Le Burundi, longtemps marginalisé en raison de sa pauvreté et de son surendettement, s’efforce de regagner la confiance internationale en multipliant les coopérations stratégiques afin de favoriser son développement. Sous la direction de son Président Évariste Ndayishimiye, le pays a adopté une approche proactive pour renforcer ses relations avec divers partenaires, tout en mettant en œuvre des réformes internes en vue d’améliorer sa gouvernance et son économie.
Par Feliana Citradewi
Depuis l’accession d’Évariste Ndayishimiye à la présidence du Burundi en 2020, le pays a intensifié ses efforts pour établir des partenariats solides avec des nations comme la Chine, la Russie et les États-Unis, ainsi qu’avec des organisations internationales comme les Nations unies et l’Union européenne. Par exemple, le Plan-cadre de coopération pour le développement durable signé avec l’ONU en novembre 2022 vise à rendre la société burundaise plus prospère, inclusive et résiliente d’ici 2027, avec des investissements clés dans la santé, l’éducation et les infrastructures. Le Ministre des Affaires étrangères a souligné la participation active du Burundi à de nombreux sommets internationaux, dont la COP28 à Dubaï, où le Président Ndayishimiye a discuté de la lutte contre le changement climatique et rencontré des investisseurs. Un accord de 50 millions de dollars a été signé avec l’Arabie saoudite afin de réhabiliter l’hôpital Roi-Khaled, en plus des 30 millions de dollars alloués par le ministère des Finances.
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Le Burundi a également participé à plusieurs autres sommets internationaux, notamment le Sommet du G77+Chine à La Havane (Cuba), et il est souvent perçu comme une plateforme où les voix des pays les moins favorisés se font entendre, avec un certain ressentiment, contre l’Occident. En outre, Gitega a été représenté à la 3e Conférence extraordinaire des chefs d’État et de Gouvernement de la CEEAC, qui s’est concentrée sur la situation au Gabon, ainsi qu’au Sommet des BRICS à Johannesburg, illustrant la confiance des grandes nations envers le pays. Par ailleurs, le Burundi a accueilli des délégations de plusieurs pays, dont la Somalie et le Gabon, et le président de la FIFA, Gianni Infantino. Ces engagements témoignent de sa volonté de renforcer sa coopération internationale et d’attirer des investissements pour son développement.
Une relation historique et florissante
Le Burundi et la Chine
Les relations diplomatiques entre le Burundi et la Chine remontent au 21 décembre 1963, sous les leaderships du Roi Mwambutsa IV Bangiriceng et de Mao Zedong. Interrompues en 1965, elles ont été rétablies par le Président burundais Michel Micombero et se sont renforcées au fil des décennies. Aujourd’hui, cette coopération continue de croître, illustrant un partenariat robuste et multifacette avec des projets conjoints remarquables, tels que la construction d’infrastructures ou le renforcement des capacités locales.
En 2023, la visite d’Évariste Ndayishimiye en Chine a marqué une étape importante dans cette relation. Lors de la rencontre du chef d’État burundais et du Président chinois Xi Jinping à Chengdu, ont été réaffirmés les engagements des deux pays de renforcer leur coopération dans divers domaines. Pékin a promis d’accélérer les projets de coopération majeurs et de soutenir l’exportation des produits agricoles burundais vers la Chine. En 2022, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a atteint 130 millions de dollars. Les exportations du Burundi vers la Chine ont connu une augmentation de 17,1 % pour atteindre 10 millions de dollars en 2023, tandis que les investissements directs des entreprises chinoises au Burundi s’élevaient à 19,59 millions de dollars.
Le Burundi a historiquement une solide relation commerciale avec la Chine. Il a également signé des accords de coopération avec la Russie dans les domaines de la défense et de la sécurité, renforçant ainsi sa position sur la scène internationale. Les relations avec Moscou se sont approfondies. En mai 2023, le Ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a annoncé la finalisation d’un accord de coopération sur l’énergie nucléaire, marquant un tournant significatif dans les relations bilatérales. Cet accord vise à aider le Burundi à développer des capacités nucléaires pour un usage pacifique, ce qui pourrait transformer le paysage énergétique du pays.
Un regain de confiance envers le Burundi se manifeste par l’octroi de plusieurs aides, et l’allègement de ses dettes et pénalités. En 2022, les États-Unis et l’Union européenne ont levé les sanctions économiques imposées sous l’ancien régime du Président Pierre Nkurunziza, rétablissant l’aide financière directe au budget du pays, ce qui a constitué un coup de pouce significatif pour son économie. Les initiatives de coopération internationale du Burundi ont déjà donné des résultats tangibles ; par exemple, l’amélioration des relations avec les donateurs internationaux a permis de mobiliser des ressources pour des projets de développement essentiels. Le budget annuel moyen pour les projets de coopération internationale a considérablement augmenté, atteignant 4,35 milliards de francs burundais (environ 1,39 million d’euros) pour la période 2023-2027. L’engagement du Gouvernement à promouvoir la transparence et à lutter contre la corruption a contribué à restaurer la confiance des partenaires internationaux et à attirer de nouveaux investissements.
Le Burundi se tourne vers l’Est : le déclin de l’influence occidentale
Les alliances orientales fortes du Burundi, notamment avec la Chine et la Russie, ont significativement influencé ses relations avec l’Occident. Les interactions avec celui-ci se limitent souvent à l’aide internationale et aux collaborations indirectes via des organisations internationales. De plus, des déclarations comme celle d’Évariste Ndayishimiye, qui affirmait l’année dernière que l’homosexualité était « importée de l’Occident », ont renforcé le sentiment anti-occidental. Sa position contre l’homosexualité, largement condamnée par les gouvernements occidentaux et les défenseurs des droits de l’homme, ont contribué à éloigner davantage les deux entités. Malgré cela, le Burundi continue de diversifier ses partenariats internationaux, cherchant à équilibrer les influences des grandes puissances tout en poursuivant son propre développement économique et social. Le pays s’efforce de tirer parti des opportunités offertes par ses alliances avec l’Est, tout en maintenant des relations constructives avec les nations de l’Ouest.
Gitega doit encore relever plusieurs défis pour maintenir sa dynamique positive. Les tensions régionales, notamment avec le Rwanda, et les questions internes de gouvernance, de lutte contre la corruption et de droits de l’homme restent des obstacles majeurs. Au travers de la stratégie de coopération internationale du Burundi, la présidence d’Évariste Ndayishimiye a ouvert de nouvelles opportunités pour le développement du pays. Les partenariats renforcés avec plusieurs nations développées et organisations internationales ont permis de mobiliser des ressources essentielles et d’accélérer la croissance économique. Reste à voir si la politique internationale du Burundi sera davantage neutre ou si elle se soumettra à l’influence des géants communistes. Le futur du pays dépendra de sa capacité à équilibrer ses alliances stratégiques tout en maintenant son indépendance politique et économique.