Le Ministre des Infrastructures et du Désenclavement, le Dr Idriss Saleh Bachar, qui a officiellement pris ses fonctions le 17 octobre 2022, a la charge de mener à bien les grands projets infrastructurels du pays, notamment ceux routiers, indispensables au désenclavement du Tchad.
Par Idriss Ngari
Le Tchad est un immense pays d’Afrique centrale, qui pourrait jouer le rôle de carrefour économique dans la région. Néanmoins, son réseau routier, qui est passé de 900 km à 3 200 km ces 10 dernières années, nécessite d’importants investissements. Depuis des décennies, par manque de moyens, de vision, ou pour des raisons politiques, le Tchad peine à se relier à ses voisins par des routes bitumées : sur les six pays limitrophes, seul le Cameroun lui est accessible par ce moyen, notamment grâce à sa proximité géographique avec la capitale tchadienne N’Djamena, et à la présence du pipeline Tchad-Cameroun. L’immensité du pays est une contrainte à prendre en compte. Le développement du réseau routier pour désenclaver le territoire fait aujourd’hui consensus au sein de la classe politique et des acteurs du développement. Les infrastructures de transport comptent parmi les axes de développement prioritaires voulus par le Chef de l’État, Mahamat Idriss Déby Itno.
Ce contenu est réservé aux abonnés
Des efforts sont en cours dans tout le pays, même si certains chantiers ont tendance à stagner, notamment sur le projet majeur du pont de Chagoua, ou celui du bitumage des axes prioritaires. Depuis sa nomination en octobre dernier, le Ministre s’est attelé à donner un coup d’accélérateur à ces projets.
Pont de Chagoua : des délais serrés
Le Ministre des Infrastructures et du Désenclavement, accompagné de membres de son cabinet, a visité le 9 janvier le chantier de construction du pont à deux voies de Chagoua. La construction de ce nouveau pont sur le fleuve Chari, reliant Chagoua et N’Gueli, a débuté en 2020. Le coût global du chantier est de 28,520 milliards de francs CFA, dont 13,558 milliards uniquement pour le pont. L’ouvrage, qui devra avoir une durée de vie de 100 ans, est composé de six petits ponts de 12 m de haut, d’une longueur de 103 m, avec une largeur importante de 26,25 m. Il sera doté de quatre voies.
Deux ans après ses débuts, ce chantier a du mal à être achevé, et dans la capitale tchadienne les embouteillages sont quotidiens. La visite de contrôle du Ministre sur le terrain visait à constater l’état d’avancement des travaux. Le Dr Idriss Saleh Bachar a été reçu par le chef de projet et les membres de son équipe, qui l’ont conduit sur les différentes installations. Le délai d’exécution du pont avait été fixé à 18 mois, et il devait donc être terminé le 20 septembre 2021. Le planning a été modifié, et la date de remise des travaux est désormais prévue pour le 30 juillet 2023. Toutefois, d’après le Ministre des Infrastructures et du Désenclavement, le chantier n’avance pas et les délais d’exécution ne sont pas respectés par l’entreprise qui en a la charge. Selon les résultats obtenus, « le ministère prendra une décision », avait alors indiqué le Dr Idriss Saleh Bachar.
En termes d’ouvrages d’art, le Ministre des Infrastructures et du Désenclavement a donné le premier coup de pioche de la construction du pont sur le Ouadi Abou – Sounout à Iriba (Wadi-Fira). Cette réalisation viendra pallier le problème d’accessibilité de la ville durant la saison pluvieuse. Cet ouvrage de franchissement sera exécuté par HBC, une entreprise nationale œuvrant dans le domaine des bâtiments et du génie civil.
Routes : mettre les bouchées doubles
Le 15 février, Le Ministre en charge du secteur s’est rendu sur l’axe Abéché – Abou Goulem afin de vérifier l’avancée des travaux de bitumage de cette route, longue de 95 km, primordiale pour le pays. Sa réfection est financée par la Banque islamique de développement. Le chantier sera exécuté par l’entreprise égyptienne Arab Contractors et réalisé sur un délai de 32 mois. « Après leur lancement en juin 2022, le niveau des travaux se situe au stade de 8,3 %. » Sur le terrain, la réalisation des ouvrages hydrauliques et les travaux de terrassement suivent leur cours sur un linéaire de 24 km, et déjà 9,7 km de remblayage constituant la couche de fondation avaient été réalisés mi-février.
Idriss Saleh Bachar s’est également arrêté à la centrale d’enrobés et de concassage mise en place par Arab Contractors pour l’exécution des travaux. Sur le lieu de concassage, l’entreprise dispose d’un volume de 79,2 m3 de granulats. Le rythme d’avancement des travaux est de 1 % par mois ; le Ministre a sommé les différentes parties de fournir plus d’efforts afin d’atteindre 5 % mensuellement, pour qu’Arab Contractors puisse livrer l’ouvrage dans les délais impartis.
En termes d’interconnexion routière, le projet de bitumage de la route Kelo-Pala a été relancé, après quelques années d’interruption. Le groupe français Sogea-Satom en a annoncé le redémarrage après une audience avec le Chef de l’État le 29 septembre dernier. Commencé en janvier 2017, ce projet de près de 71 milliards de francs CFA (environ 106 millions de dollars), cofinancé par la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) et l’État tchadien, avait été arrêté pour insuffisance de financement. La route, qui s’étendra sur 109 km, interconnectera les régions du sud-ouest du pays. Elle fait aussi partie intégrante du réseau devant relier le Tchad au Cameroun. Ce tronçon est une infrastructure majeure qui, selon la BDEAC, facilitera le désenclavement de la région, qui dispose d’un potentiel agricole important. L’achèvement de la route stimulera aussi l’intégration régionale par l’intensification des échanges entre le Tchad, dépourvu d’accès à la mer, et son voisin le Cameroun, qui est un acteur clé de sa chaîne d’approvisionnement.