Le Kazakhstan ne figure pas en tête de liste des séjours des tour-opérateurs, et pourtant il ne manque pas d’atouts pour les touristes à la recherche d’un voyage authentique et de merveilles naturelles.
Par Stanislas Gaissudens
Le tourisme est pour le Kazakhstan un secteur prioritaire, entrant dans la stratégie de diversification de l’économie. Il représente également une opportunité énorme pour l’emploi. À ce jour, environ 500 000 personnes travaillent dans ce domaine, et ce chiffre ne cesse d’augmenter à mesure que le secteur poursuit sa croissance. Le Kazakhstan s’appuie pour le développer sur la stratégie dite des « 4E » (Environment, Ethnicity, Entertainment, Events), symbolisant ses principaux atouts.
Environ 9 millions de visiteurs découvrent chaque année le Kazakhstan. Les Français connaissent peu ce vaste territoire qui, pourtant, a tant à offrir. Ce pays de nomades ne se limite pas aux steppes. Il déploie une mosaïque de paysages, des lacs de couleurs turquoise et rose aux déserts de sable, en passant par les canyons et les sommets enneigés. Il est une destination phare pour les amoureux de la nature. Ceux que l’histoire passionne y trouveront également leur compte. Almaty est souvent le point de départ de diverses excursions touristiques. Il faut dire que le sud du pays, comprenant les régions d’Almaty, Jambyl, Turkestan et Kyzyl-Orda, est la zone la plus vaste et la plus diversifiée. Sur ce territoire se trouvent de nombreux monuments témoignant de l’importance ancestrale du Kazakhstan sur l’ancienne route de la soie, mais aussi les montagnes Tian Shan culminant à plus de 7 000 m, des lacs, des rivières torrentielles, des déserts, des steppes et des forêts.
Ce contenu est réservé aux abonnés
Vous ne pourrez qu’être séduits par la gentillesse et l’accueil des Kazakhs : ici, l’hospitalité n’est pas un vain mot, c’est un art de vivre.
Le saviez-vous ?
Depuis le 1er janvier 2022, les citoyens français (comme les ressortissants de 53 autres pays) sont exemptés de visa pour les courts séjours (jusqu’à 30 jours).
Le grand écart climatique !
Le climat du Kazakhstan frappe par ses contrastes. Il est majoritairement continental, avec des températures moyennes comprises entre -4 et -19°C en janvier et entre +19 et +26°C en juillet. Selon que vous soyez dans l’ouest, le long de la Caspienne ou dans le nord à Petropavlovsk, les écarts seront également importants. Mais même si par endroits le thermomètre peut chuter jusqu’à -40°C en hiver et grimper jusqu’à +40°C en été, la faible humidité de l’air permet de supporter assez aisément de telles extrémités.
Des vestiges archéologiques exceptionnels
Les vestiges trouvés au Kazakhstan témoignent d’une implantation humaine de très longue date. Étonnement, les premières communautés n’étaient pas nomades, mais bel et bien sédentaires, comme le prouvent des vestiges retrouvés à Tian Shan. Les preuves disséminées sur le territoire et analysées par les archéologues ont démontré que les peuples anciens avaient domestiqué le cheval il y a plus de 5 000 ans. Les fouilles permettent de mettre au jour des merveilles archéologiques, comme celles de la culture Begazy-Dandybaï, dans les pleines montagneuses de la région de Karaganda, où encore à Tamgaly, dans la région d’Almaty, reconnu pour ses 5 000 exceptionnels pétroglyphes de l’âge de bronze.
D’incroyables trésors ont été découverts dans le pays. Ils sont l’héritage des Sakas, aussi appelés Scythes de l’Altaï. Ces peuples des steppes, vivant 700 ans avant notre ère, se passionnaient pour l’or, les armes et les chevaux. Leurs orfèvres confectionnaient des bijoux admirables. En 1969, la découverte de « l’Homme d’or » à Issyk fut exceptionnelle. Les archéologues avaient mis au jour les restes d’un jeune adulte, enterré avec son armure de guerre et d’autres présents funéraires, dont 4 000 objets en or. Ce guerrier, dont l’armure est exposée au Musée national de la République du Kazakhstan, à Astana, est devenu le symbole du Kazakhstan moderne. À ce jour, le mystère subsiste encore sur son identité.
Des mausolées exceptionnels
Situé dans la ville de Turkestan (anciennement Yassi), le mausolée du maître soufi Khoja Ahmed Yassawi est l’une des grandes merveilles du Kazakhstan. Il fut construit à l’époque de Tamerlan, de 1389 à 1405. Dans ce bâtiment, dont certaines parties demeurent inachevées, les maîtres constructeurs perses ont expérimenté de nouvelles solutions architecturales et structurelles, par la suite adoptées pour l’édification de Samarcande, capitale de l’Empire timouride. Le mausolée en briques cuites mêlées de mortier et d’argile, couronné d’un double dôme décoré de tuiles turquoises et dorées, atteint 39 m à son point culminant. Ce chef-d’œuvre architectural se compose de 35 salles, dont la principale abrite le Taïqazan, immense chaudron datant de 1399. Il s’agit d’une structure multifonctionnelle de type khanaqa, c’est-à-dire à la fois mausolée et mosquée. C’est aujourd’hui l’une des constructions les plus grandes et les mieux conservées de l’époque timouride. En 2003, elle fut inscrite par l’Unesco comme Patrimoine mondial de l’humanité. C’est le premier monument kazakhstanais à bénéficier d’une telle reconnaissance.
