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Antisémitisme, antisionisme : à gauche toute !

Le 22 juillet, 37 députés français appartenant à la Nupes ont déposé une motion, initiée par le communiste Jean-Paul Lecoq, demandant au Gouvernement de condamner et employer tous moyens, dont le boycott, pour faire cesser « le régime d’apartheid d’Israël à l’égard du peuple palestinien ». Une pierre de plus dans le grand édifice de l’antisémitisme de gauche ?

Par Dimitri Friedman

Imaginons un instant que, toutes affaires cessantes, le groupe de la Nupes, qui se présente comme un futur parti de gouvernement, ait déposé une motion à l’Assemblée nationale condamnant l’occupation du Tibet par la Chine ou le génocide par le même régime communiste de la minorité ouïgour… Imaginons le tollé qui s’en serait suivi, la convocation de l’ambassadeur de France par le ministre des Affaires étrangères chinois, sans parler du désaveu par le Parti communiste français d’une telle motion, solidarité avec le PCC oblige !

Soyons sérieux. Attaquer Israël est plus facile. D’ailleurs, aujourd’hui tout le monde attaque le « Juif des nations », car comme dit la parole populaire, « ça ne mange pas de pain ». Cela peut même rapporter gros en termes électoralistes. On peut ainsi parler dans une motion au Parlement en 2022 en France, au mépris de la réalité sociale de l’État juif où un parti arabe — Ra’am, ou Liste arabe unie — participe à la coalition au pouvoir, de « régime institutionnalisé d’oppression et de domination systématique par un seul groupe racial », sans se couvrir de honte — au contraire. Cette motion attire peu de réactions du côté du personnel politique, hormis peut-être celle du Garde des Sceaux Dupond-Moretti qui a fustigé l’extrême gauche. Car, attention ! nous disent les démocrates de gauche, l’antisionisme n’est pas l’antisémitisme. Et d’ajouter, en général, que l’on peut critiquer la politique de l’État d’Israël sans vouloir pour autant sa disparition.

Certes, mais… la détestation de l’État juif et le refus de l’autodétermination du peuple juif sont, selon la définition de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (International Holocaust Remembrance Alliance, IRHA), une des formes modernes de l’antisémitisme. Et cette définition a été adoptée par plus d’une trentaine d’États dans le monde, dont la France en décembre 2019. Comme le disait déjà en 1967 le philosophe français Vladimir Jankélévitch : « L’antisionisme est une incroyable aubaine, car il nous donne la permission — et même le droit, et même le devoir — d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite. Et si les Juifs étaient eux-mêmes des nazis ? Ce serait merveilleux. »

La détestation d’Israël, nouveau visage de l’universalisme

Comment se fait-il que cette attitude politique revienne régulièrement sur le devant de la scène ? Le panier de ce nouvel antisémitisme est large et englobe des courants, partis, groupes d’opinion et de pression, associations variées et souvent incompatibles entre elles sur d’autres sujets, comme la défense de la cause LGBTQ+ ou la laïcité. Il ne se cantonne pas à un seul pays, une seule région, et se développe partout dans le monde. Et, nouveauté, il a basculé de l’extrême droite — sans toutefois cesser d’en être un point cardinal — à la gauche et à l’extrême gauche.

L’antisémitisme de gauche, issu du XIXe siècle, n’est pas nouveau. Il est même cousin germain de bien des révolutions, les Juifs étant perçus comme des serviteurs du pouvoir dans l’asservissement des masses. Effet Rothschild ou (Jacques) Attali dont le Président Macron subit lui-même la stigmatisation. Pour ne citer que le plus célèbre théoricien de l’éradication du capitalisme, Karl Marx, issu d’une famille de rabbins, fils d’un père converti au protestantisme : « Il y a un Juif derrière chaque tyran, tout comme il y a un jésuite derrière chaque pape. En réalité, les espoirs des oppresseurs seraient vains et la guerre pratiquement impossible s’il ne se trouvait pas quelque jésuite pour endormir les consciences et quelque Juif pour faire les poches. » Magnifique caution dans le camp de l’extrême gauche quand un Juif, et non des moindres, souligne la supposée volonté de domination qui serait inhérente à ce peuple !

