Depuis la nomination de Mahamat Saleh Annadif comme Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, des Tchadiens de l’étranger et de la Coopération internationale dans le Gouvernement de Transition, un souffle nouveau est donné à la diplomatie tchadienne. Les intenses activités diplomatiques des premiers mois de 2023 en sont une illustration.
Par Alexandra Taieb
Le dernier évènement diplomatique en date a été la tenue du 6e Sommet extraordinaire du G5 Sahel à N’Djamena le 20 février, pour la redynamisation de cette organisation sous-régionale indispensable dans la lutte contre le terrorisme et pour garantir la sécurité au Sahel. Juste avant cela, le Tchad a été représenté à un haut niveau au 36e Sommet de l’Union africaine les 18 et 19 février à Addis Abeba. À cette occasion, le pays a pu affiner sa coopération avec la Cour pénale internationale par le biais d’échanges directs entre le Président de la Transition et le procureur Karim Khan.
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Ces rendez-vous s’ajoutent à une longue liste d’activités portées ou animées par la diplomatie tchadienne. En effet, le 23 janvier 2023, le Tchad et l’Arabie saoudite ont signé un mémorandum d’accord de coopération dans le domaine de la défense, couvrant la formation et les exercices militaires, le soutien logistique, les services médico-militaires, la sensibilisation à la lutte contre le terrorisme, les activités culturelles et sociales. Zakaria Idriss Déby Itno a été relevé de son poste d’ambassadeur à Riyad, remplacé par l’ancien ambassadeur du Tchad à Paris, Kedellah Younous.
La redynamisation de cette diplomatie bilatérale intervient dans un contexte de refroidissement relatif des relations entre le Tchad et le Qatar, qui a commencé à prendre ses distances avec les dirigeants de la Transition. Néanmoins, Daoussa Idriss Déby Itno a été nommé ambassadeur à Doha.
Le Président de la Transition soudanaise, Abdel Fattah al-Burhane, s’est rendu à N’Djamena le 29 janvier, déplacement suivi d’une visite du Vice-Président soudanais, Mohamed Hamdan Dagalo, dit Hemeti, le 30 janvier. Il a été question d’un renforcement de la force mixte Tchad-Soudan, créée en 2005 pour surveiller la frontière commune d’environ 1 000 kilomètres. La coopération couvre les échanges en matière d’informations et de renseignements, la lutte conjointe contre les conflits communautaires, ainsi que la collaboration judiciaire.
Le ballet diplomatique tchadien s’est poursuivi avec une visite du Président de la Transition, Mahamat Idriss Déby Itno, en Israël à partir du 1er février, et l’ouverture d’une ambassade du Tchad à Tel-Aviv le 2 février à la suite de la reprise des relations diplomatiques entre les deux pays en 2019.
Tant au niveau politique que diplomatique ou dans la société civile, les femmes et les jeunes jouent un rôle central dans le rayonnement et le développement du Tchad, portraits de quelques-uns de ces Tchadiens.
Fatimé Goukouni Weddeye, Ministre des Transports terrestres et de la Sécurité routière
Fatimé Goukouni Weddeye est une jeune femme pleine d’énergie et de motivation. Elle est l’une des plus jeunes filles de l’ancien Président Goukouni Weddeye, à la tête d’un Gouvernement de Transition entre 1979 et 1982. Fatimé Goukouni Weddeye a déjà assumé les fonctions de Directrice générale adjointe de l’Agence nationale des investissements et des exportations (ANIE). Sa récente mission en février au Soudan pour renforcer les échanges intra-africains a révélé une jeune Ministre véritablement compétente.
Amina Priscille Longoh, Ministre du Genre et de la Solidarité nationale
Amina Priscille Longoh a pour mission la conception et la coordination de la mise en œuvre et du suivi de la politique du Président en matière de genre et de solidarité nationale. La promotion de l’équité de genre, la protection de l’enfance, l’inclusion des personnes vivant avec un handicap, l’implication des femmes dans les mécanismes de prévention et de gestion de la paix font partie de la feuille de route du Gouvernement de Transition, car elles résultent des recommandations du Dialogue national inclusif et souverain. Preuve de cette volonté présidentielle, un observatoire de la promotion de l’équité de genre a été créé.
Robertine Walendom, Ministre de l’Industrie et du Commerce
Diplômée en administration et gestion des affaires, Robertine Walendom est une cadre qui vient des milieux de la finance et de l’humanitaire. Calme, mesurée et très pointue dans ses expertises, elle se définit surtout par ses capacités d’analyse des flux financiers et des suivis budgétaires. Robertine Walendom assumait préalablement les fonctions de Secrétaire d’État à la Jeunesse, aux Sports et à la Promotion de l’entrepreneuriat. Déjà, à ce poste, cette fervente catholique avait donné une image de grand commis de l’État, efficace, pondéré et humaniste.
Kitoko Gata Ngoulou, Ambassadrice du Tchad auprès des États-Unis d’Amérique
Jeune femme brillante et en phase avec les grandes problématiques économiques et sociopolitiques actuelles du monde, Kitoko Gata Ngoulou a fait des études approfondies en stratégies internationales après un bachelor en business strategies et un master en management des stratégies internationales en Angleterre. Consultante senior pour de prestigieuses organisations et entreprises comme Gotech, l’Autorité de promotion des investissements de Zanzibar, B&S Holding Group, le Fagace, le groupe californien STMI LLC ou encore Astro Energy, elle a également été régulièrement sollicitée par divers pays africains (Guinée-Bissau, Zanzibar, Libéria) depuis la fin des années 2000. Avant d’être nommée Ambassadrice du Tchad aux USA avec juridiction sur le Mexique, la Banque mondiale et le FMI, Kitoko Gata Ngoulou a soutenu le Tchad au travers de la soft diplomacy depuis une dizaine d’années comme Ambassadrice itinérante à la Présidence de la République.
Dr Yamingué Bétinbaye, universitaire, analyste politique et géostratégique
Jeune cadre très compétent et discret, enseignant la géopolitique, la géostratégie et la géographie économique et politique dans les universités tchadiennes, le Dr Yamingué Bétinbaye est un ancien fellow de LEAD International (Royaume-Uni) et de l’African Climate Change Fellowship Program (ACCFP) porté par START International (USA). Ex-consultant junior de la Banque mondiale, il fut le point focal du Youth, Development & Peace (YDP) Networkpour les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie dans les années 2010. Il est régulièrement sollicité par des institutions de recherche réputées comme l’United States Institute of Peace (USIP) ou l’African Policy Research Institute (APRY).