Les Autorités de la Transition accordent une importance majeure au secteur des transports et de la sécurité routière, et marquent leur volonté de relier le Tchad aux pays voisins par des voies ferrées.
Par Oumar Sall
Les Défis et les Perspectives du Département des Transports terrestres et de la Sécurité routière
Le ministère en charge des transports, responsable de la régulation, de l’organisation et de l’exploitation des transports, a beaucoup de défis à relever pour en assurer l’efficacité, la sécurité, la durabilité, et la fluidité.
Ainsi, pour améliorer l’efficacité et la sécurité des transports et réduire la congestion, il est nécessaire d’avoir une planification minutieuse, une réglementation appropriée, des investissements judicieux, et d’adopter de nouvelles technologies pour répondre aux besoins d’une société en constante évolution.
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À cet effet, en guise de perspectives, le secteur des transports a bénéficié d’une série de réformes grâce aux partenaires techniques et financiers au cours des années 1980 et 1990, dont la mise en place de la Stratégie Nationale des Transports (SNT) pour la période 1999-2010, qui a été actualisée pour la période 2006-2010 puis réactualisée pour la période 2011-2020 avec des plans d’action détaillés.
Les objectifs stratégiques de la SNT 2011-2020, dans le contexte macroéconomique, étaient de :
• Accélérer la croissance économique et améliorer la compétitivité de l’économie en densifiant le réseau des voies de désenclavement extérieur.
• Valoriser le potentiel de croissance et de productivité des populations rurales en améliorant de manière durable leur accessibilité aux marchés et aux services socioéconomiques.
• Poursuivre le renforcement des capacités institutionnelles et humaines de l’Administration pour une gestion efficace et efficiente du secteur.
• Asseoir une stratégie d’entretien des infrastructures de transport assurant au mieux la préservation et la sauvegarde du patrimoine national.
• Assurer la sécurité des opérations de transport et améliorer l’organisation des transports urbains.
• Réduire l’impact des activités de transport sur l’environnement.
La feuille de route de Madame la Ministre
La feuille de route du Ministère des Transports Terrestres et de la Sécurité Routière, qui a servi de document de base à l’élaboration de celle du Gouvernement d’union nationale, comporte quatre axes stratégiques :
• Développer une industrie de transports terrestres (route, fer, fleuves et lacs) moderne, performante, satisfaisante et compétitive. Il s’agit de rapprocher les différents acteurs agissant en amont et en aval de notre Département pour que les actions de chaque niveau se réalisent correctement, dans le respect de la réglementation et des intérêts stratégiques des usagers et des populations.
• Améliorer la sécurité routière et la prévention. Il s’agit d’actualiser les textes réglementaires et stratégiques, mettre en place une loi d’orientation des transports routiers et services auxiliaires, et un cadre réglementaire et institutionnel favorable au développement du professionnalisme dans le transport.
• Développer l’Information, l’Éducation et la Communication (IEC) en transports terrestres et sécurité routière. Il s’agit de véhiculer les instruments et démarches à tous les niveaux par l’IEC, pour anticiper sur les obstacles, et être en position d’apprécier les résultats et les impacts des actions de chaque service, de chaque agent et des collaborateurs externes concernés par les transports terrestres et la sécurité routière.
• Améliorer la gouvernance du Ministère des Transports Terrestres et de la Sécurité Routière. Une des résolutions fortes issues du Dialogue National Inclusif et Souverain (DNIS) est la question de la bonne gouvernance, reprise par le Gouvernement de la 2e phase de la Transition. Dans ce contexte, notre Département procède à sa mise en œuvre à travers les actions suivantes :
– instaurer une planification et une gestion axées sur les résultats ;
– organiser un audit et une réforme du système de contrôle technique des véhicules ;
– diagnostiquer et réformer le système de délivrance des permis de conduire ;
– suivre et évaluer tous les projets des organismes sous-tutelle ;
Le développement des transports terrestres
Le développement des transports terrestres est crucial pour assurer la connectivité et la mobilité des personnes et des marchandises. Le ministère en charge des transports a donc mis en place plusieurs projets structurants dans le but d’améliorer ce secteur :
• Projets ferroviaires : Ligne ferroviaire Soudan-Tchad, ligne ferroviaire Cameroun-Tchad et ligne ferroviaire G5 Sahel (Mauritanie – Mali – Burkina Faso – Niger – Tchad).
