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Gabriel Boric Président : un vent d’espérance pour le Chili

La récente élection présidentielle au Chili a marqué une alternance politique majeure qui s’est traduite par le retour de la gauche au pouvoir. Ce renouveau sera incarné par un jeune acteur politique, qui s’est imposé en marge des dirigeants traditionnels en misant sur un programme résolument progressiste et social. Gros plan.

Par Philippe Gortych

« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. » C’est en s’appuyant sur ces célèbres paroles du poète français Corneille que l’on pourrait résumer le parcours politique fulgurant du nouveau Président élu chilien. Né en 1986 sous la présidence d’Augusto Pinochet dans une famille sympathisante des partis socialiste et démocrate-chrétien, Gabriel Boric a été un adolescent à la fibre militante, se servant des murs de sa chambre pour peindre des slogans tels que « soyons réalistes, exigeons l’impossible » ou « la raison fait la force ».

De leader étudiant à président

En 2011, en parallèle de ses études de droit, il s’est beaucoup investi dans le mouvement étudiant qui visait à obtenir la gratuité de l’éducation. À cette époque, il est élu président de la Fédération des étudiants de l’université du Chili. Puis, en 2013, sa maison familiale lui sert de quartier général pour affronter son premier combat législatif, qui lui permet d’obtenir un siège de député à l’âge de seulement 27 ans. En remportant le second tour de la présidentielle en 2021, à quelques jours de Noël, face à son opposant d’extrême droite José Antonio Kast, le chef de file de la coalition Apruebo Dignidad (j’approuve la dignité) ― allant du centre gauche au Parti communiste ― a créé la surprise à plus d’un titre. Âgé de 35 ans, soit l’âge minimal pour être candidat à la présidence, Boric a surclassé son concurrent qui est un nostalgique de la dictature d’Augusto Pinochet, Président du Chili entre 1974 et 1990.

Arrivé pourtant en seconde position au premier tour avec 25,8 % des suffrages contre 27,9 % pour son rival, Boric a contre toute attente considérablement renversé la vapeur dans l’entre-deux tours, qui a duré quatre semaines. Cette remontada s’est traduite par un véritable triomphe du jeune député qui s’est imposé sur le score de 55,9 % contre 44,1 %, soit environ un million de voix d’écart. Le nouveau leader, qui se qualifie lui-même de socialiste modéré, a bénéficié d’une bascule de l’issue du scrutin en particulier grâce au soutien massif des femmes et des jeunes. Cette très large victoire en fait le Président le mieux élu du Chili.

En annonçant sa victoire sur Twitter, Boric a choisi des mots assez forts et symboliques : « L’espoir a battu la peur, merci. » Appartenant à la génération des milléniaux et incarnant une nouvelle lignée d’hommes politiques, il fait ses apparitions publiques en chemise et veste mais sans cravate.Son élection a donné lieu à de véritables scènes de liesse dans les rues, comme l’on peut en observer lorsqu’un pays gagne la Coupe du monde de football. Mais ce qui réjouit le peuple ne fait pas forcément le bonheur du capital puisque, le lendemain matin, la bourse de Santiago a chuté de 6,83 % à l’ouverture. Pour sa part, le dollar a dépassé son plus haut niveau par rapport au peso depuis près de deux ans.

Bâtir une justice sociale

Avant de songer à briguer la présidence et de devenir le candidat de la gauche unie, Gabriel Boric a fortement gagné en notoriété à la suite de la profonde et violente crise sociale qui a embrasé le pays fin 2019, sur fond de déficiences structurelles des systèmes d’éducation, de retraites et de santé qui perpétuent les inégalités sociales.

Ce vent d’insurrection a notamment causé des affrontements mortels, des incendies criminels et des violences policières, forçant les autorités à instaurer l’état d’urgence dans la capitale. Face à la grogne croissante, les Chiliens, un an après ce soulèvement populaire, ont été amenés à se prononcer pour ou contre le projet de rédaction d’une nouvelle Constitution visant à remplacer celle de 1980. Ils ont plébiscité cette initiative à 78 %. S’emparant des revendications de la rue, Boric s’est fait connaître du grand public en jouant un rôle prépondérant dans la campagne du « oui » au référendum pour cette nouvelle Constitution. En juillet 2021, les constituants se sont réunis pour la première fois pour commencer la rédaction d’une nouvelle loi fondamentale visant à créer un État plus juste.

Lors de sa proclamation de candidature à la présidentielle, Boric a déclaré : « Si le Chili a été le berceau du néolibéralisme en Amérique latine, il sera aussi son tombeau. » Contrairement à son rival qui souhaitait baisser encore davantage les dépenses étatiques et diminuer les impôts des entreprises pour stimuler la création d’emplois, le nouveau Chef d’État a l’intention de faire contribuer les plus riches à son programme de réformes en matière de santé, d’éducation et de retraites car ces secteurs, qui ont été entièrement ou partiellement privatisés sous la dictature de Pinochet, sont la source de profondes disparités entre les Chiliens.

Faire bouger les lignes politiques

Gabriel Boric a pour ambition de mettre un terme à l’époque du néolibéralisme dans son pays, et d’accompagner ses concitoyens vers un État-providence qui, dit-il, « paraît assez évident vu d’Europe : garantir que chacun ait les mêmes droits sociaux, quel que soit l’argent qu’il a dans son portefeuille ». Héritier d’une politique ultralibérale jusqu’en 1990, le Chili est aujourd’hui le pays le plus inégalitaire de l’OCDE car 1 % de sa population concentre à elle seule 26 % des richesses.

Au-delà des combats politiques qu’il entend mener en faveur de la justice sociale, Boric a également pour ambition de faire de l’écologie un thème majeur de son mandat, et cela passera par la formation d’un gouvernement écologique. En ce sens, il a d’ailleurs affirmé : « Pour que la reprise économique et la création d’emplois soient durables, nous devons relever le défi inévitable posé par la crise climatique. » Enfin, sur les questions sociétales, il s’est dit favorable à la légalisation de l’avortement ainsi qu’à l’avancée des droits LGBT.

Malgré son très large succès à la présidentielle, Boric ne disposera pas de conditions optimales pour mettre en place son programme lorsqu’il prendra officiellement ses fonctions le 11 mars prochain. D’une part sur le plan politique, car le Parlement est très fragmenté et aucun camp ne dispose de la majorité, ce qui promet déjà d’âpres négociations avec les partis d’opposition. D’autre part sur le plan économique, où il devra composer avec un budget d’austérité 2022 voté par son prédécesseur de droite Sebastian Piñera, mais également faire face à une croissance économique relativement faible (de 2,5 % pour l’année en cours) en raison de l’impact de la crise de la Covid-19.

L’élection de Boric a incontestablement permis de faire bouger les lignes politiques dans un pays peuplé par un peu plus de 19 millions d’habitants, et qui était confiné dans un héritage institutionnel sans avenir. Le premier grand rendez-vous du Président socialiste sera l’organisation d’un référendum visant à approuver le texte de la nouvelle Constitution, qui sera très certainement plébiscitée par une large majorité des Chiliens. Un grand pas en avant qui ouvrira une nouvelle ère de la démocratie chilienne, et qui pourrait inspirer d’autres États.

Crédit photo : © AFP - Javier Torres

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