Dans un tournant historique, à la suite d’une tentative d’assassinat perpétrée contre Donald Trump lors d’un rassemblement de campagne près de Butler, en Pennsylvanie, en juillet 2024, le Président Joe Biden a annoncé son retrait de la course à la présidentielle. Il apporte désormais son soutien à la Vice-Présidente Kamala Harris. Cette décision inattendue a bouleversé le paysage politique. L’élection risque d’être très controversée, avec un Donald Trump plus déterminé que jamais.
Par Feliana Citradewi
Le 13 juillet dernier, un jeune homme de 20 ans, Thomas Matthew Crooks, a tiré huit coups de feu : Donald Trump a été blessé à l’oreille droite, et un spectateur, Corey Comperatore, a été tué. Thomas Matthew Crooks est alors abattu par l’équipe de tireurs d’élite du Secret Service. Très rapidement, de nombreuses critiques sur les failles de sécurité lors du rassemblement ont conduit à la démission de la directrice du Secret Service, Kimberly Cheatle, qui est sous les ordres de la présidence. Le Président Joe Biden a ordonné une révision indépendante des mesures de sécurité et appelé à une réduction de la rhétorique politique violente, soulignant l’importance de résoudre les différends de manière pacifique. Trump a rapidement repris ses activités de campagne, apparaissant deux jours plus tard à la Convention nationale républicaine à Milwaukee, où il a été ovationné par ses partisans. Les images de l’ex-Président, le poing levé en signe de défi malgré sa blessure, sont devenues virales sur les réseaux sociaux.
Ce contenu est réservé aux abonnés
L’attentat a intensifié les tensions politiques dans le pays de l’Oncle Sam. Vite considéré comme un complot par certains, il joue déjà en faveur de Donald Trump en renforçant son image de personnage fort, de combattant résilient, persécuté par ses adversaires. Cela pourrait galvaniser ses soutiens et attirer davantage de sympathie. C’est dans ce nouveau contexte que le Président Biden a décidé de se retirer, après, de plus, une série de moments difficiles, notamment une performance médiocre lors d’un débat télévisé, et des pressions significatives au sein de son parti. C’est la première fois depuis Lyndon B. Johnson en 1968 qu’un président en exercice choisit volontairement de ne pas se représenter.
La campagne de Joe Biden a été émaillée de nombreux faux-pas, y compris des erreurs stratégiques et des préoccupations concernant son âge et sa santé. La candidate démocrate Kamala Harris doit naviguer dans ce climat de tension accrue, rattraper le retard pris par son prédécesseur, tout en construisant une campagne capable de rivaliser avec celle d’un Donald Trump renforcé par sa tentative d’assassinat. La capacité de Harris à se positionner comme une figure de changement tout en maintenant une rhétorique apaisante sera cruciale pour attirer les électeurs indécis et les modérés, décisifs pour gagner cette élection. Heureusement pour elle, le soutien de Barack et Michelle Obama, annoncé le 26 juillet, a considérablement renforcé sa position en unissant les démocrates autour d’elle, juste après que Trump a exhorté sur les réseaux sociaux ses partisans à « Lutter, lutter, lutter! ». À 78 ans, le candidat républicain s’efforce de réorienter sa campagne alors qu’il se trouve confronté à une candidate énergisée, âgée de deux décennies de moins que lui.
Kamala Harris
Une candidature historique
La nomination de la Vice-Présidente Kamala Harris à l’investiture démocrate est historique. Elle est la première femme de couleur et la première Asio-Américaine à être désignée par un grand parti pour briguer la présidence, évènement qui rappelle la candidature de Barack Obama. Cette avancée marque un tournant significatif dans la politique américaine, reflétant une diversification croissante et une ouverture à des représentations plus inclusives au plus haut niveau du Gouvernement. Harris bénéficie d’un soutien important parmi les électeurs démocrates, surpassant dans les sondages d’autres figures comme le gouverneur Gavin Newsom ou la gouverneure Gretchen Whitmer. Sa candidature est perçue comme un geste audacieux pour mobiliser une coalition diversifiée d’électeurs, notamment les femmes, les minorités et les jeunes Américains.
Néanmoins, Donald Trump n’a pas hésité à critiquer le retrait de Joe Biden et la candidature de Kamala Harris. Il a estimé que la décision de Biden montrait son incapacité à servir, et il a attaqué Harris sur plusieurs fronts, remettant en question ses qualifications et ses capacités de leadership. La campagne de Trump devrait se concentrer sur son bilan et sa promesse de « rendre à nouveau l’Amérique grande », tout en s’appuyant sur sa solide base de partisans.
Pourtant, le bilan du Président Biden est plutôt positif sur le plan économique, avec une croissance notable, un taux de chômage historiquement bas et une augmentation des investissements dans les infrastructures. Ses initiatives, telles que le plan de relance économique et les réformes en matière de soins de santé, ont été largement saluées. En dépit de certains défis restant à relever, comme les tensions internationales ou les débats politiques internes, la gestion économique du Président démocrate a permis de stabiliser et de stimuler l’économie américaine, lui valant des éloges pour sa capacité à naviguer dans des temps difficiles.
Fidèle à sa stratégie agressive, Donald Trump a déposé plainte auprès de la Commission électorale fédérale contre la Vice-Présidente Kamala Harris. Il l’accuse d’avoir enfreint les lois fédérales sur le financement de campagne en remplaçant le nom de Joe Biden par le sien pour prendre le contrôle des fonds qui y étaient affectés. Des questions ont été soulevées sur la légitimité de réaffecter les fonds initialement collectés pour Biden à la campagne de Harris. De plus, l’équipe de Trump est susceptible de contester Harris sur plusieurs fronts, juridique et politique — notamment son rôle dans l’administration actuelle —, et de l’attaquer sur des questions clés telles que l’immigration et la santé, secteurs où le bilan des années Biden est plus mitigé.
Données des sondages récents
Les sondages récents montrent une partition électorale très serrée. Selon certaines données, Kamala Harris devancerait légèrement Donald Trump avec une moyenne de 44 % contre 42 %. Cependant, des sondages prédisent une avance de seulement un point, comme celui de Morning Consult en date du 25 juillet (46 % contre 45 %), quand d’autres voient au contraire l’écart se creuser, comme celui de CNN qui indique que Harris pourrait avoir une avance plus forte que Biden face à Trump, soulignant sa popularité croissante parmi les électeurs démocrates et indépendants.
Rien n’est joué. À l’approche de l’élection, les deux candidats font face à des défis significatifs. Kamala Harris doit bâtir une coalition large et répondre aux préoccupations de ceux qui étaient fidèles à Joe Biden, tandis que Donald Trump doit encore livrer plusieurs batailles juridiques et atténuer les controverses qui entourent sa candidature. L’élection de 2024 promet d’être l’une des plus imprévisibles et surveillées de l’histoire récente.