Si le ministère de l’Économie nationale s’attache notamment à renforcer les petites et moyennes entreprises et les entreprises publiques, il joue également un rôle actif dans le développement de l’économie à l’international, comme le précise le Ministre de tutelle.
Propos recueillis par Clément Airault
Quel a été l’impact de l’entrée en vigueur de l’Accord de partenariat et de coopération renforcé entre l’UE et le Kazakhstan ? Quelles nouvelles opportunités cela a-t-il ouvert ?
Le Kazakhstan est devenu le premier pays de la Communauté des États indépendants (CEI) à signer l’Accord de partenariat et de coopération renforcé (APCR) avec l’Union européenne (UE), entré en vigueur le 1er mars 2020.
L’Accord élargit considérablement les horizons d’interaction et ouvre de nouvelles possibilités de coopération entre la République du Kazakhstan et l’UE, notamment l’adhésion du Kazakhstan à l’Organisation mondiale du commerce et sa participation à l’Union économique eurasienne. Les objectifs indiqués dans l’APCR sont progressivement mis en œuvre.
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Les plateformes bilatérales où nous pouvons aborder des questions importantes se développent. Après l’entrée en vigueur de l’Accord, notre coopération est élargie.
Ces dernières années, nous avons assisté à des progrès décisifs dans la coopération entre le Kazakhstan et l’UE. En octobre dernier, à l’initiative du Président Kassym-Jomart Tokayev, la première rencontre entre les chefs d’État d’Asie centrale et le Président du Conseil européen a eu lieu. Cette réunion est devenue une étape importante dans le développement des relations entre l’ensemble de la région et l’UE.
Le 2e Forum économique « Union européenne – Asie centrale » s’est tenu à Almaty les 18 et 19 mai dernier, avec la participation du Premier ministre, Alikhan Smaïlov, et du Vice-Président de la Commission européenne pour le commerce et l’économie, Valdis Dombrovskis, et d’autres chefs de délégations des États d’Asie centrale. Les principaux organisateurs de ce Forum étaient le ministère de l’Économie nationale du Kazakhstan, l’UE et l’OCDE.
Au cours de ce Forum, le Gouvernement du Kazakhstan et l’UE ont signé un accord financier, « Mécanisme de coopération UE-Kazakhstan », jusqu’en 2024, qui soutiendra la mise en œuvre de l’APCR dans deux domaines prioritaires : la croissance économique durable et l’État de droit.
Quels secteurs souhaitez-vous développer aujourd’hui afin de réduire les exportations d’hydrocarbures ?
Récemment, nous avons lancé une coopération dans de nouveaux domaines — métaux des terres rares, hydrogène vert, batteries, développement du potentiel de transport et de logistique, et diversification des chaînes d’approvisionnement en matières premières. Ainsi, en octobre de l’année dernière, un accord crucial a été signé avec la société Svevind d’une valeur de 30 à 40 milliards d’euros pour installer des centrales éoliennes et solaires dans l’ouest du Kazakhstan et produire 3 millions de tonnes d’hydrogène vert à partir de 2030.
En novembre 2022, la Présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a signé un mémorandum dans le domaine des métaux des terres rares, qui facilitera la mise en place d’une coopération financière et technologique entre le Kazakhstan et les alliances industrielles de l’UE.
Lors du 1er Sommet Asie centrale – Union européenne, le Président Tokayev a déclaré que le Kazakhstan pouvait offrir plus de 100 types de produits transformés d’une valeur d’environ 1,5 milliard de dollars par an dans des secteurs tels que la construction mécanique, la production de fer et d’acier, la transformation des aliments et l’agriculture.
Le Kazakhstan, 7e producteur mondial de céréales, pourrait également devenir un partenaire stratégique de l’UE dans la réalisation du programme mondial de sécurité alimentaire, y compris concernant l’approvisionnement alimentaire de l’Afghanistan.
Nous sommes intéressés par la mise en œuvre de projets conjoints d’investissement et de technologie avec des partenaires européens dans le secteur agricole du Kazakhstan.
De plus, nous avons de nombreuses possibilités de fournir des matériaux et des éléments critiques. Nous pouvons offrir plus de 60 gisements de métaux précieux et non ferreux pour l’exploration et le développement.
Nous accordons également une attention particulière à la stimulation des investissements dits « verts ». Dans ce contexte, je voudrais mentionner les opportunités du Centre financier international d’Astana (AIFC), qui pourrait servir de plateforme régionale unifiée pour la finance verte. Nous invitons nos partenaires européens et d’Asie centrale à utiliser activement les opportunités de l’AIFC sur toutes les plateformes.
Quels ont été les enjeux économiques de la récente visite du Président Macron au Kazakhstan ?
La première visite officielle du Président français Emmanuel Macron au Kazakhstan a été qualifiée d’« évènement historique » par le Président de la République du Kazakhstan Tokayev.
Notre pays est prêt à apporter un soutien global aux investissements français. Nous voyons un énorme potentiel dans l’exploration pétrolière et gazière, les exportations d’uranium et la réalisation de grands projets éoliens, solaires et hydroélectriques.
La signature de l’Accord entre les gouvernements des deux pays sur le fonctionnement du groupe de l’Agence française de développement (AFD) en République du Kazakhstan permettra au groupe AFD d’assurer la mise en œuvre de la politique définie en promouvant le développement durable conformément aux objectifs de développement économique et social du Kazakhstan.
La France est l’un des principaux partenaires commerciaux du Kazakhstan. Selon les résultats de 2022, le volume des échanges mutuels entre le Kazakhstan et la France a retrouvé les chiffres d’avant la pandémie et s’est élevé à 4 milliards de dollars, avec une augmentation de 35,3 % par rapport à l’année précédente.
La récente visite d’Emmanuel Macron au Kazakhstan a montré des domaines vraiment importants et prioritaires pour nos pays — l’énergie, l’ingénierie, les énergies renouvelables, le transit, l’agriculture, les soins de santé. Ainsi, Total Eren a manifesté son intérêt pour la construction d’un parc éolien dans la région de Jambyl. La société d’ingénierie française Alstom Holdings SA envisage de mettre en œuvre un projet de modernisation du transport ferroviaire de la République du Kazakhstan. En 2023, des investisseurs français ont réalisé le complexe d’assemblage et d’essais d’engins spatiaux à Astana. Les investisseurs français prévoient de mettre en service un réseau de dépôts à Astana d’ici 2026.
Depuis sa création, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s’est imposée dans le domaine de la gouvernance économique mondiale. À cet égard, comment se déroule l’interaction du Kazakhstan avec la procédure de l’OCDE ?
Lors de ma récente visite à Paris en octobre dernier, nous avons rencontré des représentants de l’OCDE pour échanger des points de vue sur le renforcement du partenariat avec elle. À ce jour, le Kazakhstan est membre de 37 organes de travail de l’OCDE et a adhéré à 42 instruments juridiques. L’OCDE a élaboré pour le Kazakhstan 412 recommandations dans le cadre d’un instrument juridique, et le pays en a mis en œuvre 247. Les travaux sur les 165 recommandations restantes sont en cours.
De plus, l’OCDE procède à un examen, par pays, des différents secteurs de l’économie où des réformes sont nécessaires. À ce jour, l’Organisation a mené 28 examens de ce type et formulé 178 recommandations pour éliminer les obstacles qui entravent le développement de notre économie. Pour une interaction plus efficace et pour postuler à l’adhésion à l’OCDE en 2025, un Plan d’action pour 2022-2025 est en place.