Covid-19 : Israël, mètre-étalon de la vaccination
PAR CLÉMENT AIRAULT © AFP - JACK GUEZ

Dans un monde frappé par un virus, contre lequel le port du masque était il y a peu encore le seul rempart, Israël fait figure de précurseur.
Ce pays a lancé une campagne de vaccination nationale le 19 décembre 2020, soit près de dix jours avant la France. Il a commencé par traiter les professionnels de santé, puis les personnes les plus vulnérables, notamment celles âgées et malades. La vaccination s’est depuis étendue aux plus de 40 ans ainsi qu’aux adolescents de 16 à 18 ans.
Au 30 janvier, selon « Les Décodeurs » du journal Le Monde, 34,74 % de la population avait été vaccinée, soit plus de 3 millions de personnes, ce qui représente le taux le plus élevé au monde ; près de 20 % des Israéliens avaient reçu leur 2e injection.
Israël a réussi un véritable tour de force car fin juillet, il ne figurait pas parmi les bons élèves. Il comptait le 5e taux le plus élevé de contaminations par rapport à sa population, dépassant même les États-Unis, selon des données compilées par Our World in Data, une publication en ligne sous l’autorité de l’université britannique d’Oxford. Le pays enregistrait alors plus de 210 contaminations pour un million d’habitants, un chiffre très élevé.
Quelles sont les raisons de ce retournement de situation ? Tout d’abord, la campagne de vaccination fut efficace, car elle a pu s’appuyer sur un système de couverture universelle publique de santé performant. Cette dernière se structure autour de quatre caisses d’assurance maladie (Clalit, Maccabi, Meuhedet et Leumit), qui ont très rapidement ouvert des centres de vaccination, permettant de vacciner chaque jour 2% de la population. Israël est certes un petit pays, mais s’il vaccine vite et bien, c’est aussi parce qu’il n’a eu aucune difficulté à obtenir un nombre important de doses, du fait des contrats signés avec les laboratoires Pfizer et Moderna (14 millions de doses ont été commandées).
Les accords avec ces laboratoires prévoyaient que le gouvernement israélien fournisse rapidement des données sur les effets de la vaccination à grande échelle. Israël a accepté d’être un terrain d’évaluation. Les premiers résultats, après une étude menée sur 163 000 personnes, ont été scrutés par les spécialistes du monde entier. Ils ont fait état d’une efficacité de 92 % du vaccin Pfizer. La baisse des contaminations est plus importante encore après l’inoculation de la 2e dose.
Benyamin Netanyahou semble avoir réussi son pari. La question était hautement politique. En effet, le Premier ministre a été critiqué sur sa gestion de la crise sanitaire à ses débuts, et alors que des élections législatives auront lieu en mars, il se devait de redorer son image.
Israël envisagerait la mise en place d’un « passeport vert » permettant aux personnes vaccinées de voyager plus librement. Toutefois, le confinement a été prolongé début février, à la suite d’une hausse des contaminations sur le territoire. Alors que de nouveaux variants du virus sont découverts, plus résistants aux vaccins, Israël redoute un rebond de la pandémie sur son sol.