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Assimi Goïta : l’homme fort du Mali

Le colonel Assimi Goïta, dont laction fut décisive dans le renversement du régime du Président Ibrahim Boubacar Keïta, le 18 août 2020, a également joué un rôle de premier ordre dans le changement politique du 24 mai 2021, ayant conduit à l’éviction du Président Bah NDaw. Aujourdhui Président de la Transition et Chef de lEtat, il entend sortir le Mali du bourbier dans lequel il sest enlisé.

Par Bruno Djito Segbedji

Né en 1983, Assimi Goïta est un officier réputé très rigoureux, et un homme d’État. Il a suivi l’école de formation militaire et présente un parcours d’homme de poigne sur le front de la crise sécuritaire dans son pays, confronté au péril terroriste depuis plusieurs années.

Le colonel Goïta était, depuis le 19 août 2020, président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), la junte militaire qui a renversé, le 18 août 2020, le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), réélu deux ans plus tôt pour un second mandat à la tête de ce vaste pays de l’Afrique de l’Ouest.

Le jeune officier est devenu Chef de l’État du Mali, du 24 août au 25 septembre 2020, puis Vice-Président de la transition, à la suite du quatrième coup d’État de l’histoire du pays. Il est considéré par la plupart des observateurs comme le dirigeant de fait de la nation.

Assimi Goïta, tireur d’élite

De formation militaire, Assimi Goïta est affecté dans le nord du Mali à partir de 2002 ― à Gao, Kidal, Ménaka, Tessalit et Tombouctou ―, et combat contre les terroristes qui arrivent d’Algérie. Il rejoint en 2014 les Forces spéciales, et coordonne l’année suivante les opérations du ministère de la Défense après l’attentat de l’hôtel Radisson Blu de Bamako. Il se forge alors la réputation d’être un Sylvester Stallone malien, ce qui lui vaut une promotion. En 2018, il est nommé à la tête des Forces spéciales et mène des opérations au nord et au centre du Mali, ainsi qu’au Darfour. Il s’aguerrit davantage sur ce théâtre risqué, où il fait montre, selon des hauts gradés, de son endurance, sa combativité et sa détermination à en découdre avec les « ennemis de la paix ».

Fils d’un capitaine de l’armée malienne qui a bénéficié de diverses formations dans les académies militaires du Mali, Assimi Goïta a lui aussi fréquenté le Prytanée militaire de Kati et l’École militaire interarmes de Koulikoro (spécialité armes blindées et cavalerie). Il a reçu également des formations en France, en Allemagne, aux États-Unis ou encore au Gabon, et s’est vu décerner de nombreuses décorations tout au long de sa carrière. Plusieurs de ses frères et sœurs de lait se sont enrôlés, mais il est le plus gradé de la fratrie. Un militaire français, qui l’a beaucoup côtoyé, estime que le jeune colonel Goïta est un homme droit, « un pro qui ne laisse rien passer ». Ce qui colle bien à sa culture minianka, une ethnie de Koutiala (sud du Mali), dont il est originaire.

L’homme, spécialiste des armes lourdes, plutôt timide, a « géré » des théâtres de violences extrémistes et terroristes, d’où son expérience et sa discrétion. Il a ainsi été confronté à l’insurrection djihadiste, contre laquelle il a livré des batailles qualifiées d’héroïques. La dure réalité du terrain a forgé son caractère de « militaire engagé ».

Le jeune officier est, avec Ismaël Wagué, Malick Diaw, Sadio Camara et Modibo Koné, l’un des organisateurs du coup d’État de 2020 contre IBK. Désigné dès le lendemain président du CNSP, il apparut alors comme un héros ayant contraint IBK, fortement contesté par la rue, à quitter le pouvoir.

Le 24 août 2020, l’Acte fondamental adopté par le CNSP faisait de lui de facto le Chef de l’État du Mali. Pour combien de temps ? Un mois ― une période de flottement, de pressions et d’embargo de la communauté sous-régionale ouest-africaine. Il fut désigné Vice-Président de la transition le 21 septembre 2020, et prêta le serment d’investiture le 25.

Surnommé « Asso » par ses intimes, Assimi Goïta, du haut de ses 38 ans, marié et père de trois enfants, garde la réputation d’un « dur à cuir », adepte des défis et apte au commandement. Sur sa biographie, publiée par le CNSP, il était indiqué que son « nouveau challenge » était de « conduire une transition inclusive et apaisée impliquant toutes les forces vives de la Nation ». Ce qui prouve que le meneur du coup d’État ambitionnait de diriger le Mali, jusqu’à l’élection de nouvelles autorités. « Le Mali se trouve dans une situation de crise sociopolitique, sécuritaire. Nous navons plus droit à lerreur. En faisant cette intervention hier, nous avons mis le pays au-dessus », avait-il déclaré lors de sa première sortie officielle, le 19 août, entouré de militaires armés, auteurs de ce énième putsch.

Le premier coup d’Étatadémarré par une mutinerie au camp militaire Soundiata-Keïta de Kati, à 15 km de Bamako, et abouti au renversement d’IBK, au pouvoir depuis 2013. Il est survenu alors que le Mali était embourbé dans une guerre, avec de très nombreuses violences terroristes et interethniques, ajoutées à des tensions entre le Président IBK et l’Armée, dès fin 2019. Une série de combats et d’attaques terroristes contre l’Armée avaient entraîné des milliers de victimes militaires ― dont 49 soldats tués lors de l’attaque d’Indelimane. La réaction d’IBK, qui s’était contenté de quelques déclarations, avait alors été jugée molle par les principaux concernés. La publication à la mi-août d’un rapport de l’ONU accusant de hauts gradés de laxisme, d’exactions et de compromissions ayant entraîné des affrontements et tueries en février 2020 dans le centre exacerba les tensions. De plus, les jeunes soldats recrutés se plaignaient de la corruption à la tête de l’Armée et de la mauvaise gestion de l’armement. D’où l’arrestation de certains hauts gradés durant le coup d’État. S’y ajoutèrent à partir de juin 2020 des manifestations de contestation du pouvoir, menées par le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), à cause de la guerre et des irrégularités lors des élections législatives.