• Projets de construction de ports secs : Construction de ports secs à toutes les entrées des corridors reliant aux ports (Soudan, Douala, Cotonou, Lomé, Djibouti), construction d’entrepôts sous douane dans les ports de transit, construction d’une plateforme dans les espaces concédés au Tchad.
• Projets de modernisation de la mobilité urbaine et interurbaine : Construction de gares routières, acquisition de matériels de transport modernes, modernisation de l’exploitation du système du transport urbain dans la ville de N’Djamena.
Les enjeux de la sécurité routière et la lutte des autorités contre l’insécurité routière
La sécurité routière est une préoccupation majeure pour le Gouvernement et les citoyens. Le ministère en charge de la sécurité routière envisage de lutter contre l’insécurité routière en développant des infrastructures de sécurité, en imposant des réglementations strictes et en développant des programmes de formation pour les conducteurs.
Le Tchad, à l’instar des autres pays, cherche des voies et moyens pour juguler la problématique liée à l’insécurité routière. Car l’insécurité routière constitue de nos jours l’une des causes principales de pertes de vies humaines, et la maîtrise de la circulation routière est donc l’une des préoccupations majeures des autorités publiques.
Ce phénomène d’insécurité routière reste prégnant dans notre pays, avec l’accroissement du nombre et de la gravité des accidents du fait de la relativement forte densité du trafic due à l’augmentation du parc automobile, accentuée par un nombre incontrôlé d’engins à deux roues, le tout aggravé par l’incivisme des usagers de la route dont les plus vulnérables sont les piétons et les motocyclistes.
C’est pourquoi, comme le phénomène risque de prendre des proportions encore plus inquiétantes, la Banque mondiale, dans le cadre du projet Africa Road Safety Corridors Initiative (ARSCI), a appuyé l’Administration tchadienne pour la mise en place d’un cadre institutionnel et organisationnel de la sécurité routière, qui a abouti à l’actualisation de la Stratégie Nationale de la Sécurité Routière (SNSR) validée le 26 septembre 2014 et à l’établissement de plans d’actions prioritaires y relatifs.
Il convient aussi de relever que dans la pratique, plusieurs textes en vigueur souffrent d’une absence d’application effective sur le terrain, tant de la part des usagers de la route que des agents chargés de les traduire dans les faits.
Par ailleurs, le Département a mis en place un comité technique afin d’appuyer le comité interministériel de lutte contre l’insécurité routière.
Enfin, après d’intenses travaux d’échanges, les mesures suivantes ont été prises :
• Interdiction des transports en commun pendant la nuit sur nos routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures du matin.
• Mise en place d’un système de limitation de vitesse à travers le plombage des compteurs des véhicules de transport public et de marchandises à 80 km/h.
• Mise en place d’un cahier des charges obligatoire pour toutes les agences de transport public pour prendre en compte certaines mesures de sécurité routière, notamment :
– avoir son permis de conduire à jour ;
– avoir son assurance automobile à jour ;
– avoir sa fiche technique délivrée par un centre de contrôle technique à jour ;
– prendre l’engagement de respecter le nombre de places assises mentionné sur la carte grise du véhicule ;
• Renforcement du contrôle du respect des dispositions du Code du travail (contrat en bonne et due forme et paiement régulier des cotisations sociales) par l’employeur.
• Accélération du projet d’aménagement d’aires de repos en vue de permettre aux conducteurs de se reposer tous les 500 km de trajet.
• Organisation de campagnes de sensibilisation sur le nouveau Code de la route.
• Activation du numéro vert du Ministère des Transports terrestres pour coordonner et solutionner en temps réel les données sur les infractions relatives à la circulation routière.
• Opérationnalisation de la Brigade Active de la Sécurité Routière.
• Actualisation du Conseil National de Sécurité Routière.
• Instauration d’un système de repos des chauffeurs tous les 500 km.
• Signalisation obligatoire des véhicules en panne. n