Mais il faudrait ajouter à ce florilège les petites phrases d’autres socialistes brandissant des brûlots dans le même genre. Proudhon, Fourier, Blanqui : beaucoup d’idéologues de gauche versèrent peu ou prou dans l’antisémitisme. Au siècle suivant, des hommes de gauche — Déat, Doriot — se rangèrent sous la bannière de Vichy. Cette idéologie s’est instillée comme un poison dans l’opinion publique de gauche et une partie de l’opinion démocrate, en dépit de la mobilisation de ces mêmes familles politiques contre l’antisémitisme de droite à des moments-clés de l’histoire. Comme l’ont démontré beaucoup d’historiens, dont Pierre-André Taguieff (La Nouvelle Judéophobie, éditions Mille et une nuits, 2002), la mise à l’index d’Israël a remplacé celle du Juif capitaliste dans la lutte des classes.

Le désamour

Il y a comme une forme de désamour entre, d’un côté, la gauche, l’extrême gauche, la Révolution, une partie des démocrates, et de l’autre, les Juifs. Pour faire court, de Trotski à Krasucki, beaucoup de Juifs ont soutenu la Révolution, avant de s’en séparer voire de basculer à droite. Bien des Juifs européens et américains ont cru, en faisant le grand écart entre leur condition et leurs penchants politiques, pouvoir continuer à être une composante de la gauche, à l’époque où Yitzhak Rabin et Shimon Peres lançaient le dialogue avec Yasser Arafat, au milieu des années 1990. Mais avec l’échec du processus d’Oslo, la plupart d’entre eux ont été sommés de montrer patte blanche en condamnant la politique de l’État d’Israël, ou de dégager. Cela ressemblait pour le moins à une forme fâcheuse d’autocritique rappelant l’époque triomphante du communisme et de ses anathèmes. Fin de la parenthèse où les Juifs représentaient l’image même des opprimés. Entretemps, dans l’imaginaire de la gauche radicale, en un spectaculaire renversement des symboles, en dépit du terrorisme, le Palestinien, l’Arabe ont remplacé le Juif apatride.

Pour l’historien Georges Bensoussan, directeur en 2002 du livre collectif Les Territoires perdus de la République, « l’antisémitisme prend des visages changeants, il épouse le langage d’une époque ». Pour l’antisémite, Israël et le « lobby juif » sont les deux faces d’une même médaille.Ainsi, en Europe, les groupes de gauche, soutenus et parfois noyautés par l’islamisme et sa judéophobie viscérale importée, se font les chantres d’un axiome simple : après la Shoah, les Juifs auraient dû se dissoudre dans l’européanisme par une lente assimilation, et la présence juive en Palestine n’exister a minima que comme n’importe quelle minorité dans un pays musulman. On sait ce qu’il advient des minorités dans ces pays. L’assimilation en Occident et la disparition d’Israël en tant qu’État juif en Orient seraient l’achèvement d’une anomalie bimillénaire, celle de l’existence d’un peuple juif dans le monde et sur sa terre, dont les membres ne se percevraient plus comme tels. Comme disait Sartre en 1947 dans Réflexions sur la question juive, « on peut déceler chez le démocrate le plus libéral une nuance d’antisémitisme ; il est hostile au Juif dans la mesure où le Juif s’avise de se penser comme Juif ».

De cette manière perverse, la boucle de la convergence entre les deux anti (sémitisme et sionisme) se referme sur les Juifs comme les mâchoires d’un nouveau Moloch, pour le moment moins sauvage que les camps d’extermination ou le goulag, mais aussi avide d’effacement. Une tenaille mise en place par la rapprochement de mouvements comme la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), la social-démocratie made in Corbyn, la France insoumise, les cercles universitaires, la gauche radicale internationale et les médias, ainsi que, en embuscade, le Hezbollah, le Hamas et l’Iran, ne laissant aux Juifs que deux solutions : courber l’échine ou, à terme, émigrer.

Crédit photo : © Shutterstock - DIY13

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