Devenu pays producteur de pétrole il y a peu de temps, le Tchad poursuit son développement énergétique, sous l’impulsion de lois favorables au secteur, et par le biais d’investissements conséquents.
Par Amadou Coulibaly
Le Tchad, vaste pays d’une superficie de 1 284 000 km2, détient d’importantes ressources énergétiques en termes d’énergies renouvelables (solaire et éolienne) et d’énergies fossiles (pétrole et gaz naturel). Ces potentialités offrent aux investisseurs qui viendront dans le pays des créneaux importants du marché énergétique local, voire sous-régional.
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Le Tchad est en train de cheminer vers le développement énergétique pour assurer un accès à l’électricité à sa population et au secteur industriel. À cet égard, de nombreux projets sont en cours pour une énergie électrique disponible en quantité et en qualité dès cette année 2023. Cela se fait en synergie avec le développement du secteur pétrolier en termes de promotion des blocs pétroliers libres et de découverte de nouveaux gisements pétroliers et gaziers.
Secteur pétrolier
Après le forage de premiers puits pétroliers par la société américaine CONOCO dans les années 1970, le Tchad est hissé en Afrique au rang des pays producteurs de pétrole en 2003, avec la mise en production des champs de Miandoum, de Komé et de Bolobo du bassin de Doba, opérée par la société ESSO Exploration & Production CHAD Inc. pour le compte du consortium constitué d’ExxonMobil, de Chevron et de PETRONAS. Ce projet Doba était un vecteur d’intégration sous-régionale, notamment avec la construction du pipeline Tchad-Cameroun long de 1 070 km, qui constitue un débouché du pétrole brut tchadien vers le marché international. Au début de ce projet, la production est montée à un niveau plafond de 200 000 barils/jours.
Ce premier projet pétrolier du Tchad a fait des émules et plusieurs sociétés se sont intéressées aux ressources pétrolières du pays. Certaines ont atteint la phase d’exploitation, comme la CNPCIC, PETROCHAD MANGARA et OPIC. D’autres sont en phase de recherche.
Actuellement, la production pétrolière du Tchad est autour de 140 000 barils/jours et cela peut augmenter dans les années à venir, d’autant plus que de nouveaux gisements ont été découverts dans plusieurs bassins, au sud, à l’est, à l’ouest et au nord-ouest.
Au-delà des blocs attribués en exploitation ou en phase d’exploration, le Ministère des Hydrocarbures et de l’Énergie fait la promotion d’une vingtaine des blocs libres.
Le secteur gazier reste encore embryonnaire, toutefois une attention particulière est accordée au développement de gisements où l’on a découvert du gaz naturel. Cette volonté du Gouvernement d’utiliser le gaz naturel dans la production d’électricité ouvre une nouvelle opportunité aux sociétés et aux investisseurs.
En termes de textes régissant le secteur pétrolier amont, le Tchad dispose de la loi n° 06/PR/2007 relative aux hydrocarbures, qui consacre un contrat type de partage de production. Plusieurs contrats ont été signés conformément à ladite loi, et certains champs sont exploités sous cette nouvelle loi.
Le Tchad a conclu avec la CNPCI un contrat de joint-venture pour la construction d’une raffinerie à Djarmaya (à 35 km de N’Djamena). Cette raffinerie, inaugurée en 2011, a permis d’assurer une indépendance énergétique au pays en termes de disponibilité de produits pétroliers : gasoil, super, Jet A-1, et en gaz domestique. La raffinerie est conçue pour traiter 20 000 barils/jours. Cependant, avec la croissance de la demande du marché local, il serait envisagé dans un proche avenir l’extension de cette raffinerie ou la construction d’une nouvelle pour arriver dans un premier temps à un traitement de 40 000 barils/jours.
Compte tenu des besoins avérés du marché local en produits pétroliers et ses dérivés, le secteur pétrolier aval est un chantier sur lequel le Gouvernement est en train d’impulser une nouvelle dynamique pour atteindre une production suffisante de produits raffinés et de dérivés pétrochimiques.
Secteur de l’énergie électrique
Le secteur de l’énergie électrique est resté longtemps embryonnaire du fait d’une production électrique onéreuse basée sur l’utilisation du diesel comme source de combustible. Cela rend la couverture d’énergie électrique très faible sur l’ensemble du pays ; elle est estimée à 6,4 %. Pour augmenter ce taux d’accès à l’électricité, le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, le Général MAHAMAT IDRISS DÉBY ITNO, a promis au peuple tchadien de tripler la production électrique dès 2023.
Pour mettre en œuvre cette volonté du Chef de l’État, des projets pour accroître et améliorer la desserte en énergie électrique sont entrepris. Des centrales électriques neuves sont en train d’être installées à N’Djamena et dans les provinces. Il y a entre autres la construction d’une centrale solaire de 30 MWc avec stockage de 20 MWh à N’Djamena, l’installation d’une centrale de 50 MW fonctionnant avec du fuel lourd, l’installation d’une centrale de 50 MW fonctionnant avec du gaz naturel, la remise à niveau des centrales de la SNE pour les adapter au fonctionnement en fuel lourd, la construction d’une deuxième centrale de 30 MWc solaire à N’Djamena et la finalisation de la construction d’une centrale de 37 MW à fuel lourd à Djarmaya. Dans les chefs-lieux de province, rapidement, à partir de cette année 2023, des centrales de 5 MW seront construites.
Dans cette dynamique énergétique, une place importante sera accordée à la génération d’électricité issue du photovoltaïque, du fuel lourd et du gaz naturel. Cela corrobore la volonté du Gouvernement d’assurer une production électrique de qualité et en quantité.
Afin d’accroître davantage les investissements dans l’énergie électrique, le Tchad s’est doté d’une nouvelle loi régissant le secteur. Cela a permis de rompre le monopole détenu par la société nationale et de rendre effectif le fonctionnement de l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité (ARSE).