Le ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable a la mission de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de protection de l’environnement, de biodiversité, de changements climatiques et autres. Ses actions sont primordiales pour l’avenir du pays.
Par Edouard Takadji (Attaché de presse/MEPDD)
Le Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable Mahamat Abdelkerim Hanno, afin de suivre le schéma du Gouvernement d’union nationale, s’active aujourd’hui avec les techniciens sur le terrain pour la conception et la coordination des activités dans les domaines de la protection de l’environnement, la lutte contre les changements climatiques, la restauration des terres, et surtout la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière d’environnement, de ressources fauniques, forestières, halieutiques et de développement durable.
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Une biodiversité très dense
Concernant la biodiversité, Mahamat Abdelkerim Hanno a, dans sa vision pour donner une meilleure image à son Département, participé en décembre 2022 à l’adoption du nouveau cadre mondial pour la biodiversité, qui constitue un document stratégique d’orientation pour la conservation de la biodiversité au niveau mondial. Conformément à la directive de ce cadre, le Tchad s’attache à réviser sa stratégie nationale et son plan d’action sur la biodiversité, et à développer des stratégies de mobilisation des ressources nécessaires pour leur mise en œuvre.
Il est également important de rappeler que le Tchad possède des ressources biologiques importantes en termes de végétaux, d’animaux et de ressources halieutiques. À titre d’exemple, il compte 18 aires protégées réparties en parcs nationaux, domaines de chasse et réserves naturelles, dont l’ensemble couvre une superficie de 14 217 530 ha, soit 12 % du territoire.
Le Tchad, faut-il le souligner, est une terre de diversité en termes de végétation, allant des steppes aux savanes en passant par des forêts denses et sèches. Concernant la superficie cultivable, on estime qu’il y a 18 millions d’hectares de terres agricoles, soit 14 % du territoire national, 48 millions d’hectares pour le bétail, soit 37 % du territoire, 10,5 millions d’hectares de forêts, soit 8 % du territoire, et la zone désertique septentrionale représente 41 % du territoire. Malgré toutes ces potentialités, la biodiversité est menacée par de multitudes facteurs, à savoir le braconnage, les changements climatiques, la désertification, la dégradation des sols…
Pour faire face à ces menaces, le Gouvernement, au travers du ministère en charge de l’environnement, a réalisé plusieurs actions, notamment l’élaboration de documents stratégiques sur la biodiversité, les changements climatiques, la lutte contre la désertification, la création d’aires protégées, l’interdiction des coupes et de la commercialisation de bois de chauffe, la création de la Garde forestière et faunique, la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement…
Malgré tous ces efforts, les risques s’accentuent concernant les ressources biologiques du Tchad. C’est pourquoi, en synergie avec l’ambitieux nouveau cadre mondial, le Département de l’environnement, dans sa nouvelle vision, espère mobiliser les ressources nécessaires à la conservation de la richesse de son patrimoine naturel.
La Garde forestière et faunique
Le commandement de la Garde forestière et faunique est une structure technique d’appui en matière de protection de l’environnement. Elle est structurée en une Direction générale, une Direction de contrôle et d’intervention, une Direction des renseignements de l’environnement, une Direction du personnel et des équipements et un Groupement spécial de lutte anti-braconnage.
L’environnement au centre de l’action
Mahamat Abdelkerim Hanno met au centre de toutes les activités de son département le suivi de la politique, de la réglementation et des actions liées à la gestion des ressources forestières, fauniques et halieutiques. La protection et la restauration de l’environnement ainsi que le développement durable deviennent des préoccupations majeures. Il est urgent et capital pour le Département de mettre en œuvre, avant toute chose, des activités visant à générer des ressources naturelles renouvelables. Selon cette vision, il est question de mener des études et de planifier des activités liées à l’environnement et aux ressources halieutiques, de procéder au classement, à la conservation, à l’aménagement et à la gestion du patrimoine national forestier, faunique et halieutique.
En ce qui concerne la biodiversité, le Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable insiste sur la coordination des activités en matière de lutte contre la désertification et les changements climatiques. Il s’agit, entre autres, des actions suivantes : le développement et la promotion des filières des produits forestiers non ligneux, notamment la gomme arabique, le karité, le néré ; la préservation des zones humides d’importance internationale ; la promotion et la valorisation des aires protégées et de la faune sauvage ; le développement de l’apiculture, de l’aquaculture, de la culture de la spiruline et de la pêche, qui occupent une place de choix dans la vision de Mahamat Abdelkerim.
