Par Olivier Becht
L’actuel Ministre délégué chargé du commerce extérieur, de l’attractivité et des Français de l’étranger, par ailleurs coprésident de la Commission intergouvernementale franco-kazakhstanaise pour la coopération économique, livre son ressenti sur les échanges entre la France et le Kazakhstan, au lendemain de la visite officielle du Chef de l’État français à Astana.
En accompagnant le Président de la République au Kazakhstan dans le cadre du déplacement officiel du 1er novembre dernier, j’ai eu l’immense plaisir non seulement de revenir dans un pays qui m’avait réservé en mai dernier un accueil des plus chaleureux, mais également de voir avancer ou se concrétiser un certain nombre des dossiers qui avaient été au cœur de mes échanges avec les autorités locales.
Ce contenu est réservé aux abonnés
Ces déplacements faisaient naturellement écho à la visite du Président Tokayev à Paris il y a un an — et qui avait donné lieu à la conclusion d’une trentaine de contrats ou d’engagements économiques, ainsi qu’à un accord intergouvernemental dans le domaine des énergies renouvelables —, suivie par celles de plusieurs ministres kazakhstanais ces derniers mois.
Dans les deux sens, ces visites ont été capitales. Elles ont permis de constater nos nombreuses convergences de vues et de consolider nos liens. En célébrant l’amitié profonde et la confiance qui unissent nos deux pays, en saluant les échanges politiques et humains qui nourrissent ces liens au quotidien, nous nous donnons les moyens d’approfondir notre coopération — déjà avancée grâce au partenariat stratégique noué il y a 15 ans — sur le plan économique, au service du resserrement des liens entre nos deux peuples.
Célébrer nos convergences de vues
Dans un monde de plus en plus troublé, fragmenté, marqué par la désinhibition du recours à la force, frappé par le terrorisme, la France et le Kazakhstan sont liés par une relation privilégiée, un même attachement au multilatéralisme, à un ordre international fondé sur le droit et la souveraineté de l’intégrité territoriale des États, alors que la Russie poursuit sa guerre d’agression contre l’Ukraine.
Nos deux pays convergent par ailleurs fortement sur les enjeux globaux, sur la lutte contre le changement climatique, sur la gestion durable des ressources en eau. Ce sont des défis urgents qui affectent toute la planète, mais particulièrement l’Asie centrale, et le Kazakhstan en a pris toute la mesure.
Je ne peux aussi que saluer les relations de plus en plus étroites qui se nouent entre l’Asie centrale et l’Union européenne. Au fond, nous agissons, au plan bilatéral comme au plan européen, pour renforcer nos souverainetés respectives, notre sécurité, et pour faire face, ensemble, aux grandes transformations qui touchent nos pays et nos sociétés. En ces temps difficiles, j’y vois un motif d’espérance.
Approfondir notre coopération économique
Comme coprésident de la Commission intergouvernementale franco-kazakhstanaise pour la coopération économique, dont j’ai ouvert la 15e session de mai dernier, je l’affirme avec conviction : c’est à travers les partenariats économiques que nous approfondirons notre relation.
C’est pour cette raison qu’une importante délégation économique, construite avec le Medef international, comptant près de 30 représentants d’entreprises, m’avait accompagné en mai. En novembre, une cinquantaine d’entreprises ont participé au voyage présidentiel ! Force est de constater que nos entreprises, déjà solidement implantées dans le pays, sont de plus en plus nombreuses à y accorder un intérêt.
La signature du partenariat stratégique franco-kazakhstanais a ouvert la voie, en 2008, à des investissements ambitieux dans des projets industriels et énergétiques majeurs. Nombre de grandes entreprises françaises dans ce domaine sont implantées au Kazakhstan : Alstom, Airbus, Orano, Air Liquide sont à l’origine de coopérations qui constituent le ciment de notre relation bilatérale.
Nous devons cependant aujourd’hui aller plus loin dans de nombreux domaines, en matière de transition énergétique notamment, alors que le Kazakhstan s’est fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2060. Les entreprises et les autorités françaises soutiennent pleinement cet effort, comme en a témoigné la signature, le 1er novembre, du pacte créant la coentreprise impliquant TotalEnergies, en charge de développer la ferme éolienne de Mirny. Avec une capacité installée de 1,2 GW, il s’agira de l’une des plus grandes du monde.
Au niveau bilatéral, comme au niveau européen, nous avons également décidé de construire un partenariat majeur autour des métaux critiques, ces derniers jouant un rôle crucial et croissant dans la transition énergétique et la poursuite de nos objectifs climatiques.
Je voudrais rappeler aussi que la feuille de route 2021-2030, signée il y a 2 ans, fixe des priorités dans de nouveaux secteurs tels que l’agriculture, la santé et les ressources en eau. En matière d’agriculture, et alors que le Kazakhstan joue un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire mondiale, je suis convaincu que les entreprises françaises peuvent apporter une expertise substantielle.
La santé est un autre axe essentiel de nos nouveaux partenariats, à travers le développement de la télémédecine et de coopérations en matière de cancérologie. Lors du déplacement du Président Macron, Boehringer Ingelheim et QazBioPharm ont signé un accord pour la production en commun de vaccins contre la fièvre aphteuse.
Resserrer les liens entre nos peuples
Dans la perspective de ces nombreuses coopérations, nous devons continuer, avec détermination, à travailler à l’essor d’échanges durables en matière d’éducation et d’enseignement supérieur, et notamment au renforcement des mobilités étudiantes.
C’est ainsi que nous ferons naître de nouvelles générations de femmes, d’hommes et de projets au service d’un partenariat toujours plus étroit entre nos deux pays.
Notre relation d’exception doit pouvoir conduire à davantage de prospérité pour le Kazakhstan, pour la France et pour nos deux peuples.