L’autonomisation de la femme et l’assistance aux personnes les plus vulnérables sont au cœur du combat mené par la Première dame, Angeline Ndayishimiye Ndayubaha. C’est toute une vie engagée aux côtés du Président Évariste Ndayishimiye pour faire du Burundi « un pays de lait et de miel », après les années sombres héritées de la guerre civile de 1993.
Par Pius Moulolo
Surnommée « Mama Mugiraneza » (maman bienfaitrice) en raison de ses nombreuses actions en faveur des plus pauvres, Angeline Ndayishimiye s’impose comme l’une des figures les plus médiatisées au Burundi.Chacune de ses apparitions publiques fait parler d’elle.La Première dame fait en effet partie des personnalités dont l’image et l’action sont les plus partagées sur Whatsapp, et elle cumule des milliers de vues sur X. Entre chic et glamour, elle sait porter le style vestimentaire traditionnel avec brio. Derrière cette élégance se cache toutefois une grande dame au grand cœur. Arrivée dans les hautes sphères du pays à la suite de l’élection de son époux, le Président Évariste Ndayishimiye, le 18 juin 2020, Angeline Ndayishimiye a hérité de sa prédécesseure, Denise Bucumi-Nkurunziza, une grande mission, celle d’assurer le suivi des activités de l’Organisation des Premières dames d’Afrique pour le développement (OPDAD), en tant que Présidente de cette institution au niveau du Burundi.
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Née en 1976, Angeline Ndayishimiye est titulaire d’une licence en économie de gestion de l’Université Sagesse d’Afrique, du Burundi. Elle a gravi tous les échelons au sein de la Société burundaise de gestion des entrepôts et d’assistance des avions en escale (Sobugea), d’abord comme gestionnaire de fret en 2005, puis directrice du Département de l’administration et des ressources humaines (2005-2010), et enfin directrice administrative et financière (2012-2018). Elle a par ailleurs occupé le prestigieux poste de directrice administrative et financière d’Air Burundientre 2014 et 2015.
Angeline Ndayishimiye a été fortement impactée par les évènements tragiques qui ont marqué le Burundi à la suite de l’assassinat du Président Melchior Ndadaye le 21 octobre 1993 et du massacre des étudiants de l’Université du Burundi dans la nuit du 11 au 12 juin 1995. Son époux, Évariste Ndayishimiye a été contraint de quitter cette université pour rejoindre les Forces de défense de la démocratie (FDD) en 1995. Il a occupé de hautes fonctions au sein du commandement militaire de ce mouvement. Il a notamment mené des négociations avec le Gouvernement de transition, ayant abouti à la conclusion de l’accord de cessez-le-feu du 16 novembre 2003.
Grande sympathisante du Conseil national pour la défense de la démocratie (CNDD) – FDD, Angeline Ndayishimiye a créé l’association Femmes Intwari en 2017, qui réunit les vétéranes et épouses d’anciens combattants en vue de promouvoir la paix et la démocratie. En juillet 2019, elle a lancé la Fondation Bonne Action Umugiraneza, une organisation philanthropique dédiée à l’autonomisation des personnes vulnérables ainsi qu’à la promotion du progrès dans les secteurs de la santé et de l’éducation au Burundi.
Vaincre les vulnérabilités
Bras séculier de l’action gouvernementale, Angeline Ndayishimiye est une Première dame très active dans de nombreux domaines. Toutefois, l’engagement pour les causes sociales demeure au centre de ses priorités, au travers d’actions qui s’inscrivent dans la droite ligne du Programme national de développement (PND) 2018-2027 et de la Vision d’un Burundi émergent à l’horizon 2040.Installée dans ses nouvelles fonctions dès 2020,elle a noué des partenariats avec des organismes internationaux tels que la Banque mondiale, la BAD, ONU-Femmes, Onusida, l’OMS, l’Unicef et le Programme alimentaire mondial (PAM). Elle a été félicitée pour ses activités concernant l’autonomisation des femmes, l’assistance aux personnes démunies, l’amélioration du bien-être des enfants, des veuves et des handicapés, la sensibilisation sur le Covid-19 et le VIH-sida, et la lutte contre la malnutrition infantile au travers du programme des cantines scolaires.