Peut-être moins exceptionnel, mais tout aussi intéressant : le mausolée d’Arystan Bab, le mentor spirituel de Khoja Ahmed Yassawi, fondé au XIIe siècle, est l’un des endroits les plus sacrés de la région du Turkestan. Également situé dans le sud du pays, il vaut largement le détour.
Hospitalité et gastronomie
L’accueil des invités est primordial pour les Kazakhs, il fait partie de l’ADN national. L’hospitalité est même un impératif culturel du mode de vie nomade. Cela était synonyme de survie, dans les conditions climatiques parfois extrêmes qui régnaient sur ces terres. Chaque voyageur pouvait être certain que, partout où il irait, il serait hébergé et nourri. Souvent, un mouton était égorgé à l’arrivée de l’hôte, et de la nourriture lui était offerte pour le reste de son voyage (sarqyt). Aujourd’hui, les temps ont changé — et les moyens de transport également —, mais il subsiste toujours au Kazakhstan une forte tradition d’accueil. La commensalité y est extrêmement importante.
Ici, vous savourerez une nourriture réconfortante. La viande fait partie intégrante du régime alimentaire des Kazakhs. Le cheval, s’il est primordial dans la culture des populations nomades pour se déplacer (chevaux de course), est également représenté par d’autres races élevées pour la viande, largement consommée dans le pays. On la retrouve dans des spécialités telles que le shujyk, le jal, le jaya, le qarta ou le qazy, un saucisson de cheval fumé. La viande de mouton est aussi très présente dans la gastronomie locale. Il est possible de la consommer en brochettes (shashliks), avec du riz et des légumes (palaououplov), ou encore dans des beignets fourrés cuits dans un four en forme de jarre enfoui dans le sol (tandyr samsas).
Les pâtes sont également très présentes, et notamment les laghman, de longues nouilles faites à la main et servies dans un bouillon accompagné de viande et de légumes.
Mais le principal plat traditionnel kazakh est le beshbarmak. Il s’agit d’un assortiment de viandes de cheval, d’agneau et de bœuf bouillies avec de fins carreaux de pâte de blé dans un bouillon et abondamment garnies de rondelles d’oignon cuites. Le beshbarmak est servi selon un rituel précis, adapté au prestige de l’invité.
Appréciez votre repas accompagné d’un bon thé noir au lait ou d’un thé vert, ainsi que de baouyrsak (beignets salés frits dans l’huile bouillante).
Pays d’accueil des 5es Jeux mondiaux nomades en 2024
Le Kazakhstan accueillera en 2024 les 5es Jeux mondiaux nomades. Cet évènement a été créé par le Kirghizstan, où a eu lieu la première édition en septembre 2014. Les athlètes concourent dans des sports tels que la lutte, le tir à l’arc, les sports hippiques ou la fauconnerie. La retransmission télévisée des premiers Jeux avait touché 230 millions de personnes.
Les Jeux mondiaux nomades visent à promouvoir « le mouvement ethnosportif et ethnoculturel dans le monde ». Ils permettent de défendre la diversité et l’originalité des peuples afin de favoriser une relation plus tolérante et ouverte entre eux. Une attention particulière est également accordée à l’écologie, et à la sauvegarde de l’habitat de peuples nomades. Lors des 4es Jeux mondiaux nomades qui se sont déroulés du 29 septembre au 2 octobre 2022 dans la ville turque d’Iznik, l’équipe nationale du Kazakhstan a remporté trois médailles d’or, quatre d’argent et deux de bronze. En 2024, au Kazakhstan, pas moins de 3 000 athlètes de 77 pays devraient participer à des compétitions dans 37 types d’ethnosports.
Une nature préservée
Les paysages grandioses du Kazakhstan sont enchanteurs. Les Kazakhstanais sont très attachés à la préservation de leur environnement, qui contribue au développement de l’écotourisme. Le pays possède dix parcs nationaux et dix réserves naturelles. Tous sont protégés et accessibles gratuitement.
Parmi les parcs nationaux, celui d’Altyn Emel (« selle d’or » en kazakh) est l’un des plus exceptionnels. Il a été reconnu Réserve de biosphère par l’Unesco en juin 2017, et est candidat au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2002. Il compte un grand nombre de plantes endémiques. Le site comprend des déserts, des forêts riveraines (en bordure de cours d’eau) et des plaines inondables près de la rivière Ili, des forêts de feuillus et d’épicéas, ainsi que des marais salants.
C’est dans le parc national d’Altyn Emel que se trouve la célèbre « dune chantante ». Cette dernière est haute de 150 m, et sous les pas des visiteurs, les grains de sable émettent une longue vibration parfaitement audible, que l’on appelle le chant des dunes.