Faire respecter les règles
Des évaluations environnementales d’impact et des audits environnementaux dans les secteurs pétrolier et énergétique sont conduits en collaboration avec le ministère en charge de ces derniers. Ces missions sont inscrites dans la vision du Département, qui émet des avis techniques sur les projets pétroliers et énergétiques et adopte les décisions relatives au certificat de conformité environnementale, à l’étude d’impact environnemental des aménagements, ouvrages et projets (lutte contre les pollutions et les nuisances), à la promotion de l’éducation environnementale et sur le développement durable, à la mise en œuvre et au suivi des plans d’urgence en matière d’environnement.
Pour arriver aux résultats escomptés, le Département compte sur la mise en place d’une base de données et d’un système d’échange et de diffusion des données en matière d’environnement et de ressources halieutiques, afin de pouvoir assurer le contrôle et le suivi des aspects environnementaux des projets pétroliers, en collaboration avec le ministère dédié, et de faire le suivi-évaluation et la pérennisation des acquis des programmes et projets en matière d’environnement, de ressources forestières, fauniques et halieutiques.
Dans cette même vision, ne sont pas exclus la mise en application et le suivi de la réglementation nationale, des accords, traités, protocoles et conventions sous-régionaux, régionaux et internationaux relatifs aux changements climatiques, aux substances chimiques nocives et dangereuses, à la couche d’ozone, à la diversité biologique, à la lutte contre la désertification, à la coordination des activités liées à la criminalité faunique et au commerce illégal des espèces sauvages, de la faune et de la flore menacées d’extinction.
Lutte contre le réchauffement climatique
Le Tchad, comme bien d’autres pays de la planète, subit depuis plusieurs décennies les conséquences du changement climatique. Fortement exposé aux risques du fait de son territoire en grande partie désertique, sa faible capacité d’adaptation (prévalence de la pauvreté, faiblesse des infrastructures, manque de ressources) rend le Tchad extrêmement vulnérable. Conscient de la gravité de la situation, le Gouvernement a intensifié ses efforts d’atténuation et d’adaptation aux effets du changement climatique. C’est ainsi que le pays a signé et ratifié la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 1993, le Protocole de Kyoto en 2009 et l’Accord de Paris en 2017.
L’adoption de la CCNUCC à Rio de Janeiro a constitué la première réponse au problème du réchauffement planétaire, et une avancée capitale dans l’approche, les méthodes, moyens et outils pour y faire face. Ce qui a permis l’adoption de politiques/stratégies opérationnalisées par la mise en œuvre de projets et programmes.
À cet effet, une série de documents stratégiques, tels que le Programme d’action national d’adaptation aux changements climatiques (PANA) en 2008, la Contribution déterminée au niveau national (CDN) en 2015 (actualisée en 2021), et la Stratégie nationale de lutte contre les changements climatiques (SNLCC) en 2017, ont été élaborés. De plus, il faut noter les multiples communications nationales et les rapports biennaux qui ont été conçus dans le cadre des activités habilitantes de la CCNUCC.
Les CDN sont au centre de l’Accord de Paris. Elles définissent la contribution de chaque partie prenante à la réalisation de ces objectifs, en décrivant notamment ce que chacun doit faire pour passer à une économie à faible intensité de carbone et résiliente aux changements climatiques. De plus, en ratifiant ledit Accord sur le climat le 12 janvier 2017, le Tchad s’est engagé à réviser ses CDN tous les 5 ans, sachant que chacune doit représenter une « progression » par rapport à la version précédente.
L’opportunité est donnée au Département de l’environnement de construire un avenir durable, à faibles émissions de carbone et résilient face aux changements climatiques. C’est un objectif cher au Pays de Toumaï, qui dans par sa CDN entend réaffirmer sa détermination à contribuer à l’effort mondial de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et à renforcer sa résilience aux changements climatiques, en mettant en œuvre des programmes cohérents pour être un pays émergent à l’horizon 2030 tout en privilégiant, dans la mesure de ses moyens, le respect de l’environnement. C’est en ce sens que le Tchad entend accélérer et intensifier ses actions et ses investissements afin de soutenir et favoriser un avenir durable et équitable pour les futures générations.
Il y a peu, le Gouvernement du Tchad et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), avec l’appui financier du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), ont développé le projet d’un Plan national d’adaptation (PNA) pour le pays, visant à intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans la planification et la budgétisation à moyen et à long termes des secteurs sensibles au climat. La CDN et le PNA sont les principaux moyens de communication que le Gouvernement utilise pour informer la communauté internationale des actions qu’il entend mener afin de faire face aux changements climatiques.
Mahamat Abdelkerim Hanno
Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable
Nommé le 14 octobre 2022, le Ministre de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable, Mahamat Abdelkerim Hanno, a été installé dans ses fonctions le 17 du même mois.