Bénéficiant de l’appui technique et financier de la Fondation Merck, la Première dame a lancé des projets d’envergure tels que le Centre de fertilité Umugiraneza, tout premier centre de fertilité in-vitro au Burundi, installé dans la polyclinique Umugiraneza de Kibimba. Avec le concours de ses généreux partenaires, elle a aussi permis à 38 enfants souffrant de malformations biologiques congénitales (fente labio-palatine, ectopie testiculaire, hernie inguinale) ont pu bénéficier de soins chirurgicaux à l’étranger, notamment au Children’s Surgical Hospital de l’ONG Emergency en Ouganda ou l’Hôpital San Vincenzopar le biais de l’association Aiutiamo Il Burundi. La Première dame a par ailleurs construit, via la Fondation Bonne Action, le Centre Urumuri de l’Hôpital régional de Gitega, qui prend en charge les femmes souffrant de fistule obstétricale.
Femmes leaders
Lors du Forum de haut niveau des « Femmes leaders » du Burundi qui s’est clôturé à Bujumbura le 20 octobre 2021, ces dernières se sont engagées à « encadrer les femmes rurales en vue de promouvoir leur autonomisation économique effective et conjuguer les efforts afin de contribuer à l’atteinte de la malnutrition zéro d’ici 2025 pour les enfants de moins de 5 ans ». C’est dans ce cadre qu’Angeline Ndayishimiye, qui est par ailleurs présidente de l’OPDAD-Burundi, a procédé au lancement officiel, le 25 janvier 2022, de la plateforme www.umurundizaki.gov.bi, avec l’appui du PNUD. Cet outil permet aux pourvoyeurs d’emplois d’accéder à la connaissance des compétences professionnelles des femmes dans divers domaines. La Première dame a de ce fait invité toutes les Burundaises, de tout âge, vivant au Burundi ou à l’étranger, à faire valoir leurs compétences et talents sur cette plateforme.
Angeline Ndayishimiye a inauguré le 14 février dernier à Bujumbura une nouvelle branche de la Banque d’investissement et de développement pour les femmes, qui sera dénommée « Imfura Agence ». Son objectif principal est d’octroyer des prêts aux femmes et de les accompagner pour que leurs projets soient rentables, génèrent des profits et contribuent ainsi à leur développement personnel et ainsi qu’à celui du pays. La création de cette agence est une étape importante dans l’autonomisation des femmes et le processus devrait s’étendre à l’ensemble des provinces du pays.
L’autre grand défi de la Première dame est la promotion de la paix au Burundi et en Afrique. Elle a notamment été élue vice-présidente de la Mission de Paix des Premières dames d’Afrique (Mipreda) en mai 2022, réaffirmant l’engagement de cette organisation à consolider le processus de paix à travers le continent, tout en précisant que son action ne vise pas seulement l’absence de guerre, mais aussi la lutte contre la faim, la pauvreté, l’analphabétisme et autres défis qui déstabilisent les pays. Cet activisme en faveur des droits des minorités lui a valu d’être lauréate le 12 juillet 2023 du prix spécial des Nations unies pour les populations, pour son œuvre philanthrope infatigable au Burundi.
La polyclinique Umugiraneza
L’inauguration le 8 juin 2022 de la polyclinique Umugiraneza a été célébrée par la Première dame comme étant l’accomplissement d’un rêve longtemps nourri. Œuvre de la Fondation Bonne Action Umugiraneza,cet établissement a été construit avec l’appui de la Fondation Merck. Le projet a débuté en 2019 avec un simple programme d’ophtalmologie. Située à Kibimba, dans la commune de Giheta, province de Gitega, la polyclinique dispose désormais de sept services : urgences, médecine interne, gynéco-obstétrique, ophtalmologie, maternité, pédiatrie et chirurgie. Elle bénéficie ainsi de l’appui technique de l’ONG italienne Emergency, pour la formation des médecins spécialisés.