Onze jours. C’est le temps qu’il a fallu pour mettre fin à 54 années de dictature de la famille el-Assad.
Le 8 décembre, à l’issue d’une offensive fulgurante, la capitale de la Syrie, Damas, est tombée aux mains de la coalition guidée par le groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS). À l’annonce de la fuite de Bachar el-Assad, les Syriens ont explosé de joie, où qu’ils soient dans le monde. Au fil des ans, environ 5,5 millions d’entre eux ont quitté leur pays et se sont enregistrés comme réfugiés, se mettant à l’abri de la cruauté du « boucher de Damas », comme est surnommé Bachar el-Assad. Ce dernier a succédé à son père, Hafez el-Assad, en juillet 2000. À partir de 2011, il a réprimé les manifestations liées aux « printemps arabes » dans la violence et le sang, avant que les contestations se transforment en révolte, puis en guerre civile. Bachar el-Assad a alors formé une coalition contre Daech, notamment avec la Russie de Vladimir Poutine, dont il est proche depuis des années et auprès duquel il s’est aujourd’hui réfugié.
La fuite d’el-Assad signifie la fin de la terreur pour des millions de Syriens. Les opposants au régime enfermés dans la tristement célèbre prison de Saidnaya, symbole de la répression étatique, ont été libérés. L’ampleur de la barbarie du régime apparaît au grand jour, alors que des fosses communes sont découvertes. Des dizaines de milliers de Syriens — hommes, femmes, enfants — y auraient été enterrés après avoir été torturés ou assassinés. Plus de 150 000 personnes sont toujours portées disparues. Nul ne sait encore si les responsables de ces atrocités, au premier plan desquels l’ancien Président en exil, seront un jour jugés pour leurs actes.
Pour le pays, tous les espoirs sont permis. L’ancien chef de la branche d’Al-Qaïda en Syrie, Abou Mohammad al-Jolani, a promis le calme, la stabilité et la tolérance religieuse aux Syriens. « Les gens sont épuisés par la guerre. Le pays n’est pas prêt pour une autre », a-t-il déclaré récemment. Mohammad al-Bachir a été nommé Premier ministre le 12 décembre. Il est chargé de diriger le Gouvernement transitoire jusqu’au 1er mars 2025. Ce gouvernement devrait, lui, rester en place durant les 6 à 18 mois nécessaires à la rédaction d’une nouvelle constitution.