Après l’obtention de son baccalauréat au lycée de Khartoum (Soudan), Mahamat Abdelkerim Hanno s’inscrit à l’université, toujours à Khartoum, et en sort nanti d’une maîtrise en psychologie. Il étudie aussi l’économie à l’INSEEC, école de commerce de Paris, en 2001. De 2001 à 2002, il poursuit des études en diplomatie au Centre d’études et statistiques de Paris (CDES).
Le nouveau Chef du Département de l’environnement a un riche parcours dans l’administration publique de son pays. Il a été, tour à tour : de 1990 à 1991, chargé d’affaires à l’ambassade du Tchad en Libye ; de 1991 à 1996, attaché à l’ambassade du Tchad au Soudan ; de 1996 à 2001, DAFM à la Présidence de la République ; de 1999 à 2001, conseiller culturel de l’ambassade du Tchad à Paris ; de 2001 à 2003, directeur général de l’ONASA ; de 2003 à 2004, directeur général de l’Agence nationale de sécurité (ANS).
L’actuel Ministre de l’Environnement fut également enseignant à l’université de N’Djamena, tout en intervenant à l’École normale supérieure. Signataire de l’accord de Doha, il a été membre du présidium du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS).
La destruction de l’environnement prend de l’ampleur
Malgré les multiples campagnes de sensibilisation, la destruction de l’environnement fait son bonhomme de chemin au Tchad. Très peu de provinces ont pris conscience de l’avancée du désert. Nombreuses sont les personnes qui s’adonnent à la coupe abusive de bois pour le transformer en charbon. C’est le cas dans le canton de Bougoumene, dans la province du Chari-Baguirmi, où la destruction de l’environnement est à l’œuvre.
Une descente sur le terrain du Directeur général de la Garde forestière et faunique (GFF), Hamid Hissein Itno, a permis de rendre compte de cette situation. « Cette pratique a de l’avenir devant elle si rien n’est fait. L’on trouve un peu partout dans les villages de ce canton des fours de fabrication de charbon ou encore des bois verts entassés pour être acheminés à N’Djamena via Maïlaou ou Mandelia pour la vente », ont déploré les services de la GFF.
Khalide Galadima, représentant du chef de canton de Bougoumene, a précisé : « Nous avons pris le temps pour sensibiliser nos concitoyens dans ce sens mais certains continuent à détruire l’environnement. Lorsque la GFF arrête les auteurs de cette destruction et qu’ils sont libérés quelques jours après, cela leur donne l’occasion de reprendre cette activité. Mais s’ils restent un ou deux ans en prison, ils changeront de comportement à leur sortie. Alors il faut que la justice nous aide en faisant son travail. »
Depuis un mois, la Direction générale de la GFF sillonne les abords du fleuve Chari dans la province du Chari-Baguirmi pour dissuader les destructeurs de l’environnement.
Dans sa quête de sauvegarde de l’environnement, de la biodiversité et des aires protégées afin de faire face au changement climatique, le Ministère de l’Environnement, de la Pêche et du Développement durable (MEPDD) a signé un accord-cadre de partenariat avec la Wildlife Conservation Society (WCS). Cet accord s’inscrit dans un processus visant à engager de manière opérationnelle la WCS aux côtés du Gouvernement, au travers du MEPDD.
Pour le Directeur pays de cette ONG, le Dr Dolmia Malachie, cet accord constitue le référentiel de base pour l’identification, la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des accords, programmes et projets de la WCS dans les domaines et axes concernés.
Selon le Ministre de l’Environnement, Mahamat Abdelkerim Hanno, l’ONG a prouvé son engagement dans le domaine de la protection de l’environnement, la conservation de la biodiversité et la gestion des aires protégées. « Forte de plus d’un siècle d’expérience, d’engagements sur le long terme dans des dizaines de paysages, d’une présence dans plus de 60 pays et d’une expérience dans la création de plus de 150 aires protégées dans le monde, WCS a accumulé les connaissances biologiques, la compréhension culturelle et les partenariats nécessaires pour garantir que les lieux naturels et la vie sauvage prospèrent aux côtés des communautés humaines locales. »
« Après les expériences avec l’ONG African Parks dans le Parc national de Zakouma et la Réserve naturelle et culturelle de l’Ennedi, celles de l’ONG Sahara Conservation dans la Réserve de faune de Ouadi Rimé – Ouadi Achim, tout comme celles de l’ONG NOÉ dans la Réserve de faune de Binder-Léré et avec la création du Parc national de Zah Soo, nous sommes ravis aujourd’hui de nous engager avec l’ONG WCS dans le cadre d’un partenariat public-privé pour la gestion des parcs nationaux de Sena Oura et de Manda », a ajouté Mahamat Abdelkerim Hanno.