La vie des Africains est souvent faite d’inquiétudes et d’espoirs. Mais le conflit n’est pas la norme. Alors que les coups d’État des juntes militaires en Guinée-Conakry, au Mali, au Burkina Faso et encore dernièrement au Soudan ont plongé les populations de ces pays dans l’effroi et inquiètent la communauté internationale, d’autres États ont fait le choix de la stabilité politique et de l’alternance. Leurs présidents, emprunts de valeurs démocratiques, sont conscients que l’instabilité nuit au développement économique et social. Ils font preuve d’un esprit neuf, délaissant leur ambition personnelle pour « le bien-être de la nation », comme le dit Umaro Sissoco Embalo, à la tête de la Guinée-Bissau. Ce dernier a su prendre la bonne décision le 8 juin dernier, après que son parti — le Mouvement pour l’alternance démocratique (Madem) — a largement perdu les élections législatives face à la coalition portée par le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Dans un pays à l’histoire marquée par l’instabilité politique et les coups d’État, Umaro Sissoco Embalo a accepté la cohabitation et nommé son opposant Domingos Simões Pereira au poste de Premier ministre. « En politique, il n’y a pas d’ennemis permanents », a-t-il déclaré.
Si une nouvelle ère politique s’ouvre en Guinée-Bissau, c’est également le cas au Nigéria qui, après avoir vécu une alternance historique à sa tête en 2015, a connu une élection présidentielle calme et apaisée en 2022. Le Président Muhammadu Buhari avait annoncé en 2020 qu’il était « déterminé à contribuer au renforcement du processus électoral », et qu’il ne se représenterait pas à l’issue de son mandat. Il a tenu parole, et Bola Tinubu lui a succédé début 2023.
Enfin, récemment, le Sénégal a prouvé la force de son terreau démocratique. Macky Sall, Président de la République, a déclaré le 3 juillet qu’il ne serait finalement pas candidat à un troisième mandat lors de l’élection présidentielle de février 2024. « J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit, écrit et répété, ici et ailleurs, c’est-à-dire que le mandat de 2019 était mon second et dernier mandat », a-t-il déclaré, ajoutant : « J’ai un code d’honneur et un sens de la responsabilité historique qui me commandent de préserver ma dignité et ma parole. ». La décision du President Sall a été salué par la classe politique sénégalaise mais aussi par l’ensemble des dirigeants de la communauté internationale prouvant ainsi une nouvelle fois la maturité politique du Sénégal.
Par leurs actes, ces chefs d’État africains prouvent au monde entier que le respect du processus démocratique est bien plus ancré en Afrique que sur d’autres continents, et montrent le chemin à d’autres présidents, en fin de mandat et encore incapables de laisser le pouvoir.