Gazprom a annoncé le 25 juillet qu’il réduirait drastiquement — à 33 millions de mètres cubes quotidiens — les livraisons de gaz russe à l’Europe via le gazoduc Nord Stream 1. La maintenance d’une turbine Siemens indispensable a été l’argument avancé par le géant gazier russe. Moscou avait déjà réduit en juin à deux reprises le volume de ses livraisons, précisant que le gazoduc ne pouvait fonctionner normalement sans cette turbine, en réparation au Canada, et dont le retour en Russie était impossible du fait des sanctions occidentales liées à l’invasion de l’Ukraine. Le gazoduc Nord Stream a été arrêté fin juillet pour une maintenance de 10 jours.
Ce contenu est réservé aux abonnés
Les pays européens ont inféré que Moscou utilisait comme prétexte un motif technique pour ne pas reprendre ses livraisons. L’Allemagne, principal État lésé par cette situation, a jugé que la décision russe était « politique », et destinée à faire pression dans le contexte du conflit en Ukraine. Volodymyr Zelensky a vivement réagi, estimant que « c’est une guerre gazière ouverte que la Russie mène contre l’Europe unie. Ils se fichent de ce qui arrivera aux gens, de la façon dont ils souffriront : de la faim due au blocage des ports, du froid hivernal et de la pauvreté… ou de l’occupation. Ce ne sont que différentes formes de terreur. » Il a également appelé les dirigeants européens à « riposter ».
En 2021, environ 45 % des importations de gaz naturel de l’Union européenne (UE) provenaient de Russie. La guerre en Ukraine a contraint les Européens de réfléchir aux moyens de s’en affranchir ; ils ont diversifié leurs approvisionnements, se tournant notamment vers les États-Unis, le Qatar ou l’Azerbaïdjan, et un plan, REPowerEU, a été mis en œuvre par la Commission européenne, visant à se passer du gaz russe à horizon 2027.
La dernière annonce de Gazprom incite l’Europe à « réduire sa dépendance dès que possible », estime le Ministre tchèque de l’Énergie, Jozef Síkela, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE. Les 27 États membres, réunis à Bruxelles le 26 juillet, sont parvenus à un accord politique sur une réduction de 15 % de leur consommation de gaz entre le 1er août 2022 et le 31 mars 2023, pour « faire des économies avant l’hiver afin de se préparer à d’éventuelles perturbations de l’approvisionnement en gaz de la Russie ».
Selon Jozef Síkela, cette décision « a clairement montré que les États membres s’opposeront à toute tentative russe de diviser l’UE en utilisant l’approvisionnement énergétique comme une arme. L’adoption de la proposition de réduction de gaz en un temps record a sans aucun doute renforcé [la] sécurité énergétique commune. »