Mutinerie avant le coup d’État contre IBK

Le 18 août 2020 au matin, un groupe de soldats (groupe ultérieurement dénommé CNSP), parmi lesquels le colonel Assimi Goïta, prend possession de la base militaire Soundiata-Keïta de Kati. Dans la journée, le Premier ministre Boubou Cissé demande un dialogue avec les mutins. La mutinerie est menée dans un premier temps par les officiers Malick Diaw et Sadio Camara, rejoints ensuite par Assimi Goïta. Ce groupe de militaires se dirige vers Bamako, acclamé par des manifestants, et arrête le Président IBK, ainsi que le Premier ministre.

Le lendemain, le colonel Assimi Goïta annonce être à la tête de ce comité, peu de temps après avoir fait une annonce télévisée. Il affirme ne pas vouloir du pouvoir, mais rien ne se décide sans qu’il soit consulté. Il procède à des nominations à des postes stratégiques de l’Armée et s’entoure d’un cercle restreint de fidèles qui le conseillent sur les questions juridiques, diplomatiques ou relatives à la communication. Il préside les réunions avec les partenaires internationaux, rencontre des personnalités influentes et est nommé, le 21 septembre, Vice-Président de la transition. C’est le véritable homme fort du pays.

Mais avant, le chef du CNSP a dû batailler dur, avec parfois des échanges houleux avec les dirigeants de la Cedeao sur la tournure qu’avait prise la transition. Le jeune sous-officier, habituellement réservé, a dû se défendre. Il a exposé les conclusions des concertations nationales ayant réuni les Maliens, du 10 au 12 septembre, à Bamako. Une charte et une feuille de route de la transition ont été élaborées. Un diplomate, qui a assisté à certaines rencontres, décrit la tension ambiante : « Assimi Goïta a clairement dit que les putschistes voulaient assurer la présidence de la transition, car il n’y a pas, selon eux, de civils neutres. Ils estiment que tous se sont compromis avec les anciens régimes. » Et d’ajouter avoir également demandé aux chefs d’État de lever les sanctions contre le Mali.

Officier et gouvernant

Pour le représentant de la Cedeao au Mali, le Pr Hamidou Boly, les putschistes sont de jeunes officiers de terrain, novices dans la gestion du pouvoir. Cela laisse présager d’énormes difficultés quand ils devront s’occuper de gouvernance et de diplomatie, et participer à des médiations. Assimi Goïta devrait alors être au four et au moulin, ce qui risque de mettre ses nerfs à fleur de peau !

De retour d’Accra, après des consultations extérieures, le chef putschiste assura que le fait d’avoir été invité par Nana Akufo-Addo et d’avoir pu s’entretenir avec le guinéen Alpha Condé et le burkinabè Roch Marc Christian Kaboré était pour lui une forme de « reconnaissance ». Il fut ainsi confirmé Vice-Président et s’investit dans la nomination des membres du Conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire. Cette prérogative de choisir les 121 membres de cet organe législatif fut vertement critiquée par certains acteurs politiques, mais Assimi s’y mit, ou s’immisça ! Il tiendra bon, jusqu’à l’installation de son ami, le colonel Malick Diaw, au perchoir du Parlement.

Le Vice-Président reçoit les chefs des délégations extérieures et les chancelleries étrangères, discute, se fait conseiller et nomme des personnes à différents emplois, surtout militaires. Il a une influence certaine sur la « grande muette ». Il vient sur le terrain, en appui aux forces de défense et de sécurité, et apporte, en treillis, gilet pare-balle et arme à la main, son soutien moral (comme lors des combats pour faire lever le blocus djihadiste contre la localité de Farabougou, dans la région de Ségou, à 260 km de Bamako). Mais Assimi Goïta ne s’est pas non plus privé de poser des actes significatifs sur le terrain social, avec construction de forages pour l’accès à l’eau et ramassages d’ordures.

Le colonel Goïta est aussi, selon diverses sources, conseiller militaire du Chef de l’État, et l’appuie sur les stratégies de coordination des troupes sur les théâtres d’opération. Il a mis certains de ses voyages à profit pour dynamiser les coopérations militaires. C’est le cas avec le Maroc, car il veut s’inspirer de l’efficacité de l’Armée royale. Ainsi, si Assimi s’y mit, les défis à relever restent cependant très importants.

Bis repetita !

Assimi Goïta a-t-il été un conseiller peu écouté par Bah N’Daw ? L’homme a affirmé, par le biais de son Conseiller spécial, commandant Baba Cissé, que le Président Bah N’Daw n’en faisait qu’à sa tête. Il aurait bloqué ses actions, refusé de lutter contre la corruption, et fini par limoger deux colonels ministres, très proches d’Assimi Goïta et acteurs majeurs du renversement d’IBK : Sadio Camara, le Ministre de la Défense, et Modibo Koné, le Ministre de la Sécurité, désormais patron des renseignements. Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, poussant Assimi Goïta à bouleverser le chemin politique. Le Président Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane (qui avait été reconduit sans prendre l’avis du Vice-Président) ont été militairement contraints à la démission et placés en résidence surveillée. Il y a quelques jours, les autorités maliennes ont levé toutes les mesures restrictives qui leur avaient été imposées.

Crédit photo : © AFP - Michele Cattani

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