Rayonnement diplomatique: un engagement présidentiel
Sous l’impulsion du Président de la République, la RDC retrouve progressivement sa place dans le concert des nations, et sa prééminence sur la scène diplomatique africaine.
Par Stanislas Gaissudens © Didier Malongo-Anta Ntina - Présidence de la République

Fin décembre 2019, alors qu’il était questionné par le magazine Jeune Afrique sur la trace qu’il souhaitait laisser dans l’histoire, Félix Tshisekedi expliquait qu’il aimerait être celui ayant « ramené le Congo à sa juste place, celle du pays le plus puissant d’Afrique ». Depuis le début de son mandat, il n’a cessé d’œuvrer à renforcer les relations diplomatiques de la RDC avec les puissances internationales d’une part, et ses voisins africains d’autre part.
Renouer des liens
Dès le début de son mandat, Félix Tshisekedi a réussi à retisser des liens qui s’étaient progressivement distendus avec des partenaires historiques. À titre d’exemple, les relations avec la Belgique se sont normalisées en mai 2019, après deux ans de tensions. En avril 2017, l’ancien Président Joseph Kabila avait annoncé la suspension de sa coopération militaire avec Bruxelles. En janvier 2018, la RDC avait fermé à Kinshasa la Maison Schengen, que gérait Bruxelles, et mis fin aux activités de l’agence belge de développement Enabel. La fréquence des vols de Brussels Airlines entre les deux pays avait été drastiquement réduite. Le Président congolais a donc tout fait pour renouer les liens avec ce pays dans lequel il a passé « plus de la moitié de [sa] vie », et qu’il nomme « [son] autre Congo », comme il le déclarait lors de sa visite en Belgique en septembre 2019.
Les relations avec la France sont également au beau fixe. Le Ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a effectué le 20 mai 2019 une visite à Kinshasa, durant laquelle un nouveau partenariat a été initié entre les deux pays, prévoyant que la France verse 300 millions d’euros au titre de la coopération. Ce partenariat a été consolidé quelques mois plus tard, lors de la visite du Président Tshisekedi à Paris (du 11 au 13 novembre 2019), avec la signature d’un contrat de désendettement et de développement pour un montant de 65 millions d’euros. Par ailleurs, une feuille de route franco-congolaise pour la lutte contre l’épidémie Ebola a été adoptée, avec une contribution française de 71 millions d’euros. L’Hexagone a également annoncé son appui à l’organisation par la RDC des Jeux de la Francophonie (en juillet prochain), et un soutien de 15 millions d’euros dédié à la protection des savanes et des forêts.
La RDC cultive également une relation de longue date avec les États-Unis, qui ont œuvré à renforcer la stabilité et la démocratie dans le pays. Washington, qui est le plus grand donateur de la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (Monusco), a missionné un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs. Fin octobre 2020, le gouvernement américain a annoncé l’octroi de 6 millions de dollars de plus pour le financement de programmes de destruction d’armes conventionnelles et de gestion des stocks d’armes en RDC. Depuis 2002, Washington a déboursé plus de 36 millions de dollars à cet effet.
Sur le plan économique, les États-Unis importent principalement du pétrole de RDC et les deux pays ont signé un traité d’investissement bilatéral. Les Américains cherchent à reprendre pied en Afrique, et alors qu’un accord-cadre d’investissement et de commerce a été signé avec le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa) en 2001, Kinshasa constitue un partenaire de premier ordre. Les échanges sont également fertiles dans le domaine de la santé. En avril 2019, les deux gouvernements ont établi le Partenariat privilégié pour la paix et la prospérité (#PP4PP), s’appuyant sur le « concept de sécurité sanitaire mondiale et la conviction selon laquelle la RDC doit avoir la capacité de prévenir, de détecter et de réagir aux maladies infectieuses à la source », selon Mike Hammer, ambassadeur des États-Unis auprès de la RDC.
Des partenaires africains
Le rôle d’État pivot du plus grand pays d’Afrique subsaharienne se renforce. Et cela passe en premier lieu par le réchauffement des relations avec les nations frontalières. Avec le Rwanda, la communication a pu être compliquée dans le passé. Félix Tshisekedi, au caractère avenant, a su renouer le dialogue. Le 25 mars 2019, il visitait le mémorial du génocide des Tutsis, en marge de sa visite au Rwanda, une première pour un Président congolais, et un geste symbolique fort. Début mai de la même année, il a reçu à Kinshasa le général Patrick Nyamvumba, chef de l’armée rwandaise. Ce dernier a salué à cette occasion les « efforts de l’armée congolaise et la coopération » entre les deux pays. La bonne entente des forces militaires est primordiale pour mettre fin aux agissements des groupes armés présents à la frontière rwandaise, dans l’est, et qui sont source de tensions diplomatiques entre Kinshasa et Kigali.
Ces deux dernières années, la RDC a axé son action diplomatique africaine sur l’apaisement et la conciliation. L’objectif, alors que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) est entrée en vigueur le 1er janvier 2020, est de réduire les obstacles à la libre circulation des biens et des personnes. La RDC, dont le Chef de l’État assure cette année la présidence de l’Union africaine, entend jouer son rôle. Avec le Kenya, par exemple, la possibilité d’assouplir les conditions d’obtention de visas a été évoquée en septembre, lors d’une rencontre entre l’ambassadeur du Kenya en RDC et la Ministre congolaise des Affaires étrangères Marie Tumba Nzeza. Ces derniers mois, celle-ci a multiplié les visites. Début octobre, elle était à Bujumbura (Burundi) afin d’apporter un message d’amitié de la part du Président Tshisekedi. Quelques jours plus tard, elle recevait à Kinshasa le Ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville, Jean-Claude Gakosso. Alors que la construction d’un pont sur le fleuve Congo est plus que jamais d’actualité, les relations entre les pays frères sont excellentes.
Au-delà de ses frontières directes, la RDC cherche également à s’assurer de nouveaux partenariats, comme avec l’Afrique du Sud. Depuis la signature d’un accord de coopération bilatéral en 2004, 11 sessions de grandes commissions mixtes ont eu lieu, 2 visites d’État et 3 visites de travail ont été organisées, 37 protocoles d’accords gouvernementaux ont été conclus, 1 traité et plusieurs accords institutionnels techniques ont été signés, rapporte le ministère des Affaires étrangères congolais. Néanmoins, la grande majorité des projets n’a pas encore été réalisée, comme le rappelait Marie Tumba Nzeza le 11 novembre. Ce constat vaut également pour de nombreux projets coopératifs sur le continent. Il faut aujourd’hui passer de la parole aux actes.