Par Laurent Taieb
La fin de l’année est synonyme en France de vendanges et de vin nouveau, et pour célébrer à la hauteur de leur réputation les crus du terroir, nous leur avons accordé dans ce numéro un dossier complet. Histoire, cépages, recherche de la qualité sont passés au crible, sans oublier le volet économique d’un secteur de plus en plus concurrentiel, qui recourt au marketing et à la créativité pour se réinventer.
Mais la diversité française n’est pas illustrée seulement par celle de ses vignobles. À l’heure où le monde se globalise, il est plus que jamais nécessaire de repenser le rôle et la place des régions. Un équilibre est à trouver entre autonomie régionale, identité nationale et appartenance européenne, comme le détaille notre article sur ce sujet. L’actualité hexagonale est aussi abordée sous le prisme de la planification écologique pour atteindre nos objectifs environnementaux. Le pays se veut leader dans ce domaine, mais se donne-t-il les moyens de ses ambitions ?
Or, le dérèglement climatique est déjà là. Derna, en Libye, a été touchée en septembre par des inondations dramatiques, et les experts estiment que la région est aujourd’hui 50 fois plus susceptible de subir ce genre d’évènement. Nous analysons aussi dans ces pages la situation sécuritaire au Tigré, où l’Érythrée et l’Éthiopie se déchirent dans une guerre communautaire et où le risque d’embrasement est patent. L’Arabie saoudite, elle, mise sur le soft power et se lance dans une stratégie de conquête par le sport. De son côté, le G77 — qui regroupe 77 pays en développement — plaide pour un nouvel ordre économique international, et compte sur le soutien de la Chine, État non membre, pour que soient rebattues les cartes afin de modeler un monde plus multipolaire.
Notre dossier central, consacré au Kazakhstan, s’articule sur cette thématique. À l’intersection des grands blocs géopolitiques et économiques que sont l’Europe de l’Ouest, la Russie et l’Asie (notamment la Chine), le « Pays de la grande steppe » veut peser davantage sur l’échiquier international. Pour cela, il cherche à diversifier ses atouts, pour ne pas compter uniquement sur ses (considérables) ressources pétrolières et minières. Astana table sur des pistes multiples : modernisation de l’environnement des affaires, investissements stratégiques dans les infrastructures de base, ouverture aux marchés extérieurs… Toutes ces avancées sont portées par une forte volonté politique impulsée par le Président Kassym-Jomart Tokayev.
Un message auquel l’Union européenne n’est pas insensible, la plus grande économie d’Asie centrale attirant de fait les investisseurs étrangers. Avec l’Accord de partenariat et de coopération renforcé (APCR) entré en vigueur en 2020, l’UE est aujourd’hui le premier partenaire commercial d’Astana. Le Président français Emmanuel Macron a effectué sa première visite officielle au Kazakhstan en novembre, dans le but de renforcer le partenariat bilatéral. Nous vous détaillons dans ce numéro les enjeux pour les deux pays, entre ressources énergétiques, infrastructures multimodales, économie verte, technologies numériques…
Afin de coller au plus près des réalités du pays, nos journalistes ont suivi les pas du Président Macron à Astana et interviewé les principaux décideurs (Ministres, Conseiller d’État, Représentante spéciale, directeurs de grandes institutions…) qui œuvrent au futur du géant de l’Asie centrale. Le spectre des secteurs qui constituent la base du fonctionnement de l’économie nationale est balayé, pour une vue d’ensemble des potentialités qu’offre le Kazakhstan en termes de partenariats.
L’année 2023 se termine dans un climat géopolitique mondial extrêmement tendu. Au conflit russo-ukrainien est venu s’ajouter l’attaque terroriste du Hamas sur Israël, qui plonge ce pays, rare démocratie dans la région — et au Moyen-Orient en général —, dans une période d’instabilité maximale.
Nous clôturons ce numéro au lendemain des négociations conduites par le Qatar et l’Égypte, qui ont conclu un accord entre Israël et le Hamas prévoyant la libération de 50 otages israéliens détenus par le mouvement terroriste dans la bande de Gaza en échange d’une trêve de quatre jours, de la libération de détenus palestiniens en Israël et de l’entrée de l’aide humanitaire dans l’enclave. Je me joins de tout cœur au soulagement des familles qui retrouveront dans les prochains jours leurs proches, tout en continuant à espérer que les otages restants pourront être très prochainement libérés et passer les fêtes de fin d’année auprès de leur famille.
Bonnes fêtes.