trouve aussi les principaux couloirs de circulation des membres de groupes armés colombiens, notamment de guérilla. Récemment, en janvier 2025, le lieu a été le théâtre d’affrontements meurtriers entre l’Armée de libération nationale (ELN) et le 33e Front (un groupe issu de la démobilisation en 2017 des Forces armées révolutionnaires de Colombie [FARC]). Les combats et les exactions commises par les deux camps auraient contraint plus de 56 000 personnes à fuir. Le Président Gustavo Petro a contacté le Gouvernement vénézuélien pour mettre en place un « plan commun pour éradiquer les groupes armés à la frontière ».

La réponse à cette situation ne peut en effet qu’être coordonnée entre Caracas et Bogota. Le renforcement de la présence des autorités aux postes frontaliers a été prévu dans les accords signés en 2023 par les Ministres de la Défense vénézuélien, Vladimir Padrino Lopez, et colombien, Ivan Velasquez. Une feuille de route binationale a été établie en termes de sécurité et de défense pour rendre plus efficaces les actions des forces policières et militaires de chaque territoire. En août 2025, Nicolas Maduro a annoncé un renforcement opérationnel et le déploiement de 15 000 membres des forces de sécurité à la frontière avec la Colombie pour lutter contre le narcotrafic.

Les écueils du rapprochement

Sur le plan du positionnement régional, la situation est complexe. Les Présidents colombien et vénézuélien sont tous deux des populistes de gauche, ce qui laisse penser à une certaine affinité et convergence de points de vue. Gustavo Petro tente d’impliquer son homologue dans les négociations régionales, notamment sur les sujets de la transition écologique et des droits humains, mais cette entreprise est délicate et crée parfois des tensions diplomatiques avec d’autres pays.

Les deux hommes sont très controversés dans leurs pays respectifs, du fait d’une situation économique dramatique au Vénézuéla et très préoccupante en Colombie. Ils bafouent les libertés et sont considérés par beaucoup d’experts de la situation politique en Amérique latine comme de plus en plus autoritaires. En outre, la situation sécuritaire s’est dégradée.

La récente réélection de Nicolas Maduro, fortement soupçonnée d’être entachée de fraude, est contestée dans son pays et par nombre d’États dans le monde. L’alliance colombo-vénézuélienne s’en trouve fragilisée. Gustavo Petro, s’il tient à garder une relation bilatérale privilégiée, doit néanmoins tenir compte de l’avis de ses concitoyens, qui dénoncent notamment les atteintes aux droits humains au Vénézuéla, un pays désormais considéré comme s’enfonçant dans la dictature. Du côté colombien aussi, la démocratie est remise en jeu avec l’assassinat en juin dernier du jeune sénateur et candidat à la présidence Miguel Uribe Turbay. Les écueils semblent à nouveau se dresser sur le chemin du rapprochement entre Caracas et Bogota.

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