Le secteur du numérique connaît un véritable boom dans le pays, ouvrant la voie à de nouveaux modes de fonctionnement pour les administrations, les entreprises et les populations, comme le précise la Ministre en charge du secteur.
Propos recueillis par Clément Airault
À ce jour, quelle est la proportion de la population ayant accès aux technologies numériques dans le pays ? Ce chiffre est-il en croissance ?
Le taux de pénétration de la téléphonie mobile est de 66,02 %, selon les données de l’Agence de régulation et de contrôle des télécommunications (ARCT) de décembre 2023. Les chiffres sont en croissance. Durant la période allant de 2018 à 2023, le taux de pénétration en téléphonie mobile a augmenté avec une progression moyenne annuelle de 7 %, passant de 53,63 % à 66,02 %. Sur la période 2017-2023, le taux de pénétration internet a augmenté avec une progression moyenne annuelle de 22 %, passant de 7 à 22 %. Le nombre d’abonnés internet mobile constitue 99,9 % des abonnés internet. De 2018 à 2023, le nombre d’abonnés mobile disposant d’un terminal avec accès à l’internet est passé de 12 à 32 %. On comptait 2 758 817 abonnés internet mobile sur 8 646 686 abonnés mobile en 2023.
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Que met en place votre ministère pour accélérer et améliorer l’accès des populations à l’internet et au réseau téléphonique, notamment en zones rurales ?
Une étude sur le développement d’un nouveau cadre politique et stratégique pour le marché du haut débit et l’accès universel, avec la définition d’un modèle d’enchères inversées pour étendre la couverture du réseau dans les zones rurales mal desservies du Burundi, est en cours avec le Projet d’appui aux fondations de l’économie numérique (Pafen). Ce dernier vise l’accès et l’inclusion numériques axés sur l’amélioration de l’accès à internet à large bande pour les populations non desservies et le secteur de l’éducation. À l’issue de cette étude, un projet de déploiement de la fibre au dernier kilomètre suivra, toujours dans le cadre du projet Pafen.
En plus de ces efforts, le nouveau Département FSU (Fonds de service universel) au niveau du ministère de la Communication, des Technologies de l’information et des Médias est en cours d’opérationnalisation. Ce dernier travaillera dans le but de servir les milieux ruraux mal desservis.
Toujours dans le cadre du Pafen, une étude sur la gestion et l’hébergement de données est prévue. Le but est de construire un data center intégré national, indispensable pour le chantier de la digitalisation des services publics.
Un décret sur le déploiement des services Starlink a été signé par Son Excellence le Président de la République. Il autorise la société Starlink à commercialiser ses services, ce qui permettra aux Burundais des milieux ruraux de bénéficier des services issus de la constellation satellitaire.
Comment le numérique peut-il contribuer à la bonne gouvernance ? Quelles actions ont été entreprises ces quatre dernières années afin de rendre l’administration plus accessible ?
Le numérique offre des opportunités significatives pour renforcer la bonne gouvernance en augmentant la transparence, en encourageant la participation citoyenne, en améliorant l’efficacité administrative, en favorisant l’innovation et en renforçant la responsabilité des gouvernements vis-à-vis de leurs citoyens.
Le numérique contribue aussi au développement de l’économie par la promotion de la transparence. Le Burundi, à travers le ministère de la Communication, des Technologies de l’information et des Médias, a mis en place un Plan directeur de digitalisation de services publics, adopté en Conseil des ministres le 10 mai 2023.
Un Code de communication électronique a été soumis aux chambres du Parlement, et pour le moment, on attend sa promulgation par le Président de la République.
On sait que les NTIC sont un levier de croissance économique. Quelle est la situation de l’économie liée au numérique dans le pays ? Le secteur des Technologies de l’information et de la Communication (TIC) occupe actuellement une place centrale dans l’économie du Burundi en étant le deuxième contributeur fiscal du pays, avec des recettes dépassant les 200 milliards de francs burundais en taxes et redevances.
Les TIC jouent un rôle de catalyseur et d’accélérateur d’emplois, aussi bien directs qu’indirecte, répartis sur l’ensemble du territoire national. Cela inclut, par exemple, les vendeurs et revendeurs de crédits mobiles, ainsi que les prestataires de services dans plusieurs secteurs stratégiques, notamment les transports, l’agriculture et les services financiers, favorisant ainsi une croissance économique transversale. Une usine d’assemblage de téléphones portables, Tecoo Company, est déjà fonctionnelle et permettra la réduction des coûts et l’accès aux terminaux. Un grand nombre de plateformes numériques sont disponibles et en vogue ces derniers jours dans le pays. Pour le e-commerce, le cadre légal sera bientôt mis en place. Un écosystème de paiement, public et privé, est déjà assez dynamique. Au Burundi, quiconque veut investir dans le secteur des télécommunications est le bienvenu, parce que ce secteur est ouvert et libéralisé.
Comment soutenez-vous les médias burundais ?
Le ministère de la Communication, des Technologies de l’information et des Médias au Burundi soutient les médias burundais pour garantir une couverture médiatique sur l’ensemble du territoire national, en particulier à travers le journalisme en ligne.
Le ministère organise de manière régulière des ateliers de renforcement des capacités sur diverses thématiques et des séances de coaching in situ, étant donné que la plupart des journalistes burundais sont jeunes. Ces initiatives visent à améliorer les compétences et le professionnalisme des journalistes locaux.
Par le biais du fonds d’appui aux médias, nous les soutenons en distribuant du matériel tel que des ordinateurs portables et des enregistreurs pour pallier les problèmes de manque d’équipement. Cela permet d’améliorer les conditions de travail des journalistes et de renforcer leurs capacités techniques.
Nous organisons des séances d’échange entre les médias et les porte-paroles des institutions publiques afin de faciliter l’accès à l’information. Ces rencontres favorisent la transparence et la collaboration entre les médias et les autorités publiques, contribuant ainsi à une meilleure diffusion de l’information au niveau national.
De plus, le ministère a renforcé le cadre légal en révisant la loi sur la presse burundaise, qui prend en charge les médias en ligne et renforce les droits des journalistes, tout en dépénalisant partiellement certains délits de presse.
Le ministère a également élaboré la loi d’accès à l’information pour faciliter cet accès.
Des sessions de vulgarisation de ces lois sont également prévues pour cette année budgétaire afin de permettre aux journalistes de se les approprier.