Dans la région d’Almaty, il n’y a pas moins de trois parcs nationaux, bénéficiant de paysages extrêmement variés. On peut citer le célèbre canyon de la rivière Charyn, les lacs Kolsaï et le lac Kaïyndy, ou encore les cascades de Tourguen.
Les curiosités naturelles du pays ne se concentrent pas uniquement dans le sud. Non loin de la ville portuaire d’Aktaou, au bord de la mer Caspienne, ne manquez pas d’aller découvrir les deux crocs de la vallée de Bozjyra, dans la région de Manguystaou, qui fait partie du plateau Oustyurt. Les paysages cosmiques de Bozjyra sont constitués de sédiments calcaires qui formaient autrefois le fond de l’ancien océan Téthys, lequel existait il y a plus de 10 millions d’années. Il a donné naissance à toutes les mers et à tous les océans actuels. Des coquillages fossilisés et des dents d’anciens requins peuvent encore être trouvés au fond du canyon géant.
Avec ses tours de plus en plus hautes, Astana est une ville jeune, moderne et de haute technologie. Il est indispensable, lors de votre séjour, de monter dans la tour Baïterek, l’un des symboles de la nation. Pour s’échapper de la ville, les habitants de la capitale connaissent bien le parc naturel de Bourabaï, situé à moins de 250 km au nord d’Astana. C’est un lieu privilégié pour les amoureux de la nature. Depuis le mont Bolektaou, la vue sur les environs est impressionnante. Il y a tant à dire sur les beautés du Kazakhstan…
Saty
Meilleur village touristique en 2023
Saty est un petit village idéalement situé dans la vallée de Shilik, à 60 km du canyon de Charyn et à proximité des lacs Kaïyndy et Kolsaï, sur le côté sud de la chaîne de montagnes Kungey Alataou s’élevant à 4 771 m et marquant la frontière entre le Kazakhstan et le Kirghizstan.
Saty a été reconnu comme l’un des Meilleurs villages touristiques 2023 par l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies (OMT), lors d’une cérémonie ayant eu lieu le 18 octobre dernier à Samarcande. Lancé en 2021, ce prix récompense les villages qui ouvrent la voie en matière de développement des zones rurales et de préservation des paysages, de la diversité culturelle, des valeurs locales et des traditions culinaires. Saty compte 90 maisons d’hôtes et 30 hôtels en activité en 2023. Ces chiffres ont doublé par rapport à 2019. En 2020, le guide de voyage australien « Lonely Planet » avait déjà classé le village comme l’une des meilleures destinations touristiques du pays.
Incroyable faune
Le saïga (espèce d’antilope) est l’un des animaux les plus emblématiques des steppes. Il s’agit de la seule antilope eurasienne. Elle est reconnaissable à ses naseaux longs et tombants, ayant l’aspect d’une courte trompe souple et capable de se dilater. Ce nez permet au saïga de filtrer l’air chargé de poussière pendant l’été et de le réchauffer pendant les hivers rigoureux. Au rythme des saisons, son pelage épars et de couleur blond roux à miel en été s’épaissit en dense fourrure blanche en hiver. Le saïga a de longues pattes fines et sa taille est comparable à celle d’un mouton.
Vivant l’été en troupeaux de 30 à 40 individus, les saïgas se rassemblent l’hiver en immenses hordes de plusieurs dizaines de milliers d’individus, pour des migrations parmi les plus spectaculaires au monde.
Cette antilope unique en son genre doit malheureusement faire face à un avenir incertain. Elle est considérée comme en danger critique d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). En 2015, plus de 200 000 saïgas sont morts subitement au Kazakhstan, soit environ 60 % de la population mondiale de ces animaux. Selon l’Université d’Oxford, cette catastrophe serait due à la prolifération d’une bactérie, liée au climat anormalement humide en Asie centrale.
La panthère des neiges (barys en kazakh) est l’un des symboles du Kazakhstan. Ce félin, qui se distingue par son pelage extraordinaire, habite dans les vallées des hautes montagnes du Kazakhstan et des pays voisins. Elle est également répertoriée sur la liste rouge de l’UICN comme étant une espèce vulnérable. En 2019, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson a consacré l’un de ses livres à cet animal gracieux. La panthère des neiges, tout comme le saïga, inspira les orfèvres de la période des Sakas (Scythes). Depuis 2021, l’entrée d’honneur de l’ambassade de la République du Kazakhstan en France est ornée de deux têtes de panthères des neiges en bronze, attirant par leur lustre les regards curieux des Parisiens et des touristes du monde entier.
Le saviez-vous ?
Le plus haut sommet du Kazakhstan, le Khan Tengri, culmine à 7 010 m. Situé dans le massif du Tian Shan, à la frontière avec le Kirghizstan, son ascension est particulièrement dangereuse, et tentée uniquement par des alpinistes confirmés.
Le Kazakhstan est le pays d’origine de toutes les pommes et tulipes du monde.
Pour aller plus loin
kazakhstan.travel/fr